Comment relier le centre-ville de Creil au bord de l’Oise, à un quartier positionné sur un plateau en traversant un paysage remarquable sur un dénivelé de 40 m ? C’était l’enjeu de ce projet d’1,2Km de long livré en 2018 par l’agence Espace Libre, paysagistes et urbanistes, pour la ville de Creil maître d’ouvrage. Communiqué.
«L’originalité de cette opération tient à une maîtrise d’ouvrage déterminée qui a décidé de relier un quartier isolé du centre-ville par l’inscription d’une rampe urbaine au travers d’un coteau boisé», souligne Maxime Saïsse, paysagiste fondateur de l’atelier Espace Libre.
Ce qui aurait pu être qu’une banale opération d’aménagement s’est mué en un véritable projet mettant en scène le paysage, les écosystèmes, les points de vue. Le tracé sensible des cheminements et des plates formes d’observations s’inscrit dans un processus naturel plus que dans la mise en place de nouveaux usages du site.
Situé au Nord de Paris, Creil est une ville qui s’est développé fortement dans la période d’après-guerre par l’éclosion de quartiers caractéristiques de cette période. Un quartier urbain dense s’est développé sur les hauteurs de Creil quarante mètres plus haut que le centre-ville, coupé par un coteau boisé. Cette configuration spatiale s’est soldée par une rupture urbaine qui n’a jamais permis aux habitants de relier le centre-ville autrement que par un monumental escalier.
La volonté de relier de manière douce le quartier au centre-ville avec les nouvelles normes liées au handicap a été l’occasion de réfléchir à un projet global qui passait par la restauration écologique du site, le réseau hydrographique et des essences végétales endémiques par une étude minutieuse du site ; un inventaire de ses potentialités, ainsi qu’une étude détaillé de la nature du sol ont étés menés afin de limiter au maximum les dommages environnementaux.
L’inscription du cheminement devait ainsi permettre son inscription la plus discrète tout en permettant de révéler les caractéristiques d’un paysage remarquable. Ce jeu de contrainte a accentué la force du projet notamment par l’inscription d’une passerelle au plus bas du cheminement permettant de rattraper une cote de niveau essentielle pour la règlementation des personnes à mobilité réduite.
Cette passerelle majestueuse mesure plus de cent mètre de long et s’élève à travers les cimes des arbres au travers d’un parc à l’Anglaise. Le belvédère en haut de la passerelle est en lévitation et permet d’ouvrir un point de vue exceptionnel sur la ville et l’Oise. La structure de la passerelle en acier avec un entourage en bois de chêne et mélèze pour permet de supporter les vibrations et la force aux vents.
Tout au long du cheminement sont jalonnés de lieux de pauses, de rencontres et d’observations :
– le belvédère haut ;
– les clairières de Laversine ;
– le belvédère de la croisée des chemins ;
– la croisée des chemins ;
– la placette des randonneurs ;
– la rampe.
Dans ces espaces, une signalétique met en valeur les espèces en voie de disparition. Leur traitement privilégie la sensibilité et la sobriété, les images apparaissent en noir et blanc et sont très agrandies permettant de s’imprégner du «visages» souvent inconnus de ces espèces vivants dans notre même écosystème.