Au vu de l’intérêt porté cet été par la presse régionale et nationale au noble art, pour tous ceux qui sont parvenus à se déconnecter mais que la curiosité anime pourtant, voici un pot-pourri au quotidien des informations concernant l’architecture publiées en ce mois d’août 2017.
1 août : 66,9 millions d’usagers, rappel nécessaire ?
Le Moniteur explique que «l’architecture n’est pas réservée aux seuls initiés aux ‘mystères de l’Art’. Les amateurs et le grand public – 66,9 millions d’usagers de l’architecture dans le pays – sont également conviés à la découvrir au travers de toutes ses manifestations et de toutes ses valeurs». Découverte de l’architecture à la plage ? Non, il s’agit d’une manifestation prévue le 15… octobre. Mais bon 66,9 millions d’usagers – rappel nécessaire – c’est peu ou prou la population française. Puisque nous y sommes tous, les 66,9 millions d’entre nous, également conviés, qui d’autres est attendu ?
2 août : Des déblais imprévisibles
L’association d’architecture expérimentale Bellastock organise et anime chaque année un festival qui propose la construction d’un village éphémère. Cette année, raconte Konbini.com sous la plume de Liza Miquet, l’évènement s’est déroulé du 13 au 16 juillet sous l’échangeur de l’A86 aux portes de Paris. Autour de la thématique « construction en terre crue », l’équipe propose une réponse à «l’importante quantité de terre produite par les travaux du Grand Paris».
Chacun sait, ou peut imaginer, la quantité pharaonique de déblais issue de ce chantier gigantesque. En 2013, la Société du Grand Paris a engagé une «logique d’économie circulaire des déblais avec ses partenaires». Objectif : valoriser 70 % des terres excavées. En mars 2017, elle annonce enfin les six lauréats d’un appel à projets, le Grand Paris Express étant «un terrain privilégié pour l’expérimentation de solutions innovantes concernant le traitement des déblais».
Il n’est jamais trop tard….
3 août : Le géant vert pour les petits enfants
Frédéric Edelmann se lâche dans Le Monde.
Titre : « Réinventer la Seine » sombre dans l’infantilisme vert.
Chapo : Les projets du concours visant à rénover 35 sites bordant le fleuve sont globalement consternants.
Ouch !
En référence à Réinventer Paris 1 & 2, l’éditorialiste note que «sur la forme, pas de changements : ce sont des partenariats entre des promoteurs, sollicités pour se faire du bien, et des équipes d’architectes, sollicitées pour leur faire du bien, ainsi que pour mettre en valeur l’action de la mairie». «Sur le fond, c’est pire que pour les deux concours précédents», conclut-il.
Il n’est jamais trop tard pour se poser des questions, et tant mieux sans doute car, boulevard Auguste Blanchi, la caravane verte passe sans trop d’égratignures depuis un bon moment déjà.
4 août : des architectes de «renom» au travail pro domo
Ouest-France nous apprend que des architectes «de renom» ont accepté de réaliser des nichoirs à oiseaux le long d’un parcours de 8 km à travers Rennes. Parmi eux, «le japonais Kengo Kuma, le franco-britannique Duncan Lewis ou encore le Français Dominique Perrault, qui a signé l’hippodrome de Longchamp». L’hippodrome de Longchamp, ça doit résonner quelque part pour les Rennais… Selon David Perreau, le commissaire d’exposition, «ces huit nichoirs exceptionnels, ces petites formes, visibles de tous seront l’occasion d’un autre regard sur la ville, pour parler d’écologie urbaine, d’architecture, de faire du lien avec les réalisations avoisinantes».
Comme quoi, les architectes «de renom» ont du temps devant eux. Pas trop stressées les vacances ?
5 août : Il n’y a presque personne au numéro que vous avez demandé
L’introduction la plus déprimante revient à l’Union dans son édition de Laon. Le titre est pourtant prometteur : «A Laon, elle bâtit le futur de l’abbaye Saint-Vincent». Mais l’euphorie est de courte durée car le journaliste explique : «Une étudiante en architecture a bâti un projet autour des ruines de l’abbaye Saint-Vincent. Un dossier qui restera dans les cartons puisque personne ne s’y intéresse».
Evidemment, présenté comme ça.
Bon, au moins Mylène Houdouin, c’est son nom, est avec ce projet diplômée mention bien.
