À Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), pour Adoma, CDC habitat maîtrise d’ouvrage, l’agence croixmariebourdon architectes associés (Thomas Bourdon, Nicolas Croixmarie) a livré en 2022 la restructuration, surélévation, extension en site occupé et transformation d’un foyer de travailleurs en résidence sociale de 115 logements. Surfaces : 3 306 m² SPC. Budget travaux : 7.4 M€ HT. Communiqué.
« La résidence De Gourcuff prend place dans un quartier en renouveau de Boulogne-Billancourt, en bordure de l’ancien trapèze Renault. Elle profite d’une situation exceptionnelle en lisière d’un parc urbain profitant d’équipements modernes et de grande qualité. En cœur d’îlot, elle s’ouvre sur un espace résidentiel où des arbres majestueux et des jardins thématiques forment un cadre apaisé et domestique. La résidence accueille des familles et des personnes âgées qui profitent ainsi d’un cadre agréable et de services de grande qualité. Cette résidence n’est pas neuve. Il y a quatre ans encore, elle abritait un Foyer de Travailleurs Migrants auquel, par des choix justes et attentifs à l’usage, nous avons souhaité donner une nouvelle dignité sociale et urbaine », explique Thomas Bourdon, architecte-urbaniste associé croixmariebourdon architectes associés.
Un nouveau modèle résidentiel
Le Foyer de Travailleurs Migrants (FTM) existant compte 124 chambres indépendantes, avec des cuisines et des sanitaires communs, répartis par étage. Ce type de foyer a autrefois permis de résorber les bidonvilles qui proliféraient aux entrées des villes des trente glorieuses. Ces chambres pour célibataires, surpeuplées et aux espaces communs difficiles à gérer, sont devenus obsolètes, loin des normes et des besoins actuels.
Le Plan Stratégique du Patrimoine de Adoma a pour objectif de transformer l’ensemble des Foyers en Résidences Sociales. Composées de logements indépendants et meublés (T1, T1bis), elles accueillent les anciens résidents et de nouveaux publics (couples, familles monoparentales, jeunes travailleurs).
A Boulogne-Billancourt, le foyer de la rue de Meudon compte une grande part de travailleurs des anciennes usines Renault, aujourd’hui âgés. Le bâtiment, austère et vétuste, contribue à la stigmatisation de ses résidents, au sein d’un quartier transformé par le départ des usines et le développement d’un nouveau projet urbain.
L’opération, réalisée en site occupé, répond ainsi à un double objectif : offrir des conditions de vie et un parcours résidentiel décents aux résidents et réinsérer la résidence dans un nouveau contexte urbain.
Densification et modération
La résidence prend place sur une parcelle profonde, au sein d’un vaste îlot, bordé à l’ouest par de hauts immeubles, et à l’est par des maisons de ville. Le foyer existant utilise un bâtiment linéaire en R+7 sur un niveau de sous-sol. Le reste de la parcelle, non bâti, est occupé par une aire de stationnement à l’abandon, en continuité du vaste jardin d’une résidence mitoyenne. L’ensemble dégradé forme néanmoins un espace qui contribue au dégagement visuel des constructions alentours.
Le programme d’origine de l’opération prévoit la réhabilitation du bâtiment sur rue (transformation des chambres en studios) et la reconstitution du nombre de logements par la construction d’un bâtiment en R+4 en cœur d’îlot.
L’originalité de la réponse des architectes porte sur une lecture astucieuse du bâti existant et des données urbaines pour proposer une approche associant la densification sur rue et la modération en cœur d’îlot.
Le projet valorise le foncier existant par une restructuration/extension opportuniste. En cœur d’îlot, le parti minimise les interventions en construisant deux plots domestiques sur un socle paysager qui agrémente l’ensemble des logements avoisinants.
Valoriser le déjà construit
La modération d’échelle en cœur d’îlot s’appuie sur une forte valorisation fonctionnelle de l’existant. Les architectes transposent ici leur expérience en transformation du patrimoine. Leur démarche de « Réhabilitation Opportuniste » est basée sur l’identification d’espaces ou de dispositifs peu/pas utilisés, devenant support d’innovations d’usages et techniques dans des contextes contraints et habités. Le bâtiment existant présente une distribution emblématique des FTM.
Sur la base d’une symétrie entre rue et cour, des chambres de petite dimension sont desservies par des circulations étroites encadrant une bande centrale de locaux communs (services, sanitaires). Le dispositif est inversé. La bande de service devient une desserte généreuse qui permet d’intégrer les gaines accessibles en parties communes. La surface des anciennes circulations est attribuée aux chambres agrandies, transformées en studios indépendants.
La trame de refends est ouverte pour composer des logements aux normes actuelles (3 trames pour 2 logements). La circulation centrale profite de lumière naturelle par le nouvel escalier en façade et la création d’un prolongement sur le nouveau jardin.
Qualité d’usage
L’organisation du bâtiment existant, comme celle de la construction neuve en cœur d’îlot s’appuient sur de mêmes objectifs qualitatifs et fonctionnels : abondance de lumière naturelle, relations riches à l’extérieur, finitions sobres, durables et de grande qualité. Chaque logement profite ainsi des atouts programmatiques d’une opération neuve, augmentés des spécificités contextuelles de l’existant.
La nouvelle résidence sociale présente des espaces communs d’une grande qualité : valorisation des percées vers le jardin en cœur d’îlot à travers un hall et un porche généreux, mise en scène des circulations verticales rayonnant en façades, création de locaux communs ergonomiques.
Afin d’éviter l’aspect stigmatisant d’une répétition de baies liée au programme homogène, le dessin des façades présente une expression résidentielle par association de baies. Les enveloppes valorisent un registre réduit de matériaux, décliné de façon différenciée entre le bâtiment collectif et l’intermédiaire (enduit blanc, zinc anthracite, métalleries).
Par sa grande qualité spatiale et architecturale, la nouvelle résidence sociale ne se distingue pas du patrimoine résidentiel local. Elle contribue à former une image valorisante du logement social, à inscrire chaque locataire dans un parcours résidentiel courant, à donner une nouvelle dignité aux femmes et aux hommes qui l’habitent.
Vivre au jardin
La création d’un jardin d’agrément complète et finalise la transformation du foyer de travailleurs migrants en résidence sociale. Le projet paysager tire parti de l’ombrage et de la fraîcheur de l’îlot urbain en associant un jardin horticole et un jardin boisé. Une succession de jardins suspendus et de plates-bandes reçoivent des plantations de vivaces et des sujets horticoles, créant une animation domestique et évolutive au fil des saisons.
En périphérie, des couvre-sols robustes, des massifs arbustifs variés, et un verger résidentiel composent des séquences et établissent des continuités visuelles avec le jardin voisin. Ponctuellement, des arbres de haute tige animent ce nouveau paysage. Ces sujets exceptionnels prolongent le jardin existant au nord. Ils soulignent des perspectives et accompagnent les nouvelles constructions.
L’ensemble intègre des espaces différenciés qui permettront au gestionnaire d’adapter l’utilisation du jardin dans la durée. La conception s’appuie sur le choix de végétaux ne nécessitant pas d’entretien particulier une fois la période d’installation passée (arrosage, tonte, taille). L’équipe se mobilise dans un suivi renforcé dans la durée qui permet d’adapter la palette végétale selon les observations et le retour d’expérience entre Adoma, l’entreprise et la maîtrise d’œuvre.