Mickaël Martins Afonso et Caroline Escaffre-Faure sont lauréats du prix du jury du Festival des architectures vives avec leur projet la tête dans les nuages. L’occasion de redécouvrir le travail de ce jeune designer bordelais dont ce petit appartement de 45m² livré en 2014 avec l’atelier miel. Située dans un immeuble de pierre en plein cœur du centre historique de Bordeaux, le défi de cette réhabilitation était de concevoir un petit espace dans lequel toutes les fonctions d’un grand y seraient présentes. Communiqué.
«Jeu de mise en scène par la lumière»
La principale potentialité du lieu résidait dans sa grande luminosité grâce à ses dix fenêtres qui lui permettent de bénéficier de toutes les orientations (nord, sud, est, ouest) et lui confère un caractère chaleureux. Un bois clair et sobre comme matériau principal vient ainsi renforcer cette ambiance. Pour les mêmes raisons, les architectes ont conservé et retravaillé le parquet en châtaignier existant, en venant révéler sa teinte subtilement dorée, singulière à cette essence de bois.
La lumière se reflète alors dans les murs et volumes habillés de blanc, jouant avec le bois, qui se pare de tonalités et nuances différentes selon le moment de la journée, telles des mises en scène successives de ce volume. Ces teintes claires sur toutes les surfaces ont contribué à agrandir visuellement l’espace.
«Optimisation de l’espace»
Cette contrainte de l’espace restreint a guidé les concepteurs vers des solutions induisant de nouvelles formes d’appropriation de l’espace par les usagers. Cela se matérialise par la création de plans sur différents niveaux, servant à s’asseoir, s’allonger, travailler, manger… Le dessin de deux bandes construites parallèles génère l’espace du séjour au milieu.
La première se développe le long du mur, offrant une grande bibliothèque posée sur un podium qui permet d’une part de s’asseoir, de monter dessus pour accéder à la bibliothèque, de ranger ou sortir la table de la salle à manger et d’accéder à la pièce de lecture. Sous le podium sont dissimulés de nombreux rangements sur roulettes, facilement accessibles.
La pièce de lecture, à l’extrémité, faite de petites bandes de matelas disposées sur le podium, donne vie à un véritable cocon appelant à la détente. En dessous, se cache un bureau d’appoint, comprenant tous les rangements nécessaires et offrant un espace de travail agréable, naturellement éclairé. Celui-ci peut se refermer rapidement à l’arrivée d’invités par exemple, afin qu’ils ne puissent même pas soupçonner son existence, tel un décor de théâtre que l’on changerait à sa guise.
La seconde bande construite, sur le mur opposé, articule la buanderie, la cuisine et l’escalier.
La buanderie étant une petite pièce haute sous plafond, elle fut investie sur l’ensemble de son volume. Sur un des murs, s’organisent des rangements sur toute la hauteur avec, en plafond, des éléments rétractables servant à étendre le linge.
La cuisine se matérialise telle une péninsule autour de laquelle tous les éléments sont accessibles, profitant de son plan de travail qui se déploie, afin d’y accéder depuis tous les côtés. Cet espace se veut discret en minimisant son impact quand l’heure n’est pas au repas. Dans cette optique, tous les électroménagers sont donc intégrés mais dissimulés.
L’escalier n’échappe pas à la règle et recouvre de nombreux rangements. Un volume blanc en hauteur délimite l’emprise de la cuisine et l’articule avec l’escalier en se retournant en garde-corps.
A l’étage, face au palier, la cloison s’épaissit et se transforme en véritable meuble sur toute la hauteur, générant l’espace de la chambre tout en la séparant des autres pièces. Un petit volume pénétrant en bois, dans l’angle opposé de la chambre renferme le dressing. Les portes sur pivot séparant la chambre et les toilettes s’effacent dans l’espace, prenant l’apparence d’un mur continu.
Le mur du fond des toilettes se dessine tel un ruban depuis le sol, dans lequel on retrouve des rangements.
Le marbre fait son apparition dans la salle de bain. Tout en gardant les dessins de veinage qui lui sont propres, celui-ci prend une texture sablée qui lui confère un aspect brut tout en lui donnant ainsi une apparence contemporaine et sobre, en harmonie avec le reste de l’appartement. Une des particularités de cette salle de bain est sa fenêtre supplémentaire dans la douche, inondant ce petit espace de lumière, lui procurant ainsi une toute autre dimension.
Tout a été pensé et conçu dans le détail, afin que chaque chose trouve sa place et ne vienne encombrer l’espace libre. Il en résulte un véritable lieu appelant à la détente, où toutes les surfaces sont à investir : on peut aussi bien s’allonger sur le podium du séjour, qu’au-dessus de la cuisine…