L’agence Franklin Azzi Architecture a livré en 2022 dans la Grande Arche de La Défense, pour Weinberg Capital Partners, maître d’ouvrage, un programme (2 000 m²) de bureaux comptant notamment auditorium, restaurant, business center, conciergerie, salle de sport, espace de réparation et parking vélos. Budget : 4 M€. Communiqué.
Contexte et enjeux
Pièce maîtresse de la Tête Défense, la Grande Arche s’inscrit dans l’axe historique de Paris. Emblème d’une architecture héroïque qui marqua la fin du XXe siècle, ce cube évidé, haut de 110 mètres, impose sa géométrie majestueuse autrefois exaltée par son fameux marbre de Carrare blanc immaculé.
Les années ont passé, le monde du travail comme les attentes des utilisateurs ont profondément changé. La mono-fonctionnalité de la Grande Arche, dévolue aux seuls mètres carrés de bureaux, n’est plus en phase avec notre époque contemporaine. Dans ce bâtiment-logotype, chargé d’histoire mais vieillissant, l’objectif est de retrouver lisibilité et attractivité grâce à l’apport de nouveaux usages et la requalification des espaces existants.
La mission confiée à Franklin Azzi porte sur la rénovation du socle de l’Immeuble de Grande Hauteur (IGH), au R+3, et des accès situés au R+0, un chantier mené en site occupé.
Tout l’enjeu est de mettre en valeur le squelette de cette prouesse architecturale que constitue la Grande Arche, de lui redonner ses lettres de noblesse, de retrouver un socle actif et ouvert sur la Défense, d’introduire des programmes et des services inédits pour franchir une étape sociétale : passer d’un lieu monofonctionnel à un lieu de destination.
Concept et parti pris architectural : révéler l’architecture originelle
C’est une intervention chirurgicale qui a prévalu pour mener ce projet. Il fut précédé d’une compréhension fine de ce bâtiment-monument, assorti d’une analyse patrimoniale poussée. Franklin Azzi s’attache à révéler l’architecture de la Grande Arche en la libérant des couches qui s’étaient agrégées au fil du temps, afin de redonner à voir la lecture du squelette de béton.
Reprenant la trame initiale, toutes les interventions mises en œuvre, sont distinctes de l’existant et à ce titre, totalement réversibles. Cette approche minimaliste prend en compte les contraintes techniques et le confort d’usage, tout en respectant l’histoire des lieux.
Habiter l’espace
D’un point de vue programmatique, une palette de nouveaux services vient enrichir et augmenter cette paroi nord qui retrouve ainsi une dimension humaine. Des kiosques de services ainsi que le mobilier s’installent dans les différents espaces. Ils deviennent le support de la vie dans un lieu aujourd’hui plus poreux et plus flexible qui a regagné en attractivité grâce aux nouvelles possibilités qu’il offre.
Ouverture et transparence
L’une des problématiques principales concernait le manque de transparence, d’ouverture et de lumière qu’il fallait corriger. Cette quête d’un confort accru pour l’utilisateur est le fil conducteur du projet.
Ouvrir la perspective et créer des situations traversantes permet de revenir aux fondamentaux de ce bâtiment dont la compréhension était devenue complexe.
Pour améliorer la lisibilité, un travail essentiel est mené sur la gestion des flux, afin de les hiérarchiser, de les clarifier et de les rendre plus intuitifs pour les utilisateurs. À ce titre, la signalétique joue un rôle essentiel. Pensée de concert avec Yorgo Tloupas, elle fait corps avec l’architecture imaginée par Franklin Azzi.
Le hall
Au sommet des escaliers, sur le parvis de la Grande Arche, le R+3 est le niveau d’entrée principal. Le hall d’accueil est entièrement repensé afin que cet espace autrefois peu hospitalier gagne en lumière et en transparence.
L’espace est évidé du second œuvre qui l’encombrait tels les faux plafonds ou le cloisonnement, révélant le squelette de béton originel. Il en résulte un espace aux accès fluidifiés où la technique, intégrée au projet, s’efface derrière l’inox, matériau phare de cette réhabilitation.
Mise en valeur, la fresque monumentale de Jean Dewasne, installée en 1989, retrouve de sa superbe.
Les lobbies
De part et d’autre de l’entrée, les lobbies deviennent des espaces à part entière, et non plus des lieux de passage. Véritables zones tampons, ils invitent à la pause, se prêtant aux temps de travail plus informels grâce aux assises confortables et aux kiosques abritant différents services.
L’auditorium et le restaurant
Le restaurant et l’auditorium s’installent dans les espaces trapézoïdaux situés aux extrémités du périmètre d’intervention. Pensés pour fonctionner de façon autonome, ils forment les interfaces privilégiées avec le monde extérieur, pouvant être tour à tour utilisés par les utilisateurs des bureaux mais aussi d’autres publics.
Ces deux programmes permettent de ramener la vie dans la Grande Arche et échapper à la mono-fonctionnalité.
Dans le restaurant comme dans l’auditorium, la part belle est faite au bois, créant une atmosphère domestique chaleureuse. Comme ailleurs, le béton existant est révélé, de même que la volonté d’offrir une expérience qualitative aux utilisateurs.
Les sas d’entrée
En pied de bâtiment, le R0 présente une façade opaque à laquelle des sas d’entrée et des services ont été ajoutés, sans sacrifier l’opacité originelle de la façade. Les accès sont requalifiés et de nouveaux services s’installent.
« Conçue par Johan Otto von Spreckelsen, la Grande Arche était un bâtiment gestuel, adressé pour l’horizon lointain, et non pour l’utilisateur. Nous voulions insuffler de la vie en son sein, tout en conservant l’écriture architecturale initiale. Respecter l’héritage d’une œuvre qui a marqué son époque, extrêmement symbolique, c’est une réelle responsabilité. Notre fil directeur ? Etre juste et ne pas toucher au concept fondateur pour s’éviter un contresens historique, ce qui requiert une certaine forme d’humilité. Nous n’avions pas envie d’imposer une nouvelle signature à ce versant nord, mais seulement d’accompagner sa transformation de manière chirurgicale, même si les travaux ont été conséquents », explique Franklin Azzi