Quand un architecte décide de nommer son agence ‘’Shanghai Hip-pop Architectural Decoration Design Co., Ltd.’, cela invite autant à la curiosité qu’à la circonspection. Pour ce restaurant japonais, l’architecte chinois Sun Tianwen, se montre encore plus minimaliste que les Nippons. Politesse de rigueur. Communiqué.
Le restaurant de 1 300m² a été livré en novembre 2016 à Changchun, une ville du Nord-Est de la Chine, capitale de la province du Jilin. Pour cet ouvrage, Sun Tianwen avoue n’avoir utilisé comme matériaux que «le verre, le tatami et la lumière».
«En architecture, le concept et la définition, peu importe à quel point ils sont exquis, seront plus sûrement jugés selon la ‘forme’», explique Sun Tianwen. «On peut rejeter toute forme de théorie ou d’opinion, cependant, on ne peut pas refuser la potentielle influence de l’environnement architectural intérieur et extérieur dans lequel on vit. Il me semble que la question de ‘ce que l’on veut évoquer et transmettre’ a plus de sens que de débattre du ‘qu’est-ce que c’est’», dit-il.
Il s’agit selon lui d’une attitude spirituelle pleine de sincérité, la raison pour laquelle il choisit de nommer le restaurant ‘Setsugekka’.
‘Setsugekka’ représente les êtres naturels, ainsi que la joie et la tristesse. Pour les meilleurs designers, c’est aussi l’exigence de la perfection technique ; la vision et la compréhension de la culture de l’autre, la grandeur dans la simplicité. ‘Setsugekka’ peut être perçu à travers les Waka et Haïku japonais : «Cette nuit il neige, quelqu’un doit être en train de traverser le Hakone» de Matsuo Basho, surnommé «Voyageur éternel» ; «Quel dommage que la lune soit couverte de blizzard» de Maruyama ; ou encore «Heureux de voir la neige arriver», «Fleurir n’est pas pour quelqu’un», «Apprécie la brillante lune pour longtemps», entre autres.
Le verre transparent encastré avec le cerisier, des néons bleus, un arrière-plan noir de bars à sushi… tout est impressionnant, mais nulle part ne rend à lui seul le sens entier de «zen» – seulement lorsque tous les éléments se mélangent harmonieusement, alors le design approprié est obtenu.
L’essence de la cuisine japonaise est «l’heure venue pour manger» ; «tu dois te préparer un goûter quand tu ressens qu’il en est temps dans ton cœur» a écrit Hirohisa Koyama. «A part la technique au couteau et le toucher, pour avoir une cuisine japonaise parfaite, la perspicacité est la clé, donc il me fallait doser le design – pendant que tu apprécies l’éclosion de bourgeons, viens le ‘moment aha’. Mais une excellente perspicacité ne vient pas sans raison, elle est issue d’années de recherches», conclut Sun Tianwen.
Traduction : A. L.