Que le premier qui n’a pas fantasmé habiter dans une des plus curieuses villas de l’architecte américain John Lautner (1911 – 1994) jette la première boule de bowling à Jeff Lebowski. Même le ‘Dude’ n’en est pas revenu quand il est entré dans la somptueuse ‘Sheats-Goldstein residence’, dans le film des frères Cohen. Les villas de Lautner sont bien plus que de simples décors de film. Alors que les objets, les vêtements ou encore les voitures tendent à dater les films, et par conséquent, à les démoder, ses maisons restent intemporelles. Les films à l’affiche.
The Elrod House dans le 7ème opus de James Bond, Diamonds are forever de Guy Hamilton (1971)
The Elrod House est située en Californie et illustre à merveille, depuis 1968, ce que John Lautner appelait la «free architecture», créant un lien privilégié entre la nature et l’architecture, jusque dans certains rochers, qui restaient dans la maison. Entre béton, bois, acier et formes avant-gardistes, Lautner pensait que l’architecture devait améliorer la condition humaine, notamment en instaurant un lien étroit entre l’homme, l’espace et la nature.
The Chemosphere, Body Double, Brian de Palma, 1984
Le film de Brian de Palma brillait moins que les diamants de James Bond, mais avait tout de même pour scène la mythique maison de Lautner. Ces larges baies vitrées et incurvées, en hauteur, invitent à une vue imprenable sur Los Angeles. L’ovni fait également une brève apparition dans Charlie et ses drôles de Dames, dans un épisode des Simpson et dans le jeu vidéo Grand Theft Auto: San Andreas. Edifiée en 1960, cette villa porte encore en elle bien des espoirs et des images.
Silvertop, Neige sur Beverly Hills, Marek Kanievska, 1987
La Silvertop House est une maison futuriste, imaginée en 1956. Silvertop est la première villa dessinée par l’architecte américain. La villa tient son nom de son dôme en béton qui suit la colline. Dans ce film, adaptation de Less Than Zero, premier roman de Bret Easton Ellis, le verre et le béton ajoutent à la réception froide réservée à Clay Easton, à son retour de l’université.
The Sheats-Goldstein Residence, The Big Lebowski, Joel et Ethan Coen, 1998
Cette villa fut dessinée en 1963, en acier et en bois, sur les hauteurs de Los Angeles. Une des plus belles vues de la colline sans doute. La villa prend la forme d’un triangle et des verres ont été insérés dans le toit. Dans l’opus des frères Cohen, la part belle est faite au mobilier, dessiné par Lautner. L’architecte fut fortement influencé par son maître, Franck Lloyd Wright, un autre grand fournisseur de villas cinégéniques.
The Jacobsen House, Twilight, Robert Benton, 1998
La Jacobson House date de 1947. C’est une des maisons les plus modestes de Lautner. Sans murs porteurs, elle est entièrement coiffée d’un grand toit hexagonal qui protège l’intérieur de la maison tout en restant complètement ouvert. «Il voulait construire des maisons intemporelles, il aimait se décrire comme un architecte classique hors des styles (…). Ses maisons étaient faites sur mesure pour les gens qui allaient les habiter, pour s’adapter à leur vie et la rendre plus belle. Ce qui a été le cas, mais les maisons durent plus longtemps que les gens…», racontait Helena Arahuete, une fidèle collaboratrice de John Lautner.
The Schaffer House, A Single Man, Tom Ford, 2009
Les objets de Lautner provoquent tous un effet saisissant. La Shaffer House, construite en 1949 n’y fait pas exception. Elle vit paisiblement en plein cœur de la montagne, sous un chêne centenaire. Ici, la création n’est pas visionnaire comme sa production future mais tire toute sa force du lien existant entre le chêne et la maison. Tom Ford en fit un des personnages de son premier film, la mémoire de la tragédie vécue par George, alias Colin Firth.
Léa Muller