Une pouponnière est à la fois un lieu de protection et d’espoir. A Fleury-sur-Orne (Calvados), pour le département, l’ouvrage livré en 2022 par l’agence strasbourgeoise Paul Le Quernec Architectes n’a pas le pouvoir de materner mais plutôt celui de réconforter les enfants de 0 à 6 ans. Communiqué.
Concevoir une pouponnière, c’est relever le défi d’un avenir meilleur pour les enfants. La pouponnière départementale du Calvados accueille depuis 1985 des enfants de 0 à 6 ans ne pouvant rester avec leur famille. Elle héberge chaque année une soixantaine d’enfants en grande difficulté, confiés provisoirement au Département au titre de sa mission de protection de l’enfance en danger.
Située à Fleury-sur-Orne, en périphérie de Caen, la nouvelle pouponnière s’étend sur 2 650 m². Les exigences fonctionnelles des différentes entités ont conduit à répartir l’ensemble des surfaces en trois bâtiments :
– un bâtiment technique contenant les divers ateliers ;
– un bâtiment logistique accueillant d’un côté tous les services administratifs, les services médicaux, et les services d’accueil parental, et de l’autre côté, les services de lingerie et de restauration ;
– un bâtiment regroupant les lieux de vie des enfants.
L’accès imposé à l’angle sud-est de la parcelle mène à la répartition suivante. L’accès du public et du personnel s’effectue depuis un parvis situé à proximité directe de l’entrée sur la parcelle pour desservir le bâtiment logistique implanté au milieu sud de la parcelle. De façon oblongue, sa façade nord, complétée d’une solide clôture, définit la frontière avec le reste du terrain, exclusivement dédié aux enfants.
Les accès techniques et les ateliers sont implantés en fond de parcelle à l’angle sud-ouest. L’intervalle avec le bâtiment logistique délimite la cour de service distribuant les ateliers, la lingerie, et la restauration.
La partie supérieure de la parcelle est dédiée aux unités de vie dont l’accès s’opère de deux manières, par l’intérieur via une passerelle unique reliée au bâtiment logistique, ou par l’extérieur via une voie périphérique privative à sens unique, permettant l’accès individuel à chaque unité.
Les enfants accueillis dans la pouponnière n’ont hélas pas une expérience heureuse avec leurs parents et avec le monde adulte. C’est pourquoi il convient en premier lieu de les en écarter pour mieux les en protéger. Ainsi, avant même d’augurer la forme du projet, la décision est prise de séparer les lieux de vie des enfants des autres fonctions, uniquement accessibles par une passerelle franchissant un vide symbolique, tel un pont-levis au-dessus d’une douve marquant la frontière entre le monde des enfants et celui des adultes. Le franchissement de cette dernière est tant physique que psychologique.
Bien que l’équipement soit d’usage collectif, sa qualité reste domestique. C’est d’ailleurs pour cela que l’hébergement est divisé en petites unités dont le fonctionnement et l’organisation sont empruntés à la maison individuelle (cuisine, séjour, chambres, terrasse, jardin). Pour satisfaire aux nécessités collectives, les blocs sont répartis de manière à ce qu’ils rayonnent autour d’un espace commun d’activités, comme un micro village autour d’une place.
Les bâtiments techniques n’ont pas vocation à surprendre mais à être efficaces. Ainsi, le nôtre est rectangulaire, ouvert sur une cour de service agrandie par rapport aux surfaces demandées. Conformément au programme, les ateliers sont alignés les uns à côté des autres. Dotés de portes sectionnelles translucides, ils sont à la fois généreusement éclairés et parfaitement fonctionnels.
Le bâtiment logistique, quant à lui, est plus complexe compte tenu de ses multiples accès examinant le public concerné.
L’accès aux unités de vie est volontairement marqué par un parcours d’une certaine longueur, dans le but de maintenir son indépendance par rapport au reste, suggérant l’idée d’un monde privilégié, caché comme peut l’être le village des Schtroumpfs. Pour sublimer ce sentiment, le sol a été creusé sous la passerelle de liaison, afin que celle-ci devienne un pont.
Chaque unité est conçue comme une maison de plain-pied, dont l’entrée est accessible de l’intérieur comme de l’extérieur grâce à un sas vitré. Les lieux de vie sont traversants, et s’ouvrent sur deux terrasses, multipliant ainsi les vues qui agrémentent l’espace et permettent donc à la lumière naturelle de pénétrer.