6 août : In vino veritas
Le Midi-Libre invite à «Déguster, dormir et manger dans un vignoble, au Mas de l’Oncle, à Lauret». Où l’on apprend que, au milieu du vignoble du Pic Saint-Loup, près de Montpellier «le domaine a fait peau neuve dans un chai dessiné par l’architecte Rudy Ricciotti». Fabrice Bonmarchand, propriétaire du mas de l’Oncle depuis 2009, est un ancien ingénieur en bâtiment en PACA. Pour choisir l’architecte, ça n’a pas été trop dur. «Nous avions [avec Rudy] déjà travaillé ensemble sur le musée Cocteau à Menton», explique-t-il. Bref, l’amitié ça compte. Pour l’inauguration, une exposition Ricciotti y sera présentée. Sur les quelques photos que j’ai vu, le chai a l’air pas mal mais je n’en sais pas plus.
7 août : Architectes et urbanistes, tous dans le même train, bateau, camion, etc…
A ZDNet ce titre accrocheur : ‘Trains, bateaux, camions ; l’architecture folle imaginée par Amazon pour vous livrer par drone’.
Guillaume Serries, le journaliste explique qu’«autonomie et fiabilité» sont les deux critères sur lesquels travaillent les acteurs de la livraison par drone, «à commencer par le géant du e-commerce qui vient de déposer quelques brevets en ce sens». Des «véhicules intermodaux» sont testés pour optimiser la livraison.
Cette ‘architecture folle’ peut-elle révolutionner la logistique en ville et la logique de la ville ? En effet, pourquoi pas, à ce compte-là, se faire livrer ses colis et ses courses directement sur son balcon ? Il y a fort à parier que les architectes et urbanistes devront bientôt adapter leur architecture aux besoins des marchands, comme ils adaptèrent, avec plus ou moins de bonheur, la ville à la voiture.
8 août : Diplomatie de l’architecture
Si les architectes français se plaignent de l’invasion étrangère, les architectes moscovites ne sont pas mieux lotis nous apprend ‘Russia Beyond the headlines’. «Des architectes américains, néerlandais, allemands et autres, connus pour leurs projets à New York, Utrecht, Londres et Oslo, transforment actuellement le visage de la capitale russe», indique Kira Kalinina.
Voyons. Elle cite les Norvégiens de Snøhetta, les Américains Diller Scofidio + Renfro et Martha Schwartz, les agences néerlandaises Okra et West 8, et le studio de paysage londonien Djao-Rakitine.
Quoi, pas un Japonais à Moscou ? A cause de la dispute sur les îles Kouriles peut-être… Pas un Français non plus, Paris a pourtant accepté à bras ouverts le centre cultuel de Poutine.
9 août : Pendant la canicule
Durant l’été, Radio-Canada, édition de Toronto, propose une série de portraits de Canadiens travaillant à des projets qui peuvent «changer significativement nos vies». Titre de l’émission : MISSION : CHANGER LE MONDE.
Aujourd’hui, c’est le tour de Lateral Office, une agence fondée par Lola Sheppar et Mason White et spécialisée en architecture nordique. «Il y a relativement peu de réflexions [parmi les architectes] sur ce que la vie quotidienne veut dire dans ces zones nordiques», remarque Lola Shappar. C’est vrai que l’on n’y pense pas tous les jours. «Dans le Nord, on voit là où l’on met les déchets, on voit qu’au bout d’une rue, il n’y a plus rien pour des milliers et des milliers de kilomètres», souligne-t-elle.
Puisque ces terres vont devenir de plus en plus accessibles aux industries forestières, pétrolières et minières, encore heureux que des architectes tentent d’anticiper.
10 août : L’architecture, ça doit faire rêver coco
C’est l’été et Vanity Fair, pour les ‘rich and famous’, fait la promotion de The Grand Floridian Hotel sous le titre : Contes et légendes du Biltmore, l’hôtel le plus mythique de Floride.
«Ouvert en 1926, l’hôtel de 273 chambres qui s’étend sur 60 hectares de végétation luxuriante a eu vite fait de s’imposer comme un refuge discret pour les célébrités d’hier et d’aujourd’hui de passage dans la région», raconte Mélanie Mendelewitsch, «romancière et journaliste spécialisée dans les sujets Culture, Lifestyle, Médias et Société». L’occasion d’apprendre que la piscine géante de 2000 m² a eu pour premier maître-nageur, «Johnny Weissmuller, nageur olympique aux cinq médailles d’or et interprète de Tarzan, superhéros de la jungle au cri caractéristique».
Surtout, «on s’y rend pour le gargantuesque ‘Sunday Champagne Brunch’, événement gastronomique incontournable aux succulentes pâtisseries artisanales et à l’immense choix de ‘seafood’, bien connu des initiés pour son caviar à volonté».
Bref, c’était la rubrique architecture de Vanity Fair.
11 août : ite missa est
La Nouvelle République rapporte que la veille, à Bénet dans les Deux-Sèvres, Danielle Laval a fait découvrir aux visiteurs l’architecture et l’histoire de l’église Sainte-Eulalie. «Benétains, nouveaux Benétains et visiteurs des départements limitrophes ont découvert, sous la conduite d’une passionnée, l’histoire mouvementée de l’église Sainte-Eulalie, dont les premières mentions datent de 1088».
