La tour Panache, signée Maison Edouard François, est une tour de logements de 50 m livrée en 2018 à Grenoble (Isère) comprenant 42 logements et 32 terrasses déportées. Le logement le plus bas a la terrasse la plus haute, le logement le plus haut a la terrasse la plus basse. Communiqué.
Contexte
Retour fin 2011, à Grenoble, lieu de l’expérimentation environnementale marqué par un précédent projet dans la ZAC de Bonne: le «Coming Out». Autre challenge cette fois-ci, la hauteur – avec la même envie de pousser plus loin l’expérimentation des performances énergétiques.
Pour tenter de clore définitivement la question des ponts thermiques, il fallait supprimer les balcons. Dès lors, comment offrir aux habitants la relation à l’extérieur qu’ils attendent légitimement d’un logement dans cette ville si froide l’hiver mais si chaude l’été ? Accessoirement, comment casser la distinction étages nobles /étages inférieurs ?
Pour résoudre cette double équation, écologique et sociale, il a paru nécessaire de désolidariser la fonction «balcon» de la fonction «habitation» et d’empiler les balcons sur plusieurs niveaux sur le toit. C’est le ‘green cloud’. Ces espaces de 35 m² apportent une pièce de plus en plein ciel, desservie par ascenseur, dotée d’une cuisine d’été et de commodités sanitaires.
Lorsque la chaleur de l’été devient étouffante, ces balcons permettent aux habitants de respirer et de dialoguer d’égal à égal avec la chaîne de Belledonne. Le ‘green cloud’ est ainsi un nouvel espace qui échappe à l’ordinaire et qui est vendu en tant que lot indépendant, comme une sorte de résidence secondaire.
En-dessous, chaque appartement est traversant, les séjours sont positionnés aux angles et dotés d’ouvrants toute hauteur. La proposition s’étend aussi aux cœurs d’îlot qui contiennent chacun leur «Folie», un petit chalet alpin qui abrite un programme «alternatif» (BBQ, cuisine collective d’été, appartement pour les amis etc.). Cet essaimage participe à insuffler une contextualité et un paysage propre à un territoire urbain pourtant en devenir.
Identification des besoins et attentes des sages
Afin de cibler sa réponse et de proposer un projet qui s’inscrive dans les attentes des futurs utilisateurs, Altarea Cogedim a effectué une enquête sociologique de terrain portant principalement sur l’écoquartier de la ZAC de Bonne et des trois tours de L’Ile Verte à Grenoble. Cette démarche consistait à cerner les modes de vie, pratique urbaine et comportement écologique en réalisant une étude exploratoire sur les attentes et sur l’acceptabilité sociale des innovations en écoquartier.
Cette étude a été riche d’enseignements : elle a permis de mettre en évidence les aspirations des habitants en éco-quartier et de mieux appréhender le profil des écoacquéreurs.
Programmation
Le projet présente une variété typologique avec un pourcentage marqué de logements familiaux
(t4/t5/t6) de l’ordre de 29% (contre 15% à 20% dans les programmes plus «classiques»). En ce sens, le groupement AC / BBP a souhaité montrer son attachement à concevoir un programme à vocation de quartier résidentiel. La surface compte 4 731 m² SHON, 2 730 m² SHAB et 1 073 m² de terrasses déportées pour un coût de 5,3 M€ HT (1 940 € HT / m² SHAB).
Notice architecturale
Le projet s’insère dans la réflexion volontariste de la ville d’une cité post-carbone. La réponse urbaine, l’écriture architecturale et la réflexion sur les pratiques de l’habitat se complètent pour aboutir à trois bâtiments exemplaires, largement vitrés, accessibles à tous et performants au niveau des consommations énergétiques : Python, UP et Panache.
Il s’agit de démontrer ici la possibilité de réaliser des bâtiments innovants et économiquement raisonnables tout en offrant aux usagers une qualité de vie réelle et attractive. Ce projet donne aussi une autre image de la hauteur, en y inventant d’autres typologies radicales.
Les cœurs d’îlots sont traités comme des places de village, supports de rencontres. Des rampes permettent d’y accéder depuis les voiries périphériques de chaque îlot. Une maison s’ouvre sur cet espace. Réinterprétation actuelle d’une maison ouvrière du XIXe siècle – potentiellement préexistante à cet emplacement !, ou intégration d’un chalet de montage au cœur de la ville elle-même déjà bien entourée, cette «folie» actuelle accueille la salle commune, au rez-de-chaussée. Elle permet ce partage des usages et procure un sentiment de détachement saisissant, une échappée hors de la ville, au cœur du jardin. L’emplacement de cette dernière a été réfléchi afin de limiter les nuisances possibles de bruit pour les logements tout en la positionnant au centre du projet. Chacun aura la possibilité d’en profiter, selon ses envies.