Le théâtre Maurice Novarina, à Thonon-les-Bains (74) a retrouvé tout son éclat avec une réhabilitation signée de l’agence grenobloise Wimm Architectes (mandataire), assistée de Carine Bonnot, (Silo Architectes), de Grenoble également. Communiqué.
Le contexte : une réhabilitation emblématique
Sur la rive du lac Léman, à Thonon – les – Bains, le théâtre Maurice Novarina fut, en 1966, l’une des premières Maisons de la Culture voulues par André Malraux. Instrument de démocratisation culturelle, il orchestrait la fluidité d’espaces multiples logés dans un polygone vitré appuyé sur un bâti en béton, réservé à l’administration.
Cinquante ans d’usure et de remaniements plus tard, la ville a lancé une rénovation aussi technique qu’essentielle pour l’esprit du lieu : la réfection de l’étanchéité des toitures, le traitement des accès et, point clé, le remplacement de la façade vitrée, abîmée et véritable passoire thermique.
L’enjeu : revenir aux fondamentaux
Le maître d’ouvrage a validé la proposition de Wimm Architectes, mandataire attentif aux fondamentaux de la modernité, associé à Carine Bonnot (Silo Architectes), auteure d’une thèse sur l’architecte qui donne désormais son nom au lieu : Maurice Novarina (1907-2002).
«Le projet, clairement identifié et avec un programme précis, s’est révélé à la fois fonctionnel, contemporain et très respectueux de l’oeuvre d’origine», souligne le maire de Thonon-les-Bains, Jean Denais.
L’intervention technique a impacté l’aménagement intérieur (1 353 m²). Les circulations et les prestations initiales ont été recrées, de même que les vues sur la ville et le lac. L’emprise au sol a été élargie en élevant deux murs rideaux espacés de 1,20 m, l’un en façade, l’autre à l’intérieur sur trois ou deux pans selon les reconfigurations intérieures. A l’étage, deux grandes alcôves en verre créent des haltes-retraits dans la façade vitrée.
Epure et transparence
Côté menuiseries, les architectes se sont orientés vers une solution répondant aux exigences d’épure initiale et de transparence radicale. Objectif : retrouver la finesse et le rythme serré de la façade d’origine tout en supportant les lourds, car très hauts (4 m), vitrages isolants extra-clairs et couche solaire. Un dispositif de mur-rideau à trame verticale se déploie ainsi sur un total de 840 m².
Performance et convivialité
Au terme de douze mois de travaux, le théâtre, tel un navire de verre en quasi lévitation sur l’espace public, est redevenu un lieu de culture et d’échanges confortable et convivial. De jour comme de nuit – avec les éclairages en forme de polyèdre conçus par C3-Cube –, la transparence enfin restituée joue pleinement son rôle d’ouverture et de lien avec la cité.
«La transparence était l’un des éléments de langage de Maurice Novarina ; ici, elle est d’autant plus un outil de médiation avec le public que nous avons opté pour un vitrage extra-clair, annihilant presque les frontières entre extérieur et intérieur en dépit des deux murs rideaux», explique Patrick Arrighetti, de Wimm Architectes.
«D’ailleurs, le rythme des montants a été longuement étudié pour garantir cet effet ; celui du mur rideau intérieur est plus espacé : il se cale sur celui de la façade, très proche de l’originel, donné par celui des caissons pyramidaux du plafond (tous les 77 cm), en adoptant un rapport de un sur trois. Sur un plan strictement technique, le choix s’est porté sur des épines les plus fines possibles, qu’il a fallu percer de manière à placer les ailettes acier de l’extension», conclut-il.