Ignacio Prego Architectures a livré en septembre 2021 à Palaiseau (Essonne), sur le plateau de Saclay, un IPHE, c’est-à-dire un « Incubateur, pépinière et hôtel d’entreprise » de 6 400m², pour un coût de 18,07 M € un ensemble destiné à devenir un lieu emblématique de l’entrepreneuriat et de l’innovation à Paris-Saclay. Communiqué.
Le monde du travail est sans cesse en mouvement, cet état de fait interroge l’avenir de l’espace même de travail. Comment concevoir un immeuble qui incarne l’innovation et la transformation du monde du travail en abritant des pratiques qu’on ne connaît pas encore ?
Sans prendre le parti de deviner ce que sera le travail de demain, il s’agit ici d’un bâtiment qui saura accueillir : un bâtiment flexible, malléable, capable d’évoluer au gré des besoins. L’exercice consiste donc à composer une « architecture indéterminée » ; une architecture qui aujourd’hui accueille des bureaux et qui demain saura se transformer en conservant son identité propre.
« Avec l’IPHE nous prenons le parti de symboliser l’innovation en incarnant la flexibilité, la réversibilité et l’unité », souligne Ignacio Prego.
Héberger l’innovation
Le programme de l’IPHE consiste en l’hébergement de start-ups aux différents stades de leur développement économique afin de soutenir la dynamique entrepreneuriale de Paris-Saclay : l’incubation, la pépinière puis l’hôtel d’entreprise. Il s’adresse donc à un public diversifié composé d’étudiants, d’ingénieurs et d’entrepreneurs, un véritable concentré de « start-up nation ».
Pour cette réponse aux « nécessités du moment », l’IPHE comporte bien quelque chose de « générique ». L’entrepreneur et l’inventeur qui occupaient jadis un atelier, un garage ou un laboratoire, s’installent aujourd’hui la plupart du temps devant un ordinateur portable avec des besoins fonctionnels qui ne sont guère éloignés de ceux d’un employé de bureau : un espace clos et confortable, de la lumière naturelle, une bonne connexion internet.
En complément, les besoins portent sur le prototypage numérique, la découpe laser de grande précision et les outils audiovisuels de pointe. Néanmoins, les pratiques évoluent vite dans des directions inconnues et par nature non prédictibles (sinon plus d’innovation !) Cet état de fait interroge donc la notion même de l’espace de travail.
Une architecture perdure par la permanence d’une structure, par la plasticité d’une distribution et par la précision des assemblages mis en œuvre. Malgré la multiplicité des programmes que l’IPHE accueille aujourd’hui (laboratoires et espaces de prototypage, lieux d’échanges et de conférence, espaces de travail modulables), le bâtiment doit maintenir une unité, une cohérence et une rationalité d’ensemble.
« Avec l’IPHE nous prenons le parti de symboliser l’innovation en incarnant la flexibilité, la réversibilité et l’unité », poursuit Ignacio Prego.
Adaptabilité et flexibilité
L’opération se compose d’un socle sur deux niveaux ouverts au public composé d’espaces de co-working, de restauration, de démonstration, et de prototypage. Agissant comme une véritable « agora », ces espaces sont conçus comme des lieux de rencontre et de créativité. Les niveaux supérieurs (R+2 au R+6) se déploient sous forme de grands plateaux libres et modulables.
Ils abritent les espaces de travail : incubateur, pépinière et hôtel d’entreprise, comme autant d’étapes dans la maturation des entreprises. En toiture, une vaste terrasse végétalisée offre aux utilisateurs un panorama sur le plateau de Saclay. Un parc de stationnement sur deux niveaux de sous-sol vient compléter les usages du bâtiment.
Le socle, lieu de vie du bâtiment s’inscrit sur rue et cour en double hauteur, avec des mezzanines en balcon sur les zones actives pour manifester le dynamisme des activités qui s’y développent. Ce socle très largement vitré, rythmé par les éléments structurels puissants, affirme donc par sa grande hauteur l’importance de la relation avec l’espace urbain.
Ce dispositif architectural permet de libérer les continuités des usages et les transparences visuelles vers la luminosité du cœur d’îlot paysager. Il s’agit ici d’exprimer la dimension publique de ce socle urbain en installant une vaste halle au cœur même du projet.
Dans les niveaux supérieurs, les espaces de travail sont distribués par un noyau central regroupant l’ensemble des fluides et des circulations du bâtiment. Ce noyau permet de dégager de grandes surfaces capables, plateaux libres de toute contrainte. Il permet également d’implanter la totalité des postes de travail en premier jour, car la première qualité d’un bureau est celle de disposer d’une large fenêtre ouvrant sur l’extérieur.
Le choix du principe structurel poteaux-dalles en béton armé repose sur la recherche d’une plus grande flexibilité : réduire au minimum les encombrements structurels pour proposer des espaces évolutifs, telles de vastes plateformes sur lesquelles des cloisonnements légers, opaques, vitrés ou textiles, offriront une adaptabilité totale des espaces.
L’espace y est traité de manière fluide, avec une dilatation des volumes et une lumière naturelle généreuse. C’est dans le choix du dispositif structurel que réside le potentiel évolutif d’un projet, sa capacité à laisser ouvert les possibles présents et à venir et autoriser la permanente reconfiguration de ses usages fonctionnels.
Enfin, la superposition des programmes est un enjeu fondamental du projet, qui trouve ici une des clés de sa résolution dans la définition d’une trame structurelle continue et rigoureuse.