En décembre 2019, l’Atelier Maxime Schmitt Architecte a livré sur L’Ile de Nantes (Loire-Atlantique) 27 logements collectifs familiaux (1500 m² de SDP, coût travaux : 3,34M€) dont 19 en accession libre et 8 en prêt locatif social. Jardins d’hiver individuels, espaces partagés à chaque palier, espace bureau pour télétravail… Communiqué
Enjeux et démarche
Frontière entre le nouveau quartier de la Création et le parc des Chantiers, le boulevard Léon Bureau occupe une place stratégique et développe une skyline faite d’horizontalité et d’émergences, symboles de l’île de Nantes. La parcelle Hindigo, du nom de l’entrepôt qui occupe encore le terrain, se développe dans la profondeur et offrira son petit côté au boulevard Léon Bureau permettant ainsi d’affirmer une verticalité plus marquée.
S’adossant à une maison faubourienne à la modénature discrète et s’écartant légèrement du blockhaus DY10, vestige reconverti de la seconde guerre mondiale, le projet tisse un lien horizontal entre ces deux constructions iconiques et affirme sa différence par une émergence verticale et légère. Il répond ainsi à une double ambition, celle de faire une architecture forte combinée à une insertion douce.
Une insertion douce en reprenant la volumétrie basse des maisons de ville et du Blockhaus sur le boulevard. Une insertion douce en utilisant des matériaux déjà présents sur le site comme le béton sombre et le bois. Une insertion douce en travaillant un socle massif et creusé où les commerces et les halls viendront se glisser. Une insertion douce en disposant de vastes terrasses plantées au-dessus du socle où les familles pourront pleinement profiter de ce site ensoleillé. Une insertion douce en décalant le volume haut pour qu’il apparaisse peu dans la perspective du boulevard.
Une architecture forte en affirmant deux volumes simples et dissociés : le socle et l’émergence. Une architecture forte en développant des façades hautes à la modénature marquée et des façades basses lisses et discrètes. Une architecture forte en adoptant un principe de progressivité en hauteur et en largeur des baies pour affirmer un bâtiment s’élançant vers le ciel, augmentant ainsi sa verticalité. Une architecture forte en contenant tous les espaces extérieurs des logements dans le volume bâti par la création de jardins d’hiver. Une architecture forte en proposant des logements au fonctionnement très ouvert et aux usages multiples autour d’un noyau humide, offrant à chacun une appropriation maximale. Une architecture forte et exigeante pour que chacun puisse vivre la vie la plus douce possible.
Le travail sur les hauteurs et la matière – Le socle, par son matériau béton et lasuré de couleur sombre, répond au blockhaus DY10. De plus, sa hauteur renvoie tout à la fois au tissu faubourien voisin et à ce vestige militaire. L’émergence, quant à elle, par son architecture tramée sobre et épurée, dialogue avec les projets contemporains situés à proximité.
Une morphologie de « maison de ville » – La volumétrie de la partie avant du socle (qui monte à R+1) évoque la morphologie d’une « maison de ville » et s’inscrit dans la continuité des maisons faubouriennes auxquelles il s’adosse.
Les terrasses habitées – Le toit-terrasse de la « maison de ville » se divise en trois vastes terrasses bénéficiant d’une vue imprenable sur le Parc des Chantiers et la Loire. Elles tissent une relation visuelle avec le boulevard et attirent les regards des passants avec leurs plantations et leur animation. On peut s’interpeller, se saluer, discuter avec son voisin et lui offrir un verre de citronnade à l’ombre d’un parasol.
Un rez-de-chaussée actif – Côté boulevard, le rez-de-chaussée est principalement occupé par un local de 170m² environ dédié à une activité commerciale ou de restauration. Ce programme vient compléter et poursuivre la série de petits commerces et restaurants déjà présents sur l’îlot. Entre le rez-de-chaussée en retrait du bâtiment Harmonie Mutuelle et celui opaque du DY10, les activités de l’îlot constituent un atout essentiel pour l’animation du boulevard.
Le traitement soigné des angles – Les deux angles (côté boulevard Léon Bureau et côté rue Sourdeac) sont vitrés et ouverts, transparents ou opalescents. Ils laissent voir ou deviner les programmes qu’ils abritent (commerce/restaurant d’un côté, local vélos de l’autre), insufflent de la vie à l’espace public et se retournent pour suivre les cheminements des promeneurs.
