Dans le XVIIe arrondissement de Paris, le programme de la SMAVIP maître d’ouvrage était tout un poème : zones de remises et ateliers de réparation poids-lourds, locaux administratifs, casernement pompiers (chambres partagées, locaux communs), terrain de football et tribune de 300 places. Pour un montant des travaux de 23.5 M€ HT et sur 25 700m² SHOB, Bruno Mader est parvenu à le mettre en vers. Communiqué.
Le contexte
Dans le cadre du projet urbain de la Porte Pouchet, la Ville de Paris a décidé de déplacer le Centre de secours Pouchet (Annexe de la caserne de pompiers de Champerret) et le service des Transports Automobiles Municipaux (TAM), pour les relocaliser sur l’emprise d’un terrain de football existant du stade Max Rousié.
Cette opération constituait une opportunité de requalification d’un site difficile, dégradé, en marge de la ville et surdéterminé par la présence du boulevard Périphérique.
Mixité
Le projet est issu d’un travail architectural et paysager pour mettre en place une cohabitation entre ces différentes entités, de natures hétérogènes mais fortement imbriquées, dans un jeu de relations et de collages qui tirent parti des fortes proximités et des contrastes qui en résultent.
Le terrain de foot et la tribune sont reconstruits sur le toit des nouveaux garages et ateliers pour camions (ceux des pompiers d’une part et ceux des TAM d’autre part) indépendants les uns des autres.
Les hébergements des pompiers et les bureaux des TAM sont intégrés à un fin bâtiment de 5 niveaux en bordure de périphérique.
Dépassant la stricte résolution de ces problématiques induites par un sujet complexe et atypique, le projet a saisi l’opportunité de jouer avec les spécificités du site et du programme pour mettre en place un jeu de relations qui intègre toutes les composantes du contexte et les activités.
Bordant le square André Bréchet et sensiblement au même niveau, le nouveau terrain de football associe plus étroitement le stade à la vie du quartier.
La vue s’ouvre au nord vers un paysage urbain renouvelé.
Depuis ce côté rien ne laisse deviner les vastes espaces enfouis en contrebas. Le grand plateau horizontal du terrain de foot se prolonge vers l’ouest par un plissement, dessinant des vagues successives. La pelouse se décolle en lanières qui dessinent une tribune, des ouïes pour les prises de jour, ventilations, et issues de secours.
Le projet joue ainsi sur l’ambiguïté du sol «végétal» en gazon synthétique, déroulé jusqu’au premier pli du sol. Au-delà, le paysage «naturel» prend le relai et prolonge les mouvements du terrain jusqu’à le raccorder avec le passage public mitoyen.
Bordant le terrain de sport, un long bâtiment écran émerge de 3 niveaux. Son horizontalité est renforcée par des lignes épaisses de brise-soleil en béton, supports d’une maille en inox qui fait office à la fois de pare-ballon et de garde-corps.
Les trois niveaux supérieurs du bâtiment regroupent les bureaux des TAM qui s’ouvrent au niveau du terrain de foot et les locaux de vie des pompiers en étage. Tous profitent largement de l’orientation sud, d’une vue dégagée sur le côté calme du site et d’un prolongement extérieur linéaire.
Bouclier phonique et cinétique
Côté périphérique une façade plissée alterne métal noir et verre en grandes plaques verticales. La perception cinétique du bâtiment se modifie au fil du déplacement des véhicules. Noire et opaque vue de l’ouest, la façade s’ouvre à mesure qu’on la longe. Le jour elle reflète et décompose les lumières changeantes du ciel, et la nuit celles des véhicules.
Correspondant aux espaces de détente, salles à manger et gymnase des pompiers, de grandes fenêtres urbaines perforent l’édifice du sud au nord, laissant passer le soleil horizontal d’hiver au travers du bâtiment. Côté nord ces baies ouvrent le bâtiment vers les communes limitrophes, faisant profiter d’une vue panoramique sur le périphérique dans un silence total.
Une organisation claire
L’imbrication des fonctions dans le site occasionne et met en scène des rapprochements intéressants entre les activités sportives et de travail, entre le dessus et le dessous. Les espaces de travail situés sous le terrain de foot bénéficient d’une organisation claire et rationnelle. Ils sont positionnés aux seuls endroits du site qui permettaient de leur donner un éclairement naturel abondant.
Les ateliers des TAM sont éclairés largement par une baie vitrée filante offrant une vue dégagée vers les terrains de tennis existants. Ceux des pompiers, légèrement décalés par rapport à l’emprise du terrain de foot, reçoivent une lumière naturelle zénithale par deux grands sheds résultant de soulèvements du sol sportif.
Ces plaques gazonnées font partie d’un ensemble qui permet aussi d’intégrer les désenfumages, ventilations ou issues de secours des espaces souterrains.
Les accès des véhicules, ceux des personnels, des sportifs ou de l’entretien sont clairement dissociés et positionnés en cohérence avec l’environnement du terrain. Ils se font par une nouvelle voie, créée en contrebas du périphérique et dont le traitement paysager fait tampon entre celui-ci et le stade existant.
Depuis le mail Bréchet les piétons empruntent des allées intégrées aux plis du terrain, pour atteindre les niveaux 1 (entrée pompiers) et 2 (entréeTAM). Les sportifs accèdent au terrain depuis le stade Rousié par deux passerelles métalliques, de plain-pied avec le parvis et le hall du gymnase existant.