À Saint-Barthélemy-de-Séchilienne (Isère), Atelier PNG a rassemblé sur un même site des usages techniques, administratifs, éducatifs et culturels, l’aménagement proposant aux habitants une place de plus, des usages contrastés et une nouvelle centralité. Communiqué.
Dans un contexte vernaculaire très préservé, le projet conçu par Atelier PNG (Pedro Petit, Nicolas Debicki, Grichka Martinetti) proposé d’aménager et de travailler la pente, afin de construire trois équipements de plus, fabriqués et pensés comme une continuité. Les toits sont pentés et les faîtages sont orientés, les pignons sont ouverts pour sécher et ventiler, ouvertures et couvertures cherchent le soleil.
Plus précisément, le programme commandait la rénovation de la mairie et la construction de garages et ateliers communaux, d’une bibliothèque, d’un restaurant scolaire et salle socio-culturelle (507 m² de construction neuve, 143 m² de réhabilitation, 7 600 m² d’espaces extérieurs – 1,9 M€ HT).
Pour abriter les nouveaux usages, le projet propose une déclinaison constructive. Des blocs utiles maçonnés dans les angles fabriquent le socle et délimitent les espaces. Trois hautes couvertures posées sur ces rehausses, dialoguent avec ce village de toits. Les pignons laissent entrer l’air et la lumière, les tympans deviennent tampon et vitrail.
La parcelle
La parcelle proposée pour la construction des nouveaux équipements publics est un délaissé de l’agriculture, traversée par un des affluents de la Romanche, sur laquelle subsiste une petite construction, une ancienne clouterie.
Un programme multiple
Sur une parcelle autrefois pâturage, le projet se compose de la mairie existante de Saint-Barthélemy-de-Séchilienne réhabilitée, et de trois bâtiments neufs pour accueillir les ateliers-garages, un restaurant scolaire, une bibliothèque communale, une salle socio‑culturelle.
Une implantation de montagne
L’ensemble construit neuf suit les logiques constructives du village : faîtage perpendiculaire à la pente, entrées protégées, équilibre entre déblais et remblais. Il ne s’agit pas ici de mimétisme mais de règles dictées par le ruissellement, la neige, la pente.
Les trois bâtiments neufs travaillent avec l’histoire du lieu et une figure archétypale : le pignon ouvert. Chaque bâtiment est fabriqué avec des blocs maçonnés servants et des vides pour les usages.
Chacun ménage une séquence d’entrée, liée au climat parfois rude du site mais également au plaisir de la séquence et de la découverte des lieux.
Les bâtiments neufs dialoguent avec le vernaculaire de Saint-Barthélemy-de-Séchilienne : les murs maçonnés deviennent béton banché, les lauzes sont fabriquées en aluminium plié. Si l’extérieur tend à entrer en résonance, l’intérieur cherche l’abstraction et la vue.
Si de l’extérieur, ces nouveaux bâtiments se ressemblent, de l’intérieur, ils se distinguent par leurs matérialités.
Deux espaces publics
La nouvelle place permet d’imaginer une interaction entre la mairie et les espaces culturels : un ensemble pour la vie communale, réunions publiques, festivités, mariages.
Le reste de la parcelle recevra quant à lui des usages mixtes : un espace libre de jeux, un théâtre de verdure, des jardins partagés, un verger. Ces espaces mutualisés entre habitants et école font la part belle à la polyvalence et à la modularité, un travail dans le sens de la chronotopie actuelle des espaces publics.
Travail du motif
« Pour lier l’intérieur et l’extérieur, pour travailler la proximité ou l’abstraction, nous avons proposé de retrouver le motif de losange des toitures, dans différents états et matières dans le projet : tantôt trace figée du coulage, tantôt lauze aluminium, tantôt structure et fenêtre, tantôt plafond », explique PNG.
« Cette idée du motif répété, retrouvé à plusieurs échelles donne de la qualité et une forme de préciosité à des matières brutes. Elle nous est tout autant inspirée des constructions traditionnelles japonaises que de la résidence Oak Park de Franck Lloyd Wright dont la salle de jeux préfigure le thème des ‘textile block houses’ », souligne l’agence.
Un contexte opérationnel
L’opération fait partie d’un large plan de reconstruction de la commune, lancé dans les années 1980. Un tiers du village a fait l’objet d’une expropriation et d’une démolition générale, par principe de précaution, car exposé au risque d’éboulement des Ruines de Séchilienne.
Saint-Barthélemy-de-Séchilienne est ainsi le plus vieux site instrumenté et surveillé 24h/24 en France. Ce projet est par ailleurs la première mesure concrète du Plan Barnier. L’État, la Région, le Département ont ainsi beaucoup participé à la planification et au financement de la reconstruction des services publics dans le village.