À l’heure du réchauffement climatique, la Villa Troglodyte (500m²), livrée en 2019 à Monaco par l’architecte Jean-Pierre Lott et Atelier Raymond, se devait d’être économe et de respecter les enjeux environnementaux actuels en exploitant les énergies naturelles, la géothermie, l’énergie solaire et la récupération d’eau de pluie. Communiqué.
La construction d’une Villa Troglodyte pose la question du rapport de l’homme à la nature, de la nature à la culture : comment installer une maison dans un rocher, un paysage, sans l’altérer, en respectant ses volumes, ses failles et sa végétation ? L’enjeu est de faire entrer la maison dans le paysage pour conserver le caractère et la force de la roche, qui nourrissent le confort intérieur.
Ainsi, le projet se construit à l’envers : il est sculpté dans la masse. L’espace est obtenu par évidement, non par la construction. De ce fait, il faut aller chercher la lumière, cadrer les vues sur les perspectives choisies, réconciliant l’habitat troglodyte et la lumière naturelle, tout en préservant l’écosystème du site (prélèvement, déplacement et réimplantation à l’issue de la construction).
Plus qu’une simple maison, la Villa Troglodyte est l’occasion d’une réflexion fondamentale sur l’espace et l’énergie. Le projet lance ainsi des pistes d’étude sur ce que pourrait être l’habitat de demain.
La lumière
L’idée de la grotte est proche : traverser le rocher, c’est passer de la lumière à l’obscurité. On entre dans la maison par une faille dans le rocher. Une passerelle donne ensuite accès à une grande salle surplombant un bassin, métaphore d’un lac souterrain. La lumière filtre par une autre grande faille qui se développe sur la hauteur de la maison et organise un parcours reliant les pièces entre elles.
Les pièces de vie ont des percements qui traversent le rocher pour trouver la lumière. Toutes les fenêtres ont des cadrages particuliers selon qu’il s’agisse du séjour ou des chambres. Elles font corps avec le rocher, comme des tableaux ; elles créent un dialogue entre la nature et le construit. Elles sont autant de cristaux qui éclairent la ville et accentuent le caractère minéral de la composition.
La lumière naturelle revêt une importance d’autant plus particulière dans la Villa Troglodyte qu’elle contribue de manière significative aux économies d’énergie et au confort.
Le plan
La maison troglodyte s’organise sur cinq niveaux. Depuis la rue, on accède au hall de plain-pied par une passerelle surplombant la piscine. Depuis l’entrée, le vide et les planchers de verre offrent des perspectives sur toute la maison.
Le séjour et les trois chambres se situent aux étages supérieurs, accessibles par un escalier qui s’installe dans la grande faille de la maison. Un ascenseur vitré dessert également les niveaux supérieurs.
Le rocher
Dès sa genèse, le rocher existant est le cadre dans lequel s’inscrit le projet de Villa troglodyte. Il devait être conservé. Dans les niveaux supérieurs, il est recomposé avec une texture identique au rocher existant. La stratification en plis obliques existante a été poursuivie. Elle a permis notamment d’intégrer les terrasses en traitant les garde-corps en enrochements. L’ensemble est structuré autour d’un pli vertical principal qui prend appui sur une rupture de géométrie du bâtiment.
En scindant le volume en deux, il permet d’éviter un effet de massivité et d’intégrer discrètement les percements des fenêtres et des baies vitrées. Les formes dessinées, la sculpture et la patine en continuité du rocher existant, ainsi que la végétation recréée, donnent alors l’image d’un rocher naturel avec ses failles, ses cavités et sa force. De plus, la présence de multiples poches de plantations variées offre un environnement propice à la réinstallation de la faune et la flore locale.