ZAC Paris Rive Gauche (XIIIe arrondissement), îlot Fulton, Anne-Françoise Jumeau Architectes (AFJA / Périphériques) a livré en avril 2023, pour ICF Habitat La Sablière maître d’ouvrage, un programme de 120 logements sociaux et intermédiaires, deux commerces et parking. Surface 8 232m² SDP. Coût : 21 M€ HT. Communiqué.
Situé en bord de Seine, le site s’inscrit dans un des paysages les plus privilégiés de Paris, et dans un quartier au sud de la gare d’Austerlitz en pleine mutation.
Volumétrie
La volumétrie du projet résulte des contraintes tant géométriques réglementaires de gabarit et de prospect que des prescriptions urbaines de l’îlot rédigées par l’agence Brenac & Gonzalèz. Le projet se compose ainsi d’un socle (R+1) qui donne une échelle piétonne au bâtiment. Il est composé de deux commerces et de logements en duplex sur rue et sur jardin. Sur ce socle repose deux émergences, le bâtiment A (R+11) visible de l’avenue de France qui comprend 55 logements intermédiaires et le bâtiment B (R+9) composé de 65 logements sociaux.
Habitat
Ces deux émergences sont facettées afin de minimiser les impacts visuels et d’ensoleillement les unes par rapport aux autres. Ces effets de biseau sont accompagnés d’un traitement de balcons et de terrasses saillants permettant à chacun d’avoir un espace extérieur. Ce « canyon » en cœur d’îlot est une percée urbaine offrant un axe de vue vers la Seine. Ces formes complexes ont été vecteur de richesse typologique dans la répartition et l’organisation des logements, en effet la majorité des logements bénéficient d’une double ou d’une triple orientation et d’espaces extérieures (loggias, balcons, terrasses).
Architecture
Le projet se compose de deux types deux façades. Les façades sur rue sont réalisées en enduits clair, et percées de baies déclinées en deux formats, dont le rythme répétitif reflète l’organisation intérieure des volumes. Le socle est quant à lui souligné par un habillage céramique. En contraste, les façades en cœur d’îlot sont plus expressives très largement vitrées, elles sont séquencées par des trumeaux réguliers et des balcons filants « plissés et ondulants » qui dynamisent le cœur du projet.
Paysage
Le paysage se lit à tous les étages, il constitue un élément de façade à part entière. Cette volonté s’accompagne d’un souhait, celui de créer des situations habitantes, des lieux d’appropriation mais également des lieux d’intimité, des espaces protégés. Le jardin traversant d’est en ouest, légèrement surélevé par rapport à la rue (cote PPRI), constitue une respiration, une lanière luxuriante d’ombre et de lumière qui attire l’œil du passant.
De nombreuses circulations permettant de relier les bâtiments entre eux, sont accompagnées de plantations arbustives denses – alternant feuillages caducs et persistants à floraisons discrètes –, de bosquets d’amélanchiers ponctués de pins sylvestre, créent un vaste massif arbustif. Ces plantations – en mélange avec des vivaces à fleurs bleues et blanches et tapissantes – dont le feuillage évolue au fil des saisons – constituent un tapis sobre et homogène qui met en scène les bâtiments d’habitation et révèlent leurs richesses architecturales.
Le paysage du rez-de-jardin se prolonge aux étages ; les plantations colonisent chaque espace disponible : balcons, terrasses, toitures, créant de multiples jardins suspendus qui profitent à tous les étages à l’ensemble des habitants du bâtiment.
Marbre de Fulton
La réalisation de cette œuvre d’art est née de la demande de la maîtrise d’ouvrage, ICF Habitat la Sablière, de garder, au sein du nouveau projet de l’îlot Fulton, une mémoire des anciens bâtiments existants, ceux de la « cité Fulton » construit par l’architecte Daniel Michelin, dans les années 1950.
Le Marbre de Fulton est une création de l’artiste Stefan Shankland, une sculpture horizontale réalisée dans les halls de chacun des immeubles du lot A5A2. Le Marbre de Fulton reprend en les adaptant les principes du Marbre d’ici : un protocole artistique développé par Stefan Shankland.
Le Marbre d’Ici est un béton produit à partir du recyclage de gravats issus des démolitions d’immeubles qui sont triés par nature et par couleur, concassés et tamisés. Mélangés à un liant hydraulique et à de l’eau, malaxés et coulés en strates ou en marbrures, les ruines urbaines et les déchets de chantier sont transformés en un nouveau matériau noble à haute valeur ajoutée esthétique, écologique et patrimoniale.
Le Marbre de Fulton a été réalisé à partir de gravats glanés lors de démolitions sur la ZAC Paris Rive Gauche (Paris XIIIe) et par la récupération méthodique des déchets de chantier de construction des immeubles Fulton. Briques rouges, dalles en béton gris et éléments de façade en céramique blanche ont été concassés puis intégrés au coulage de la chape de béton liquide au sol. Les effets de marbrures sont obtenus par le mélange manuel des différentes strates de bétons colorés.
Les motifs au sol évoquent tour à tour les méandres d’un fleuve, la vue aérienne d’un territoire liquide, des strates géologiques en formation, des vortex charriant des débris, un magma de particules cosmiques… Des formes et des images qui renvoient à la Seine et à ses crues et aux transformations du paysage francilien façonné au cours des ères géologiques par l’accumulation de strates de sédiments, par l’érosion glacière et par l’action humaine ; ou bien encore aux chantiers de démolition et aux excavations du sous-sol qui ont précédées le processus de construction des immeubles actuellement en place.
Le Marbre de Fulton est ainsi à la fois un béton recyclé local et une matrice universelle qui renvoie aux mutations qui façonnent le monde.