Organisées par l’office de tourisme Sud-Vendée Marais Poitevin, ces visites sont intitulées «Un jour, une église». C’est à ces détails que l’on reconnaît l’évolution de la société. En pays chouan, on ne va plus à l’église, on la visite !
12 août : Ca fait une vie
Grâce à la Voix du Nord, nous savons désormais qu’à Aulnoy-lez-Valenciennes une rue porte le nom de René Mirland (1884-1915), fils d’un instituteur aulnésien et Premier Grand Prix de Rome d’architecture. Né à Bailleul le 30 mai 1884, René, Henri, Félix Mirland est le fils de Philippe-Joseph Mirland (1856-1928) et de Clara Debressy (1859-1939). «Il a grandi dans le Valenciennois qui a vu s’épanouir son talent. Mobilisé en 1914, il prend part à la Première Guerre mondiale, comme sous-lieutenant au 151e régiment d’infanterie (RI). Blessé au combat en Argonne, il décède le 6 juillet 1915, à 31 ans, au Lazaret-de-Grandpré dans les Ardennes».
Hommage.
13 août : Un architecte entreprenant, un promoteur aussi
A Sarreguemines, l’immeuble Saint-Christophe est une bâtisse de 3 000 m² à l’angle des rues Foch et Clémenceau. L’idée des cabinets Auert architecture et Rohr immobilier, nous explique le Républicain Lorrain, «est de racheter l’ensemble si les 38 propriétaires sont tous d’accord». Selon Brice Auert, l’architecte, les vendeurs devant être tous réunis le même jour, l’opération sera possible, «peut-être à la fin de l’été». Puis, explique Philippe Creux le journaliste, «l’ensemble, relooké et isolé de l’extérieur, sera divisé en appartements à vendre ou à louer». Le projet pourrait être livré pour l’été 2018. Avis aux amateurs.
14 août : Guéguerre
L’ordre des architectes et Axe Marketing, la structure organisatrice d’Archibat (salon des professionnels du bâtiment et de l’architecture) sont en passe de trouver un arrangement. En effet, le journaliste Chris Monséké révèle que «les deux structures qui s’opposaient sur la paternité et l’organisation de l’événement qui réunit, tous les deux ans, les professionnels du bâtiment ont décidé de jouer carte sur table en redéfinissant le protocole d’accord qui les liait». L’auteur de l’article peut donc titrer : « Archibat » versus « L’Architecte » : tractations pour la fin d’une « guerre ».
Cela se passe en Côte d’Ivoire et est rapporté par Afriki Presse. Ce n’est évidemment pas chez nous qu’auraient lieu de telles tractations…
15 août : jour férié, une pause
16 août : Une friandise
La Croix présente Beg Meil, le village «des Barbapapas». «Témoignage spectaculaire de l’architecture ‘bulle’ des années 1960 et 1970, le village de vacances Renouveau, en Bretagne, est toujours en activité et doit faire l’objet d’une rénovation, cinquante ans après son ouverture», explique Stéphane Dreyfus, envoyé spécial à Beg Meil, dans le Finistère.
Le cahier des charges de cette structure de 450 lits a été fixé en 1965 par Pierre Lainé. Pierre Székely, sculpteur d’origine hongroise, refait alors équipe avec son ami, l’architecte Henri Mouette, avec lequel il a déjà travaillé dans les années 1960 sur des projets de Renouveau, à Chamrousse (Isère) puis à Courchevel (Savoie). A Beg Meil, «tout y est rondeur : les plans, les volumes, les dessins des fenêtres», observe l’historienne Raphaëlle Saint-Pierre. Selon ses concepteurs, «le cercle est ce qui réunit le mieux le groupe, la famille».
C’est l’occasion d’apprendre que l’habitat des célèbres personnages de Barbapapa a été créé par Annette Tison, architecte inspirée par les ‘maisons-bulles’.
17 août : Singapour, une fois
La Libre Belgique s’enthousiasme de l’initiative du bureau d’architectes AAVO, basé à Mouscron, qui a «fédéré plusieurs de ses homologues de par le pays autour d’une association professionnelle tricolore basée en Asie du Sud-Est». Aujourd’hui, AAVO dispose désormais à Singapour d’un bureau de représentation via l’association de professionnels B-DNA, pour Belgian Design Nature Architecture.
Quelle idée pour des architectes de s’associer ainsi pour promouvoir leur savoir-faire à l’export ! Une histoire belge, forcément.
