KAAN Architecten a livré en novembre 2020 à Loenen (Pays-Bas) un mémorial dédié à la mémoire des victimes néerlandaises de la Seconde Guerre mondiale et des conflits internationaux plus récents. Au programme de ce bâtiment multifonction de 583 m² : auditorium, espace éducatif, salle d’exposition, espace condoléances. Communiqué.
Conçu à la demande de la fondation néerlandaise des cimetières militaires (Oorlogsgravenstichting), harmonieusement intégré dans la forêt environnante, le bâtiment rejoint et relie le cimetière national de guerre de Loenen existant et le nouveau cimetière national des vétérans.
Le site de Loenen, l’un des deux seuls cimetières de guerre nationaux du territoire néerlandais, a été conçu par l’architecte paysager Daniel Haspels (1894-1954) peu de temps après la Seconde Guerre mondiale. Il se fait le reflet du paysage voisin, avec ses groupements d’arbres élancés, dans le respect de l’environnement paisible et réconfortant pour les personnes en deuil. KAAN Architecten a choisi de dessiner le bâtiment et les arbres simultanément, ces derniers décidant de la forme de la structure, dans un objectif de fusion entre l’architecture et la nature aménagée.
Le pavillon, d’une emprise de 52 x 19 mètres, s’étire le long de l’un des cinq axes fondamentaux du site, telle une fine ligne blanche horizontale installée parmi les pins et bouleaux longilignes. Vu d’au-dessus, il se situe entre deux étendues boisées, et bordé de deux ‘forest rooms’ selon la vision des architectes paysagers Karres en Brands.
Le pavillon Loenen a été conçu le plus étroit possible pour préserver un maximum d’arbres entre les deux espaces ouverts. Son horizontalité épouse délicatement la philosophie de Haspel : éviter les éléments verticaux qui pourraient perturber l’atmosphère naturellement apaisante. Pour cette raison, les pierres tombales du cimetière de guerre sont disposées à plat sur l’herbe.
L’atmosphère sereine a été obtenue par des choix architecturaux subtils proposant un bâtiment intime, mais à la fois ouvert et accueillant, masqué par des troncs d’arbres et pourtant visible. Des murs recouverts de pierre naturelle du sol au plafond, placés à des endroits stratégiques, accentuent cette alternance entre ouverture et fermeture.
Sur certains de ces murs, des assises dans la même pierre naturelle font face à la forêt et offrent aux visiteurs des lieux de repos et de contemplation. Le toit s’appuie sur les murs, telle une simple paroi horizontale avec des ouvertures ouvrant sur la cime des arbres et le ciel. Dirigeant d’une main de maître les perspectives vers l’intérieur, l’extérieur et à travers, KAAN Architecten a su conserver l’aura fragile de lumière et de tranquillité qui imprégnait déjà le cimetière national de guerre.
Chaque élément du pavillon Loenen se rattache aux notions de souvenir et de commémoration. Il n’y a pas de couloir, afin que le bâtiment demeure étroit et que les différentes fonctions s’enchainent logiquement de l’une à l’autre. L’auditorium est consacré aux rassemblements et aux cérémonies funéraires pour le cimetière national des vétérans, tout proche, et s’ouvre sur un espace multifonctionnel qui sert à la fois de zone d’exposition et d’information, puis enfin sur une salle de condoléances. Dans le cadre d’événements et de cérémonies importantes, l’auditorium et l’espace d’exposition peuvent former une pièce unique, sans séparation.
Ces différents espaces disposent chacun de leur propre identité et de leurs propres points de vue. La salle de condoléances offre des vues opposées, chacune orientée vers les ‘forest rooms’ dédiés respectivement aux enterrements de vétérans et au cimetière de guerre. L’auditorium, quant à lui, dispose d’une vue sur un horizon qui s’achève sur la croix située au milieu du cimetière de guerre. L’œil est attiré par une grande fenêtre qui donne l’impression d’une large ouverture dans le pavillon plutôt qu’une fenêtre classique. Des plafonds hauts et des débordements de toits sont garants de la flexibilité et contribuent à un sentiment d’espace ouvert.
Destiné à accueillir du public, avec une capacité pouvant aller jusqu’à 200 personnes, le pavillon Loenen exigeait un climat intérieur parfaitement maîtrisé. Les systèmes de ventilation et de chauffage par le sol, indispensables au confort thermique, ont été réalisés sans installation visible.
Se détachant en douceur de toute connotation religieuse, le pavillon et son intérieur véhiculent une atmosphère naturellement calme, du fait de la configuration spatiale ouverte non conventionnelle, l’abondance de lumière naturelle et le choix élégant de matériaux.
Distingué et subtil à la fois, le pavillon Loenen enrichit architecturalement le cimetière de guerre national en proposant un espace revigorant d’hommage et de consolation, tout en laissant la forêt protagoniste principal des lieux.