La mission confiée à l’agence Jean-Paul Viguier consistait en la réhabilitation lourde de deux bâtiments de l’ancienne usine métallurgique Babcock Wilcox (1923 et 1987) et leur transformation en bâtiment tertiaire (bureaux, accueil du public et restaurant d’entreprise) ainsi que la construction d’un bâtiment fiduciaire haute sécurité. Un coffre-fort livré en 2018 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Communiqué.
Deuxième plus grand centre d’Europe de traitement des valeurs, le nouveau site de la Banque de France, d’une surface globale de 23.500 m², renferme désormais 25% du volume national de billets.
Le site de la Banque de France de Paris-La Courneuve occupe le terrain de la friche industrielle de la fonderie Babcock s’étendant sur 4,5 hectares en bord de l’A86. Élément révélateur des enjeux du Grand Paris et des mutations territoriales au nord de la capitale, l’installation de la Banque de France signe le renouveau d’un site, mais aussi celui de tout un quartier avec la volonté de préserver le patrimoine emblématique des anciennes halles industrielles et de renforcer une vocation culturelle avec la future «Fabrique des Cultures».
Le nouveau site est significatif dans le vaste plan entrepris par la Banque de France pour repenser son parc immobilier et moderniser son équipement en un site industriel adapté à ses missions actuelles.
Afin de traiter dès son ouverture plus d’un milliard de billets soit 25% du volume national, ce projet fait appel à une infrastructure matérielle et technologique spécifique répondant à des exigences d’ultra sécurité et de très forte automatisation.
Le centre névralgique du dispositif architectural est un bâtiment coffre-fort de 17.000 m² composé par la juxtaposition de trois volumes cubiques. Sa première fonction est le contrôle automatisé à très haute cadence des billets avec une destruction automatique des billets usagés et la mise à l’écart des coupures douteuses. La seconde fonction est le stockage des valeurs assuré dans une «serre» haute de 26 mètres.
La lumière naturelle revêt un rôle primordial dans le parti-pris architectural de cet environnement a priori hermétique : la façade en céramique blanche déploie un jeu de motifs en creux et alternés qui en adoucit le caractère défensif et crée une vibration en fonction de l’ensoleillement.
Ce rapport à la lumière se manifeste également au cœur du bâtiment avec un vide triangulaire abritant un patio
A l’entrée du site, deux anciens bâtiments de l’usine Babcock Wilcox, l’un en brique de 1923, l’autre en béton de 1987, qui accueillent les bureaux et le public, font face à l’unité sécurisée. Restaurés dans le respect de leur singularité, ils sont désormais organiquement connectés pour instaurer une harmonisation des usages et des fonctions.
L’ensemble installe non seulement un dialogue entre les différentes entités du site mais aussi avec leur environnement immédiat. Il procède de l’ouverture architecturale d’un site dont la fonction est justement d’être hermétique. Le projet témoigne plus généralement d’un sujet qui est cher à Jean-Paul Viguier et Associés : le rapport entre patrimoine et architecture contemporaine.