18 août : Le mauvais sort jeté à l’école de Jacques Kalisz et Roger Salem
Le Parisien l’annonce comme un scoop : A vendre : ancienne école d’architecture de Nanterre, 13 M€. Pourtant ça ne fait que 13 ans – l’école fut fermée en 2004 – que L’Etat, la commune de Nanterre et les collectivités locales se renvoient la patate chaude et que rien n’est fait. 13 ans, une paille. Résultat, le bâtiment se dégrade et comme ‘A vendre’ ne signifie pas qu’il sera vendu demain, un quelconque nouvel usage n’est pas à l’ordre du jour.
Question collaboration, heureusement que nous ne sommes pas en Belgique…
19 août : L’architecture expliquée aux promoteurs
Le Figaro Immobilier, en partenariat avec le Crédit Foncier, propose de découvrir tout au long de l’été «dix grandes figures françaises de l’immobilier». D’où, évidemment, Le Corbusier.
Le journaliste Adrien Gicquiau explique ainsi que l’œuvre du maître repose sur cinq principes architecturaux : «les pilotis (la construction est surélevée pour permettre de libérer le niveau du sol au profit d’un espace de circulation des piétons) ; le plan libre (les murs porteurs sont remplacés par des piliers qui libèrent toute créativité pour aménager l’espace et la circulation) ; la façade libre (la suppression des murs porteurs permet la construction de façades en baies vitrées, fenêtres et murs légers) ; la fenêtre-bandeau (des fenêtres de grande longueur qui offrent une vue panoramique et font entrer la lumière) ; et le toit-terrasse (un toit plat qui peut servir de solarium, terrain de sport, piscine, toit jardin…)».
Notez l’absolue volonté pédagogique de l’auteur puisqu’il estime nécessaire d’expliquer les pilotis, le toit-terrasse, etc.
Mais qui donc lit le Figaro Immobilier ?
20 août : Devoirs de vacances
Le quotidien beyrouthin L’Orient-le-Jour, par la plume d’Arzé Nakhlé, nous apprend qu’au mois de juillet, quinze jeunes étudiants en architecture de plusieurs universités libanaises ont conçu et construit au village de Douma un pavillon public de 25 m² inspiré des maisons traditionnelles.
Cette année, six villes — Barcelone, Montería, Téhéran, Moscou, Beijing et donc Beyrouth — ont participé à cette nouvelle édition de Global Summer School (GSS), un atelier de deux semaines ayant lieu chaque année au mois de juillet simultanément dans plusieurs villes autour du monde.
Le thème commun consistait «à revisiter les techniques traditionnelles de construction et se servir de logiciels numériques avancés afin de concevoir, d’analyser et d’optimiser la fabrication de structures architecturales complexes».
Indécrottables étudiants…
21 août : Ingénierie corse
Ce titre, dans Grazia : Un pied-à-terre dans le ciel corse
Un pied-à-terre dans le ciel ??? Ca c’est de l’architecture à laquelle on ne s’attend pas… C’est la maison de Thomas Pesquet ou quoi ? Le château dans le ciel ?
Non, il s’agit en fait d’un un simple «refuge» à Porto-Vecchio pour abriter la vie de famille durant les vacances de Fred et Carol Meylan, qui doivent être quelque célébrité pour les lecteurs de Grazia. Précise l’article, il y a tout juste huit ans, grâce à l’architecte Gilles Terrazzoni, le refuge «est sorti de terre en seulement neuf mois». Neuf mois ?????
En Corse, ils creusent le ciel ?
Bref, c’était la rubrique architecture de Grazia.
22 août : Ligne claire
Sur France Inter, Anne Douhaire nous fait découvrir «une première BD qui frappe fort». L’Aimant, du dessinateur Lucas Harari, est l’histoire d’un étudiant en architecture, Pierre, qui, suite à une sorte de ‘burn out’, se rend dans les Thermes de Vals, objets de son mémoire. «Sorte de thriller flottant, l’intrigue de L’Aimant est à la fois policière, intimiste et fantastique. Habile et captivante, elle fait la part belle à l’architecture». Zumthor n’y aurait pas pensé.
A découvrir, absolument.
23 août : RAS
24 août : Principe de réalité
Tout au long de l’année, des «défricheurs» innovent dans différents domaines. La Croix s’en porte témoin. En l’occurrence, ce jour-là, la journaliste Christine Legrand présente le nouvel hôpital de jour construit à Ville-Évrard, en banlieue parisienne, «entièrement pensé pour limiter les troubles de comportement des enfants autistes».
Le papier est dithyrambique et les médecins cités semblent très fiers de pouvoir faire évoluer leur pratique dans ce nouveau bâtiment. Architecte : SOA.
«Seul regret de l’équipe : que ce service, spécialisé dans une prise en charge précoce, ait dû, faute de places en nombre suffisant pour répondre à toutes les demandes, donner la priorité aux cas les plus lourds».
Bref, c’est la rentrée.
Christophe Leray