
Pour la 18ème édition de la biennale de Venise, du 20 mai au 26 novembre 2023, découverte de ‘Down to earth’, une exposition intersidérale au pavillon du Luxembourg. Communiqué.
De l’établissement de colonies sur la Lune à l’exploitation de minerais et autres métaux rares sur les astéroïdes, les imaginaires débridés d’une croissance fondée sur l’extraction ont littéralement transcendé les frontières de la Terre.
Cette délocalisation de l’exploitation des ressources d’une planète Terre épuisée vers ses coulisses « invisibles » corps célestes, planètes et, finalement, la Lune elle-même appelle à une réflexion urgente sur l’impact que pourrait avoir un tel changement sur notre manière d’appréhender les notions de territoire, de ressources et de biens communs.
Down to Earth propose une analyse critique du projet de ‘space mining’, à savoir de l’exploitation minière de l’espace, et cela à travers le prisme des ressources, sur laquelle se fondent les interrogations suivantes : de quelle manière cette nouvelle itération de la course à l’espace, drapée dans les promesses utopiques d’une disponibilité infinie de ressources, émerge-t-elle de la logique extractiviste du capitalisme et de ses effets environnementaux et sociaux destructeurs ?
Comment la privatisation en cours de l’espace, qui voit les entreprises privées brusquement devenir les principaux acteurs de l’exploitation des ressources spatiales, affectera-t-elle le statut actuel des corps extraterrestres considérés comme « biens communs planétaires » ? Quelles sont les matérialités de l’exploitation minière spatiale – sa logistique, ses infrastructures et ses travailleurs – et leurs relations avec les structures des pouvoirs géopolitiques en place ?
Enfin, comment les architectes peuvent-ils engager une médiation critique autour des ramifications de ces fictions matérielles, ancrées dans les paradigmes de croissance actuels ?

Conçus comme des maquettes à échelle réelle du paysage lunaire, les ‘lunar laboratories’ (littéralement « laboratoires lunaires ») sont devenus au cours des dernières années un élément infrastructurel par défaut utilisé par de nombreuses institutions et entreprises privées à travers le monde afin de tester différentes technologies d’extraction minière.
Les économies spéculatives telles que celle de l’industrie minière spatiale reposant largement sur la mise en scène de récits liés aux solutions technologiques et aux ressources, il apparait manifeste que ces ‘lunar laboratories’ ne constituent pas uniquement des espaces d’expérimentation scientifique mais sont également le lieu de la fabrication médiatique de l’imagerie des technologies humaines sur la Lune.
L’exposition Down to Earth utilise dès lors l’archétype du ‘lunar laboratory’ afin de questionner les récits autour de l’exploitation des corps célestes. En transformant l’espace du pavillon lui-même en laboratoire lunaire – comme scène où se déroule la « performance » de l’extraction, Down to Earth s’emploie à révéler les coulisses, les implications invisibles du projet d’exploitation minière spatiale, proposant ainsi un regard différent sur la Lune afin de dépasser la perspective anthropocène actuelle.
Curatrices : Francelle Cane et Marija Marić
Francelle Cane est architecte, diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles – ENSAV (FR) (2018) et doctorante à l’Université du Luxembourg depuis 2021
Marija Marić est titulaire d’un doctorat en sciences du Département d’architecture de l’ETH Zurich (2020) et de deux masters : un Master of Arts, Department for New Art Media, Academy of Arts, University of Novi Sad (RS) et un Master en architecture, Faculté des sciences techniques, Novi Sad (RS).