Un passage conçu comme un lieu de rencontres – La ruelle se déploie selon la séquence suivante qui alterne transparence et opacité : local activité, bloc de services, hall d’entrée des logements, bloc de services, local vélo. Dans ce lieu de croisement des parcours quotidiens de chacun, le projet propose des porosités et des espaces qui favorisent les échanges et les discussions entre voisins. La ruelle devient un lieu de vie, un passage habité.
Emergence – Les façades du volume posé sur le socle de béton sont constituées d’une colonnade épaisse en bois dur peint de couleur ocre. Cette colonnade horizontale et verticale organise toute la modénature des façades. Les façades longues sont constituées de cinq travées. Ainsi dans une travée, on passe de six modules en R+1 R+2 à cinq modules en R+3 R+4 et trois modules en R+5. Cette diminution des nombres de module associée à l’augmentation des hauteurs des modules (R+1=230, R+2àR+4=280, R+5=336) donne une impression de progression vers le ciel, conférant au bâtiment un élancement et une élégance naturelle.
Ces éléments ne sont pas structurels et sont dissociés de la structure porteuse du bâtiment. Les éléments de remplissage de ces modules sont soit des vitrages toute hauteur, soit des panneaux en aluminium thermolaqué de couleur gris ombre, reprenant ainsi la couleur perçue des vitrages en journée. Un travail sur l’embrasure des baies a été effectué pour augmenter encore le principe de progressivité vers le ciel. Ainsi les embrasures des R+1 mesurent quelques centimètres, celles des R+2 R+3 environ 24 cm et celles du R+5, 53 cm. Ces embrasures sont aussi en aluminium thermolaqué de couleur gris ombre.
Habitabilité et usages – Les pièces de séjour (salon et cuisine) et les chambres s’organisent de part et d’autre d’un noyau polyvalent au sein duquel sont regroupées les pièces de service (salle de bain, WC, coin informatique, cellier). Les possibilités de cloisonnement ou de partition autour de ce noyau sont diverses et offrent un « espace + » que chacun peut décliner selon ses envies et ses besoins spécifiques (dressing, espace informatique, coin repassage, rangements…). Simples et fonctionnelles, ces typologies permettent des appropriations multiples, une personnalisation du logement où redisposer ses habitudes.
Durabilité Flexibiliité – Structure mixte en bois béton alliant les avantages des dalles de béton et la préfabrication des murs à ossatures bois, ce projet s’inscrit dans une durabilité choisie à laquelle le maître d’ouvrage s’est laissé convaincre. Tous les séparatifs des logements sont en cloisons acoustiques légères, les bois de charpente et d’ossature des murs-manteaux semi-rideaux sont en épicéa français, les épines et corniches bois en façade sont en douglas français peint en usine sur 6 faces avec décennale. Par ailleurs, la structure poteaux-dalle (sans retombée de poutre) permet une adaptabilité importante du projet. On peut imaginer le regroupement de plusieurs appartements pour en augmenter leurs surfaces sans travaux structurels.
Occultations – Concernant le système d’occultation, un système de stores extérieurs à lames orientables en aluminium laqué de couleur sombre sera mis en place pour les chambres et masqué par un linteau en bois dur peint identique à la colonnade des façades. Au-delà de cette fonction, ce linteau, présent devant toutes les baies (y compris celles entièrement pleines) vient souligner la modénature des façades et affirme un peu plus les horizontales tout en diminuant l’ombre portée de celles-ci. La hiérarchie entre les masses et les ombres s’organise pour offrir une façade subtile, à l’architecture douce et forte.
Jardins d’hiver – Des jardins d’hiver sont positionnés en prolongement des logements et notamment au niveau des angles sud et ouest. Ces jardins d’hiver sont traités en continuité des fenêtres des logements, et s’ouvrent en un vantail à la française (simple vitrage). « En l’état d’avancement du projet, il n’est pas prévu de système d’occultation pour ces jardins d’hiver mais le linteau en bois dur peint formant modénature permettra de dissimuler un système de store si besoin dans le futur », précise Maxime Schmitt. Ces jardins d’hiver ne sont ni chauffés, ni isolés et sont ventilés naturellement.