Il y a un an, jour pour jour, je décrivais mon nouveau quotidien d’agricultrice confinée dans les vergers d’orangers.* Bilan annuel : les saisons se suivent et se ressemblent… Pour autant, cette chronique permet de faire le point sur une année particulière, placée sous le signe de l’art. Chronique-Photos.
Mi-avril, entourée de mes amis agriculteurs, nous déclarions ouverte la saison de la fleur d’oranger. Un mois de cueillette intense au milieu de sublimes vergers s’annonçait !
Sur le plan agricole, les oliviers m’ont amené sur les lieux de vie de deux grands maîtres.
En novembre dernier, je signais une convention avec la mairie d’Opio pour m’occuper de deux oliveraies communales. L’une des parcelles, nichée dans le vieux village, appartenait à Jacques Henri Lartigue, célèbre photographe, qui y avait posé ses valises avec son épouse Florette dans les années 60.
Un mois plus tard, je renouvelais ce partenariat avec la mairie de Cagnes-sur-Mer pour aller cueillir les fruits des oliviers centenaires du domaine des Collettes. De cette magnifique oliveraie émane toute l’âme de Renoir. Après les avoir sauvés de la destruction, il s’en est inspiré pour plusieurs de ses toiles. Il y fera construire sa maison par l’architecte Jules Febvre, transformée depuis en musée où l’on peut admirer une partie de ses œuvres.
Je connaissais Renoir, l’illustre impressionniste. J’y ai découvert Renoir cultivateur, comme il aimait signer ses missives. Très attachés à la terre, avec sa femme Aline, le domaine vivait au rythme des saisons agricoles. En plus des oliviers, le couple a fait planter une trentaine d’agrumes dont une vingtaine d’orangers amers.
Côté récolte, l’aventure continue car après les olives, j’aurais l’honneur de marcher dans les pas d’Aline Renoir et de perpétuer les gestes ancestraux en transformant fruits et fleurs de l’orangeraie centenaire. De cette cueillette enivrante naîtront confitures et eaux de fleur d’oranger.
Pour couronner le tout, j’ai eu l’immense chance de me retrouver face au tableau de Renoir le temps d’une séance photo. Ce cliché de l’huile sur toile représentant la ferme des Collettes et peinte par le maître en 1915 viendra illustrer les étiquettes des produits issus du domaine. Utiliser son premier métier pour servir son deuxième, je crois que la boucle est bouclée.
Côté photographie d’architecture, une mission pour la scénographe Birgitte Fryland m’a amené sur les traces du voisin et confrère contemporain de Renoir, Henri Matisse. Le temps d’une séance photo de l’exposition Métamorphoses au Musée Matisse de Nice, j’ai eu le privilège de me retrouver seule face aux sculptures du peintre néo impressionniste.
Milène Servelle
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* Voir Chronique agricole d’une photographe confinée (dans les orangers)