Le DongZhuang musée des Régions de l’Ouest, livré en 2016, est situé dans le village de Tuoli, dans les steppes de Nanshan, à 30km de la ville d’Urumqi, capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Il est bâti sur le site d’un ancien silo à grains de 1 990m² existant depuis plus de 60 ans. Conçu par Xinjiang Wind Architectural Design & Research Institute Co.,Ltd., une agence fondée par Liu Xu et basée à Urumqi, il compte quatre niveaux, dont un en sous-sol pour une surface totale de 7 700m² SHON. Bluffant. Communiqué.
Depuis les temps immémoriaux, le design architectural inspiré par le paysage naturel a toujours été excitant. Le musée, faisant face au sud de la ville et soutenu par la montagne au nord, n’a aucun impact sur la végétation environnante.
De loin, il ressemble à un rocher écru tombé de la montagne, demeurant là silencieusement, naturellement, en plein air, dans le vaste désert de Gobi au coeur de l’Eurasie. Le programme commandait pour une partie du musée une maison d’hôtes, où les visiteurs peuvent se reposer et contenant une galerie d’art privée, tandis que l’autre partie est ouverte au public. Le ciment, le sable, le ferraillage et le verre sont tous des matériaux respectueux de l’écologie et la conservation des ressources.
Les murs épais et les petites fenêtres protègent du soleil brûlant en été et du froid en hiver. Les principes et méthodes des techniques traditionnelles pour la construction des murs courbes, la fabrication des briques en terre cuite et la pose des dalles en pierre furent adoptés afin d’édifier un bâtiment simple, sûr et durable. La texture des matériaux est mise en avant à la surface du bâtiment afin d’obtenir l’achèvement ‘naturel’ d’un espace non-spécifié. La conception respecte le cadre des données et le cycle écologique, reflétant la diversité, la liberté et le mystère de la vie locale et donne au bâtiment un air de liberté et de vitalité.
DongZhuang est une présence «transparente», avec aucun espace intérieur déterminé et la possibilité offerte de nombreuses activités différentes encore indéterminées mais bénéficiant d’une connexion UDLR (Internet via satellite. NdT). Il tire avantage du contexte naturel de façon intelligente pour se protéger des intempéries, s’éclairer et se ventiler. Autour du concept d’harmonie et de celui de contenant-contenu, le mariage parfait entre concave et convexe, entre l’espace extérieur et l’espace intérieur, entre le bâti nouveau et l’existant, cisèle un ouvrage en accord avec les besoins des usagers.
Les principes de conception :
1 – Le bâtiment sera durable et assez solide pour résister aux cyclones, tempêtes de sable et aux rayons UV.
2 – Les bâtiments ne sont pas construits pour exposer la richesse et tester les technologies, en particulier dans les zones pauvres. Les matériaux locaux et des techniques de construction locales seront utilisés pour le bâtiment.
3 – Être mignon n’est pas synonyme de beauté, et la beauté elle-même ne l’est qu’un court moment. Un bâtiment plaisant et bien adapté, ayant plusieurs fonctions, est un bon bâtiment. La durabilitié est, elle, synonyme d’histoire, de symbolisme et de régionalisme.
4 – Il est préférable pour une maison dans le désert de l’arrière-pays d’émerger en harmonie avec la nature et de se dégrader avec le temps.
5 – La lumière naturelle est meilleure que la lumière artificielle, car cette dernière dépend de trop de facteurs, tandis que le soleil et la lune sont vraiment splendides et, surtout, fiables.
6 – Les espaces intérieurs et extérieurs du bâtiment doivent être homogènes car et le flux et l’immobilité agissent réciproquement alors que l’espace existe de lui-même.
La texture du mur de brique et du sol en céramique est complétée grâce aux efforts des architectes et des 23 entreprises locales ayant participé au projet.
Au nord, le mur est fortifié pour résister aux vents puissants. A l’est, une ouverture permet de cadrer le paysage, le ciel bleu et les nuages blancs, les belles petites rivières, les temples et les montagnes.
Le sud s’ouvre aux paysages, à la fumée des cuisines, au soleil et à la brise, l’endroit idéal pour se détendre dans le cloître avec du thé au lait. A l’ouest, le visiteur et les hôtes peuvent apprécier l’image chaleureuse du soleil couchant à travers les arbres fruitiers et le ruisseau s’écoulant silencieusement, et les gens rentrant chez eux. Une lucarne permet d’ouvrir le toit pour laisser filtrer la lumière de la lune, observer l’univers, tout en écoutant le chant des hirondelles.
Le bâtiment existant comptait de nombreux nids d’hirondelles au nord-ouest. Les architectes ont donc conçu cet espace, avec un réservoir d’eau, que les oiseaux puissent se réinstaller après les travaux. De même, avant la construction, des dizaines de pommiers, les oliviers de bohême et les ormes dans le jardin de l’ancien silo furent déplacés dans le square de l’école primaire du village avant d’être replantés après que la structure fut achevée.
La théorie du ‘design incertain’ (uncertain design) est née de la pratique et de l’expérience architecturales dans l’Ouest du pays depuis des décennies, qui requièrent non seulement le savoir-faire de l’artisanat mais doit aussi incorporer la conscience de la profondeur de l’âme et le respect de l’espace naturel. Selon cette théorie, un bâtiment est semblable à une pomme de terre dont la graine est coupée en morceaux irréguliers avant d’être plantée. Ainsi personne ne sait à l’avance comment elles grandiront ni à quoi elles ressembleront. Mais elles pousseront et resterons fidèles à elles-mêmes. La pomme de terre possède sa propre image, générique et singulière, et une peau naturelle qui s’enrichit seule en fonction de ses besoins de croissance et de la nature du sol.
Cette ‘théorie incertaine’ essaie de donner à l’espace un “espace” rempli d’air, de rayons du soleil, d’humidité, de chaleur et de froid, de neige, de pluie et autres causes et effets pertinents issus de son contexte. Son existence même parle de la vie et de la reproduction. La fiabilité, la continuité, le non-utilitarisme, la vision de la nature et l’attention à l’environnement, l’usage libre et versatile de l’espace, la simplicité des matériaux sont finalement l’expression du “blanc” substantiel et primitif et les principes essentiels de la conception de ce musée.
Traduction : A. L.