L’architecte Bruno Palisson avait été photographe avant que l’architecture, maîtresse impérieuse, ne conduise pendant 25 ans sa pratique d’homme de l’art. Démon de midi ? Le voilà qui redécouvre une passion ancienne, retraçant ici les passages obligés de l’opérateur débutant avec l’œil et la sensibilité de connaissances acquises par l’expérience. Chronique-Photos.
Autodidacte en photographie dès le collège, je deviens photographe (tout au moins dans la mesure où je pouvais en vivre) d’architecture pendant mes études d’architecte (1985 – 1991) pour agences d’architecture et magazines.
A l’époque il était possible d’avoir une commande de Beaux-Arts Magazine pour un reportage d’une semaine à l’étranger, un rêve éveillé ! Puis, pendant deux ans entre 1997 et 1999, je représente Polaroïd en France, lors du cinquantenaire de la société. Quelques performances collectives, notamment pour Krafts Food lors d’une campagne Cachou Lajaunie et Arts Sans Fin en Suisse présenté dans Trakcs sur Arte, ponctuent ce parcours.
Etais-je pour autant un photographe ? Non pas forcément. Je naviguais ni en eau trouble ni entre deux eaux mais, pour autant, diplôme d’architecte en poche, j’avais bien choisi d’être architecte, tout en me rassurant que je ne quittais pas la photographie. Posture intenable. Le métier d’architecte est tellement prenant, l’architecture une discipline infinie qui nécessite de rentrer dans les ordres. En tout état de cause, l’association avec Jean-Luc, mon frangin de cœur, avait déjà emporté ma décision.
Voilà qu’il y a trois ans, en franchissant la cinquantaine, l’envie de pisser me reprend. La situation est différente et l’âge peut avoir du bon : je décide fermement d’être les deux, architecte et photographe.
Pour avoir passé des semaines entières dehors, la photographie a pour le moins beaucoup contribué à nourrir ma formation d’architecte et aujourd’hui mes 27 ans de pratique d’architecte me poussent avec évidence à devenir enfin photographe.
D’où cette série de 16 photos Tableaux en Ville présentée à la Galerie d’Architecture à Paris, le 25 janvier 2018.
J’ai bossé comme il le fallait pendant 18 mois. J’ai respecté les codes, les usages, j’ai écrit l’histoire, fait les repérages, choisi les saisons et les heures de prises de vues tout en introduisant mon regard et ma personnalité d’architecte. D’autres séries ont suivi, une autre est en préparation…
Je viens donc de franchir le camp de base n°1 (de l’Everest)…
Bruno Palisson
Pour retrouver le travail de Bruno Palisson photographe