A Noisiel (Seine-et-Marne), l’agence Margot-Duclot a construit en site occupé la résidence Jonquille, une résidence sociale de 241 chambres pour Adoma maître d’ouvrage. Quand l’architecture retrouve sa vocation sociale et d’accueil. Communiqué.
« Le progrès social des masses est subordonné au progrès des dispositions sociales de l’architecture » écrivait Jean Baptiste Godin en 1883 après avoir achevé le Familistère de Guise. En établissant une relation directe entre les conditions de vie précaire de la classe ouvrière de l’époque et ses conditions d’habitat, il a appelé que l’architecture est un art social.
La Sonacotra est créée à la fin des années 1950 pour héberger et contrôler les travailleurs isolés, issus de la diaspora en leur offrant une alternative aux bidonvilles. La structure qui devient Adoma en 2006 affirme le rôle des nouvelles résidences comme point de départ du parcours résidentiel. L’architecture doit alors présenter tous les signes d’un habitat confortable et moderne, loin de l’image dégradée des anciens Foyers.
La résidence Jonquille est au Val-Maubuée, dans ce qu’on appelait jusqu’en 2017 la Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée. Le paysage est structuré par l’allée des Bois, un large mail planté reliant le parc de Noisiel au Bois-de-la-Grange par la gare du RER. La présence forte de cette trame végétale porte en son germe l’esprit de la nouvelle résidence.
La conception d’un bâtiment pour des personnes en situation de fragilité sociale interroge sur les notions d’accueil, de manières d’habiter, de partage et de convivialité. Créer un lieu qui donne à celui qui y réside pour la première fois, le sentiment que la communauté entière lui souhaite la bienvenue et l’encourage, devient l’enjeu d’un tel programme.
Le paysage du mail est pour le piéton la principale référence urbaine du quartier. Le plan de masse de la nouvelle résidence en retient ses caractéristiques principales : de petits immeubles dans la verdure, un alignement discontinu sur la rue et des transparences vers le cœur de l’îlot.
Conservant cette morphologie de plots propre au quartier, et dans une intention de variété urbaine et d’individualisation domestique, l’agence Margot-Duclot a décomposé le programme en groupes de maisons de tailles, de teintes et de compositions différentes, reliées par des failles de distribution vitrées.
Elles entourent un vaste jardin central qui accueille les résidents et les dirige vers les halls d’accès aux appartements. L’entrée de la résidence se fait par le mail, sur le parcours naturel de l’accès à la gare du RER. Cette entrée est à l’image du projet : simple par ses moyens et limpide dans sa lecture et ses fonctions d’accueil.
Par commodité pour les résidents de la résidence Jonquille, tous les services communs sont regroupés sur le parcours d’entrée. Les accès aux chambres et appartements se font par trois halls vitrés traversants, donnant accès, par de larges paliers éclairés naturellement, aux chambres en étage. Pour échapper à l’écueil des enfilades de longs couloirs, les paliers sont décalés, de taille généreuse et individualisés par la couleur : ils desservent un nombre limité de chambres.
La singularité de la démarche de conception dans une opération de démolition-reconstruction en milieu occupé réside dans le rôle essentiel joué par le phasage de l’opération dès l’esquisse, les parties de bâtiments neufs recevant progressivement les occupants des parties démolies.
Le système constructif privilégie la rapidité d’exécution par le recours à des panneaux préfabriqués de façades de type « sandwich » incorporant l’isolation thermique entre deux peaux en béton préfabriqué autonettoyant, structuré et teinté dans la masse en blanc ou en brun. Cette solution combine une très haute qualité d’exécution et une pérennité à l’épreuve des siècles.