L’agence aixoise Panorama Architecture (Ignacio Tillard et Olivier Brouwez) a livré en 2023 à Marseille (Bouches-du-Rhône), pour le Conseil départemental maître d’ouvrage, la reconstruction du collège Joséphine Baker qui accueille plus de 600 élèves. Coût : 17 M€ HT. Surface : 6 691 m². Communiqué.
L’enjeu
Le collège Versailles, édifié en 1966 dans le troisième arrondissement de Marseille, et rebaptisé Joséphine Baker en 2023, vient de vivre une mue radicale. Un nouveau bâtiment entièrement neuf vient remplacer, sur le même site, l’ancien établissement vieillissant. L’opération consistait donc en la démolition puis la reconstruction du collège d’une capacité de 600 élèves, ainsi que la réhabilitation du gymnase.
Le chantier s’est déroulé par phasage avec la mise en place de locaux provisoires et la démolition des édifices existants après réalisation du collège neuf. Pour le maître d’ouvrage, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, il s’agissait bien d’un dossier prioritaire dans la mesure où l’établissement particulièrement vétuste était aussi confronté à des difficultés récurrentes de violence et d’incivilités.
La construction d’un bâtiment neuf offre aux élèves et aux professeurs un cadre de vie durablement enrichi et ouvre une nouvelle ère dans l’histoire du collège. Les travaux, inscrits dans le Plan Charlemagne, se sont étalés de 2019 jusqu’en 2022, pour un montant total de 24 millions d’euros.
Le nouveau bâtiment préserve une capacité d’accueil de 600 élèves et est doté d’un amphithéâtre, d’un gymnase, d’un plateau sportif, de six logements de fonction et de 60 places de parking.
Le projet
Le projet, à savoir la démolition et reconstruction du collège, s’inscrit dans un site urbain complexe. L’établissement occupe une zone urbaine enclavée, dans un environnement bruyant du fait de la
proximité immédiate de l’autoroute. L’enjeu majeur du projet visait donc à renouveler intégralement le bâti, tout en veillant à atténuer les désagréments du site.
Le parti d’aménagement était aussi de conserver l’ancien collège pendant la durée du chantier, pour assurer le phasage de l’intervention en site occupé, et de construire le nouvel établissement sur l’espace public disponible. Respectant les limites imposées, le nouveau collège s’implante au sud de la parcelle sur une épaisseur de 17m dans une forme en « V » dont la base prend appui sur le parvis d’entrée.
Les qualités architecturales
Le défi du projet repose sur une prise en compte attentive des contraintes du site. Les choix architecturaux viennent servir l’objectif d’ergonomie et d’économie globale de l’édifice. Les façades extérieures s’imposent à travers leur murs de soubassement en béton blanc ordonnancés selon un large calepinage. Certains panneaux sont ajourés selon un motif progressif, s’inspirant des claustras méditerranéens.
Ces façades épousent la forme en V du bâtiment qui prend l’apparence d’un livre ouvert. Elles se rejoignent sur un hall vitré offrant une entrée à la fois lumineuse et généreuse.
La mise en scène de l’entrée principale du collège permet à la fois d’exprimer l’autorité de l’institution républicaine que représente ce bâtiment dédié à l’éducation tout en offrant un accès fonctionnel, sécurisé et agréable aux élèves et enseignants. Les parois extérieures, faites de masses importantes, permettent de protéger le bâtiment d’éléments de contexte plus ou moins préjudiciables : l’autoroute et ses nuisances sonores à l’ouest, un important vis-à-vis avec un immeuble d’habitations à l’est.
À l’intérieur du V, l’atmosphère est toute autre. Les façades se déploient en des parois largement vitrées, rythmées par des structures répétitives, permettant de filtrer et diffuser une lumière apaisée tout en jouant le rôle de protection solaire. L’éclairement des salles s’opère par un système de patios. Le parti architectural, d’inspiration méditerranéenne, offre au bâtiment une valeur protectrice grâce à l’épaisseur de ses parois et la masse de l’édifice. On y retrouve également une présence importante d’éclairage naturel, de jeux d’ombrages et de protections solaires.
La compacité du bâti répond non seulement aux contraintes du site mais aussi à la prise en compte de préoccupations de développement durable et d’économie générale du projet. Dans le respect du site, sans en traumatiser la physionomie, l’agence a cherché à apporter au nouveau collège à la fois sobriété et élégance. La qualité d’inertie de l’édifice lui confère une certaine autorité mais aussi de la douceur et de la sérénité.
Le travail rigoureux sur l’orientation de l’ouvrage, la recherche d’ombres portées et l’usage de lumières naturelles y contribuent.
La qualité globale collège Joséphine Baker est bien d’offrir aux élèves, comme au corps enseignant, un établissement agréable, généreux et où il fait bon vivre. Un lieu où l’apprentissage puisse générer appétence et plaisir.