Cette 5ème édition du Prix des diplômes de la Maison de l’architecture Ile-de-France est parrainée par Djamel Klouche, architecte et urbaniste, co-fondateur de l’agence L’AUC et Grand Prix de l’urbanisme 2021. Cette année 121 diplômes ont été reçus et neuf ont été retenus. Les lauréats 2021.
Désir d’habiter : les potentiels du bâtiment délaissé
Viet ANH MAI – Mélanie Loren DE MOURA
ENSA Versailles, sous la direction de : Nicolas Karmochkine
La lecture attentive du documentaire Péril sur la ville diffusé en juin 2020, réalisé par le journaliste et écrivain Philippe Pujol, sur le quartier populaire Saint-Mauront à Marseille ainsi que l’ouvrage Atlas des formes urbaines de Marseille, publié en 1988 par l’École d’Architecture de Marseille a permis la constitution d’outils pour fabriquer cinq propositions de reconversions. L’un comme l’autre ont été des supports d’approche sensible : porteurs de récits de formes d’habiter propre à la ville. À travers un travail cartographique, cinq sites occupés par des édifices délaissés ont été choisis pour projeter des habitations de types variés. Ils ciblent des quartiers dans lesquels le logement fait défaut mais aussi les personnes déplacées par la dégradation du bâti que la ville traverse depuis des années. Pour les penser, un catalogue de choix et de vocabulaire a orienté le dessin de chaque proposition avec une attention portée à la place de l’impalpable et des éléments naturels : les générations qui se croisent, les temporalités de vies partagées, les regards qui traversent l’habitat, l’air, l’eau, la terre et bien-sûr la lumière du soleil.
Géographie productive : l’agence d’architecture d’Abreschviller
Maël BARBE – Clémentine HUCK
ENSA Versailles, sous la direction de : Jeremy Lecomte
Le projet se concentre sur la commune rurale d’Abreschviller, dans la région des Vosges. Ce village-rue s’est développée grâce à une forte économie forestière. Au début des années 2000, en raison d’un marché international compétitif, Abreschviller connaît un déclin brutal, entraînant la disparition progressive de l’artisanat et de l’industrie du bois. À travers une approche architecturale, le projet vise à redessiner une économie locale sur la commune d’Abreschviller à partir d’une agence d’architecture fournissant sa propre ressource en bois issue de la forêt.
Grandeur nature
Abel BARONCE – Guillaume JEANNE–BEYLOT
ENSA Versailles, sous la direction de : Jeremy Lecomte
Grandeur nature, respecte coutumes et habitudes que les Réunionnais affectionnent et entretiennent sous un kiosque. Les matériaux, naturels et locaux offrent aux Réunionnais un nouvel univers de kiosque. Le bambou géant, flexible en lamelle, réinvente le kiosque de demain. La terre ardente, elle, travaillée sous toutes ses formes, s’adapte aux besoins de chacun et fait partager sa fraîcheur. La pierre quant à elle, par sa forte inertie, restitue le soir la chaleur accumulé tout au long de la journée. La paille, utilisé pour ses qualités phonique modifie la perception sonore de notre univers. Cet univers unique, qui appelle au séga et au maloya, un patrimoine que l’on n’oubliera jamais….
Fundo San Juan, une ferme laitière à Río Bueno, une affaire de famille
Gabrielle BAZIN
ENSA Versailles, sous la direction de : Guillaume Ramillien
Fundo San Juan est une petite exploitation laitière se situant dans le cœur laitier du Chili, proche de la ville de Río Bueno. Ce sont 82 hectares de terres issues d’un héritage familial et où les bêtes pâturent toute au long de l’année. Le projet architectural naît de la vétusté des équipements actuels : la maison de maître, la salle de traite, la maison de l’ouvrier agricole et autres hangars utiles au fonctionnement de la ferme. Pour répondre à cette demande mais aussi pour redonner un attrait à ce territoire et ce métier délaissé par les nouvelles générations, il est proposé de disposer sur différents points stratégiques des pavillons répondant chacun à une programmation nécessaire dont la forme est issue de l’usage mais aussi de l’environnement direct dans laquelle il vient s’ancrer. Ils s’articulent autour d’une matrice centrale regroupant les programmes principaux. Chaque bâtiment s’inspire d’une grande tradition vernaculaire de construction en bois pour les assemblages mais en cherchant à utiliser les matériaux disponibles sur place, comme les eucalyptus dont les sections de bois sont petites.
