Les suiveurs ont voulu voir Vierzon et ils ont vu Vierzon. Ils verront aussi Le Creusot. Après le long sprint de la veille, place à une étape – la plus longue de ce Tour – qui verra la traversée du Cher, de la Nièvre, de l’Allier et d’un petit bout de Saône-et-Loire. Avec 3000 m de dénivelé, fini la rigolade. En effet, cette étape verra ses premières difficultés avec deux côtes de 4ème catégorie et deux côtes de 3ème catégorie qui rythmeront la fin du parcours. Allez, une tarte tatin et c’est parti.
A Nevers, exactement sur la route du Tour, les suiveurs peuvent profiter de cette étape pour soigner quelques bobos, inévitables après déjà près d’une semaine de course, au Centre Hospitalier Pierre Bérégovoy conçu par AART Farah (ex AART International) et livré en 2003.
A l’époque, le centre hospitalier proposait sur 60 000 m² un programme novateur et une structure multifonctionnelle organisés autour de cinq pôles d’activité de 75 à 100 lits, chacun permettant une optimisation fonctionnelle, autonome et flexibilité à une échelle réduite.
Partant d’un site vierge, les architectes d’AART International ont inscrit leur travail dans une « démarche urbanistique d’insertion architecturale en fusionnant avec le relief », ce qui les a conduits vers le choix d’un habillage de façade sur bâtiments cylindriques en métal déployé.
Presque vingt ans plus tard, les suiveurs comprennent que si les logiques constructives des hôpitaux ont bien changé, les anciennes idées construites demeurent.
Comme l’étape sera longue, les suiveurs peuvent prendre de l’avance et, en attendant l’arrivée des premiers échappés au Creusot, se rendre à la médiathèque dans le centre-ville pour y retrouver des nouvelles du monde qui continue de tourner malgré le Tour de France. L’ouvrage signé WB&A, livré en 2007 et directement inspirée de l’esthétique et de la rationalité de l’architecture industrielle, est immanquable.
La première bonne idée fut de préserver ‘le pavillon de Lucette’, la gardienne, pourtant promis à démolition dans de nombreux projets du concours, pour en faire l’entrée et le centre de gravité du nouvel ensemble. « Il me semblait important de soutenir l’architecture existante pour que les deux bâtiments forment un tout », explique Antoine Weygand l’architecte.
Du coup, si le nouvel équipement se développe sur 110 mètres, l’entrée crée un lien autant qu’une rupture dans une façade composée de deux parties extrêmement distinctes, entre le bâtiment des anciennes écuries (premier usage du bâtiment existant) et l’extension contemporaine, entre le toit de guingois du pavillon et la ligne pure de l’addition.
Ce parti pris architectural a permis d’installer la totalité du bâtiment dans la continuité urbaine marquée par la rue Edith Cavell tout en permettant, en tirant profit du dénivelé, la création d’une place haute et d’une place basse. « C’est ce qui permet de redonner à la médiathèque une vraie dimension de bâtiment public », assure Antoine Weygand. Tout en reliant la médiathèque au magnifique parc de la Verrerie auquel elle est adossée.
Après l’arrivée de l’étape, la journée n’est pas finie pour les suiveurs de l’architecture contemporaine qui doivent très vite reprendre la route depuis Le Creusot pour être demain au départ d’Oyonnax. Se régaler d’escargots de Bourgogne et d’un œuf en meurette et c’est reparti jusqu’à Saint-Vincent-des-Prés où l’architecte Ludovic Forest a livré en 2017 pour un couple de maîtres d’ouvrage la reconstitution et la réhabilitation ainsi que l’extension contemporaine d’un Doyenné Clunisien bourguignon construit entre les Xe et XIVe siècles.
En liaison directe avec l’existant restauré, mais sans aucun impact sur la chapelle classée, l’extension conçue par Ludovic Forest est édifiée comme une nouvelle dépendance du doyenné. Le projet propose une approche a minima afin de réduire l’impact des transformations sur le bâti existant.
« Le contexte historique, l’imposant capital de constructions appelaient à la combinaison de matériaux et de techniques simples, à l’édification de formes et de combinaisons architecturales cohérentes », explique Ludovic Forest. Un projet pour réconcilier les amoureux des veilles pierres et les amoureux de l’architecture contemporaine.
Enfin, pousser jusqu’à Macon et finir la soirée au Spot, la salle évènementielle mixte sports-spectacles de 5 600 places conçue par Chaix & Morel (avec InSpace architecte associé) et livrée en 2012.
L’enjeu de l’ouvrage de 6 100 m² était de se prêter aussi bien à diverses compétitions sportives – handball, basketball, tennis, volleyball – qu’à des spectacles variés. Il compte à ce titre vestiaires et loges pour artistes.
« Le Spot est installé sur la trame orthogonale du Parc des Expositions, qui règle le site. L’espace scénique, celui des spectateurs et celui des annexes sont réunis en trois rubans qui intègrent d’un seul trait les différents volumes et se superposent avec de légers décalages », explique l’agence Chaix & Morel.
« Le bâtiment semble s’avancer vers les visiteurs : le regard glisse sous le volume et le public s’y abrite en attendant d’entrer. En vision lointaine, le bâtiment s’intègre parfaitement dans le Parc des Expositions, tout en lui donnant une nouvelle écriture architecturale : il sert de signal dans l’agglomération », conclut Chaix & Morel.
Pas de programmation culturelle prévue en juillet au Spot mais comme il n’y a pas besoin de faire un détour, qui sait….
Christophe Leray (dans la caravane)
Pour les suiveurs, retrouver :
– Toutes les étapes du Tour de France contemporain 2021.
– Le Tour de France contemporain 2020 : Le départ ; La suite ; La suite de la suite ; L’arrivée.
– Le Tour de France contemporain 2019 : 1ère semaine ; 2ème semaine ; 3ème semaine.
– Le Tour de France contemporain 2018