A Toulouse (Haute-Garonne), le «Marché Parking» Victor Hugo, construit par l’architecte Pierre Laffitte à la fin des années 50’, est situé à proximité de la place Wilson, non loin de la place du Capitole et avantageusement implanté par rapport aux nombreux commerces de la rue Alsace Lorraine. La rénovation et extension de TAA (Taillandier Architectes Associés), livrée en février 2019, lui redonne son lustre d’antan, avec le lustre d’aujourd’hui. Communiqué.
La place du Marché au bois, un lieu dédié à l’origine à un marché au bois et fourrage avant de devenir une brocante, prend le nom de Victor Hugo en 1886. En 1892, les marchés métalliques Victor Hugo, Les Carmes et Saint-Cyprien sont ouverts et forment ainsi un réseau à hauteur de la ville. Moderne et fonctionnel, Victor Hugo est le plus grand.
En 1959, la halle Baltard est remplacée par un marché résolument contemporain, premier «marché-parking», premier parc de stationnement payant et plus grand marché couvert de la ville. Il est conçu par l’architecte toulousain Pierre Laffitte, associé à l’agence d’architecture Génard.
L’édifice se rattache au mouvement moderne, à la fois de par son écriture architecturale et de son rapport à la ville. Sorte d’îlot-machine, conçu pour abriter les voitures, il met en scène leur ascension dans ses étages et leur stationnement au travers de ses façades dentelées, qui viennent répondre au rythme des fenêtres et balcons avoisinants. Le photographe Dieuzaide, fera des clichés de ce projet qui peuvent être comparées à des toiles de Vasarely.
Ce projet (10 000m², 1,8M€) s’inscrit dans un vaste plan de ville mené depuis 2010 par l’urbaniste et architecte catalan Joan Busquets qui a retravaillé les avoisinants. Le programme initial prévoyait une mise à niveau du marché avec la place et une ouverture de la façade, aujourd’hui close, rendant celui-ci introverti.
Si la fonction première du bâtiment semble d’abriter un parking, son rez-de-chaussée, qui abrite le marché Victor Hugo, réputé internationalement, est le cœur d’un quartier de bouche. Ce qui rythme la place Victor Hugo, c’est bien la temporalité du marché, le parking voyant sa fréquentation fluctuer dans la journée.
Les deux programmes juxtaposés Marché et Parking impliquent un flux important qui pèse sur le tissu urbain dense. Le projet de Joan Busquets propose une homogénéité des sols à l’échelle de la ville et rend sa place aux piétons pour rendre l’espace plus dynamique et plus vivant.
L’intervention de TAA sur le bâtiment a été de travailler sur les circulations verticales des piétons qui ont souffert des diverses additions. Initialement amples et en balcon sur la ville, elles sont aujourd’hui étriquées et peu pratiques. «Nous avons voulu à la fois retrouver le projet initial de Laffitte, tout en le rendant compatible aux normes PMR actuelle», explique Pierre-Louis Taillandier.
Pour retrouver le concept initial de Lafitte, le projet intègre l’ascenseur dans le volume du bâtiment greffé latéralement à la fin du XXe siècle. Combinée à la reprise de l’escalier, cette démarche permet de rendre une visibilité à l’accès, grâce à une large faille. La circulation se matérialise par un voile béton préfabriqué peint en blanc, à l’identique du parking, qui renoue avec la simplicité et la plasticité du projet originel.
La large faille qui accompagne l’escalier est composée de brise-vues horizontaux qui font écho aux brise-vues verticaux d’origine des rampes d’accès des voitures. Cette disposition esthétique en claire-voie permet un rétro éclairage de nuit qui marque l’entrée du parc de stationnement.
Pour la voiture, le système de rampe en double hélice, respectivement montante et descendante, se révélait difficile à appréhender, passer d’un étage à l’autre n’étant pas intuitif. L’ensemble des dispositifs ont permis de revoir le plan de stationnement en le rationnalisant pour des emplacements correspondant aux véhicules actuels, le nombre de places passant ainsi de 670 à 419. Cette mise en œuvre s’est accompagnée de la démolition de l’accès sud, reconstruit au droit du pignon, et de l’inversion du sens d’accès des rampes sur la place.