Il y eu dans l’aventure technique et structurelle de la Cathédrale d’Angers des successions d’inventions et de mises en œuvre qui ont toujours été à la pointe de l’ingénierie de l’époque concernée. Parmi les conquêtes du XXe et XXIe siècle, la question de l’apesanteur et de la gravité est un sujet majeur et doit faire partie du nouveau projet. Présentation.
Nous avons proposé :
– d’utiliser des matériaux à la pointe de la technique avec le même idéal de durabilité et de traversée du temps ;
– de jouer sur le terme « virilien » d’une forme esthétique de la disparition, de la transparence ;
– de se poser le problème de laisser deviner ce portail de jour comme de nuit en le mettant en valeur tout en le protégeant de toute dégradation ;
– de développer le thème de l’appui minimum pour une enveloppe soulevée et suspendue ;
– de réfléchir à l’impact sur le proche, le moyen et le grand paysage dans tous les systèmes d’approche ;
– d’utiliser le bois côté intérieur pour maîtriser à la fois la notion de filtre, la gestion thermique et la liaison symbolique avec une partie de l’espace intérieur de la Cathédrale ;
– d’utiliser le verre dans ses capacités de pointe (suppression de tout effet de serre) pour gérer un hors d’eau hors d’air qui ne nécessite aucun apport thermique et utilise systématiquement une circulation d’air naturel ;
– de proposer un chéneau d’articulation entre le volume du projet et la Cathédrale. Ce détail permet d’éviter tout scellement d’un matériau nouveau contre la Cathédrale, il permet également de gérer parfaitement l’écoulement de l’eau sur la façade ancienne ;
– de créer une structure en métal et bois dans un dispositif non orthogonal qui porte une table haute en acier, qui permettra de tout suspendre (bois, verre et éventuellement métal) ;
– de filtrer la lumière extérieure avec une peau de fonte d’aluminium perforé, un ensemble de verre qui fait le hors d’eau hors d’air et une paroi de bois suspendue qui enveloppe la verticalité du projet offrant au visiteur une composition de lueurs évoluant selon la journée et les saisons ;
– d’évider le sol au pied du mur de la Cathédrale afin de faire deviner la notion de sédimentation d’un nouveau bâtiment sur des fondations préexistantes du XIIIe siècle.
L’effet optique de l’entrée consiste à deviner de l’extérieur dans un premier temps le grand portail, puis glisser sous l’auvent créant un pincement optique qui prépare à la vision réaliste totale du portail à l’intérieur. Une autre idée du projet est que celui-ci constitue le pendant architectural de l’orgue dont la complexité est consacrée au son alors que le projet rajouté est une complexité technique consacrée à la sculpture de la lumière et à sa mouvance selon les moments de la journée et les saisons. Ainsi la richesse technique de l’orgue serait mise en écho avec une richesse technique du XXIe siècle dont le point commun serait l’évolution de matériaux communs : le bois, le cuivre, l’étain et toutes les évolutions contemporaines du métal. Enfin, il y a cette communauté de bâtiments soulevés entre l’orgue et le projet proposé.
Concernant la ventilation naturelle, un dispositif particulier est créé en automatisant selon les saisons, le vent, l’ensoleillement des ouvrant pivotants dans la partie vitrée basse du projet et des ouvrants à lamelles verticales pivotantes dans la périphérie haute du vitrage. Une étude spécifique de bureau d’étude sera faite en phase APD.
Concernant les fondations des quatre poteaux, elles sont prévues en micropieux de manière à diminuer l’impact de l’ancrage.
Pesanteur et Apesanteur
La Cathédrale actuelle offre un spectacle structurel d’élancement vers le ciel avec des appuis très fermes au sol. Le nouveau projet revendique l’inverse. Si la triple peau de l’enveloppe offrira, selon le moment de la journée des variations très spectaculaires de lueurs, la partie dégagée quasiment à hauteur d’œil ouvre un champ vers l’extérieur et le futur parvis.
Ce projet devrait appartient autant à l’espace public à venir qu’à la Cathédrale. Entrer dans la Cathédrale constitue un passage dans une masse percée et sculptée. Entrer dans le nouveau projet est « glisser » dans un espace intermédiaire qui préfigure le sacré mais participe encore optiquement et spatialement à l’extérieur.
Cette idée d’apesanteur architecturale est accentuée par les lames verticales de bois qui signifient l’entrée et filtre encore le portail puis ouvre le champ visuel total de celui-ci.
Concernant la sortie de la Cathédrale, l’éblouissement actuel sera quasiment sublimé et sculpté et l’impression de sortir du sacré sera accentuée par le grand volume de bois soulevé.
Sculpture du son – Sculpture de la lumière
Selon nous, le rapport d’échelle entre l’orgue et la nouvelle entrée est une réalité. D’un côté il y a une architecture qui sculpte le son, de l’autre il y a une manière d’actualiser avec les outils contemporains une sculpture de la lumière qui rejoint le sacré.
Pierre-Louis Faloci
Concours d’architecture pour la réalisation d’un ouvrage de protection du portail occidental de la Cathédrale d’Angers. Projet non lauréat.
Pour découvrir les autres projets :
A Angers, l’union sacrée du Maire, de l’Evêque et du Malin ? (Projet Kengo Kuma)
Le projet Rudy Ricciotti
Le projet Philippe Prost
Le projet Bernard Desmoulin