Au cœur de la ville – La vieillesse comme remède au déclin : proposition pour Dieppe
Garance CHAMPLOIS
ENSA Paris-Malaquais, sous la direction de : Dimitra Kanellopoulou
Comment sortir de l’alternative de l’EHPAD ou du maintien à domicile, et générer de surcroît une dynamique économique pour les villes en déclin ? Le projet consiste à réinvestir des immeubles vacants par des programmes dédiés aux personnes âgées en rez-de-chaussée et des logements confortables en étage. A rebours de la logique de concentration qui prévaut pour penser l’espace de la vieillesse – pensé comme catégorie architecturale et non comme problématique urbaine – le projet fait le pari de disséminer ces différents lieux, en continuité avec la vie urbaine, faite de diversité et d’imprévus.
Centre communautaire de Segou, Sénégal – Pour une architecture adaptée
Zineddine DJOUAMA
ENSA Paris-Malaquais, sous la direction de : Meriem Chabani
Ce diplôme concerne l’établissement d’un centre de transformation des produits agricoles dans le village Ségou au Sénégal. Cette démarche s’inscrit dans une initiative de volontariat en collaboration avec des acteurs locaux. Ce projet répond à un triple enjeu, économique, social et architectural, basé sur l’emploi de matériaux biosourcés « La pierre latérite » avec la technique de maçonnerie à pierres sèches. Cette approche correspond à un positionnement critique en faveur de « l’architecture populaire », l’objectif est celui d’un impact large et massif, il s’agit de donner à l’architecture une dimension opératoire, et de proposer pour cela un modèle alternatif adapté.
Paysage combinatoire
Raphaël FENOGLIO – Victoria LIOTIER
ENSA Versailles, sous la direction de : Nicolas Dorval Bory
130 000 000 000 €. Le coût du démantèlement des plateformes off-shore en Mer du Nord, à venir dans les vingt prochaines années, est colossal. Au point de déséquilibrer les accords européens encadrant la production des géants du pétrole et du gaz. Ces infrastructures en fin de vie, déployées tout au long du XXe siècle, soulèvent aujourd’hui des problèmes écologiques, sociaux, économiques et géopolitiques encore difficilement mesurables. A la veille de cette obsolescence à déprogrammer, ce projet propose des pistes pour définir cet héritage industriel et le transformer.
Learning from France – Architecture, instrumentalisation politique et contre-pouvoir
Inès JOURNOUD – Laure NICOUD
ENSA Versailles, sous la direction de : Djamel Klouche
L’architecture est à la base du politique. ‘Learning from France’ est un travail critique pensé en deux parties. La première est une analyse qui s’attache à décrypter l’instrumentalisation de l’architecture par les pouvoirs politiques, en se penchant sur la notion de dispositifs. La deuxième est une série de scénarios dystopiques, fruits d’une réflexion profonde et très personnelle de notre capacité à réagir en tant qu’architecte face à ce constat d’une société démocratique en crise. Autour de six études de cas, représentant six archétypes territoriaux, se forme une esquisse de l’ensemble des pouvoirs prêtés à l’architecture dans ce qu’elle peut produire à la fois de plus beau et de plus monstrueux. La question n’est plus de savoir ce que nous sommes, mais ce que nous voulons devenir.
Une nouvelle face pour le pile : méthodologie pour une rénovation urbaine en coopération
Léa VILLAIN
ENSA Paris-Val de Seine, sous la direction de : Sergio Rodrigues
Le Pile est un des quartiers les plus anciens de Roubaix, cette ville façonnée par l’industrie textile durant la seconde moitié du XIXe siècle, a connu un tout autre tournant à la fin des années 1970. Ainsi, depuis 2013, le quartier appartient au Programme Métropolitain de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés (PMRQAD), qui, pour le « redynamiser », préconise la démolition de nombreuses maisons à ce jour encore habitées. Ce projet est le résultat d’une démarche réflexive sur les méthodes institutionnelles de rénovation urbaine telles qu’alors en place aujourd’hui et pose les questions suivantes. Comment composer avec le déjà-là d’un territoire, aussi bien son bâti, ses habitants ou encore les dispositifs économiques et sociaux alternatifs existants ? Dès lors, comment faire de ces composantes un « matériau d’architecture » ? Plus qu’un projet architectural et urbain figé, ce projet propose un protocole manifeste pour une rénovation urbaine pensée et conçue sur le principe de la co-construction.