Antoine Mercusot poursuit son approche de l‘architecture comme élément de décor au service d’une vision intime ainsi que le ferait un metteur en scène de théâtre. Le voyage intérieur est source d’émancipation et la figurine d’hier est devenue un élusif personnage de chair qui finit par rendre toute architecture familière, sinon accueillante. Chronique-Photos.
La photographie d’architecture est parfois considérée comme manquant de poésie. Il s’agit de photographier des espaces souvent vides, exempts de repères du quotidien. Cela confère un aspect quelque peu irréel au projet.
Ces images ont vocation à être informatives et doivent révéler les caractéristiques intrinsèques du bâtiment, les espaces créés, l’ambiance qui y règne selon la lumière qui y pénètre.
Les architectes apprécient à juste titre la compréhension de l’échelle de leur bâtiment au travers du reportage. Pas toujours évident lorsque celui-ci est vide et qu’aucun badaud n’est présent ce jour-là !
La solution ? Pourquoi ne pas se mettre en scène ?
Outre le fait qu’un personnage nous informe sur l’échelle du bâtiment, il humanise également la scène. Cette silhouette, fixe ou en mouvement, permet de mieux se projeter dans le projet. C’est ainsi que lors de chaque reportage, je répétais le procédé.
Cet « autoportrait » systématique pourrait être considéré comme un acte introspectif ou une forme de narcissisme. Pour ma part, je préfère l’envisager comme un clin d’œil hitchcockien !
Avec le temps, prendre la pose au sein de ces espaces est même devenu un jeu. La posture doit être discrète et neutre, à la manière d’une miniature que l’on utilise dans les maquettes, à la manière du figurant d’une pièce de théâtre.
C’est aussi une manière de prendre le temps d’observer, d’écouter le silence et se mettre à la place des futurs utilisateurs. Cela permet d’être pleinement connecté et de mieux comprendre le projet.
En regardant de plus près ces autoportraits, je peux me remémorer de nombreux souvenirs, des sensations vécues sur le terrain, des odeurs de certains matériaux, des rencontres… Ces images sont le reflet du temps qui passe, des moments révolus mais me rappelent ô combien mon métier m’apporte et me fait voyager.
Ces silhouettes, sortes d’images fantomatiques, nous renvoient au fait que nous ne sommes finalement que de passage…
Antoine Mercusot
(Re)découvrir les chroniques d’Antoine Mercusot
Découvrir plus avant le travail d’Antoine Mercusot