L’architecte parisien Dubois est parti en vacances architecturales au Brésil, avec Gloria da Silva, également architecte, qu’il a retrouvé chez elle à Florianopolis. Un voyage qui ne se passe pas comme prévu, encore moins dès que Dubois est identifié. L’incroyable aventure de l’architecte se poursuit alors que les soupçons le concernant se font plus pressants du Brésil jusqu’en Italie. (2/4).
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« La presse est une école d’abrutissement parce qu’elle dispense de penser ».
Gustave Flaubert
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Samedi 3 février – Turin, Italie
Dans les pages locales de La Stampa, à la rubrique Faits divers, un article signé Lorenzo Antonetti et titré : Sullo sfondo lo spettro di Gina Rossi (Le spectre de Gina Rossi en filigrane)
L’enquête sur la mort de Gina Rossi dans une impasse. Pour mémoire, le corps, apparemment admirablement préservé de Gina Rossi, jolie femme blonde aux yeux bleus, née à Turin le 10 août 1991 et architecte de son état, a été retrouvé sur l’autel de l’église San Tommaso, Via Monte di Pietà, à Turin en août 2022. Après avoir déniché à Paris sa dernière adresse connue, notre enquête nous a menés jusqu’au Dr. Nutello, patron de la section de recherches des disparitions inquiétantes de Paris, qui nous a expliqué que Gina Rossi était totalement inconnue de ses services, que n’apparaissait ni signalement pour disparition inquiétante ni demande de recherches par quiconque. Jointe par téléphone, Madeleine Dupont, aujourd’hui encore dirigeante de son agence d’architecture à Paris et dernier employeur de Gina Rossi, a expliqué que la « jeune italienne était une très très bonne architecte » mais que l’agence ayant connu en 2018 des difficultés financières « nous avons dû, à regret, nous en séparer » au mois de décembre. Selon la directrice, Gina Rossi avait prévenu d’un prochain voyage en Amérique du Sud, au Pérou croit-elle se souvenir. « Non, nous n’avons plus jamais eu de nouvelles de sa part après son départ », dit-elle, triste d’apprendre la nouvelle de sa mort. Serait-elle la dernière à l’avoir vue vivante ? En somme, nous savons que Gina a disparu à Paris mais les quelques pistes dont nous disposions ne semblent mener nulle part. Un spectre Gina Rossi ? Elle a bien existé pourtant puisqu’elle est enterrée dans le carré familial du Cimetiere Monumental de Turin. Si vous disposez d’informations au sujet de cette étrange affaire, appelez le journal au 0116568304. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
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Lundi 5 février – Florianopolis, Brésil
Dans les pages locales du Diário Catarinense, un bref article signé Bianca Bertoldi et titré : O mistério de Glória Da Silva e do discreto arquiteto francês (Le mystère Gloria Da Silva et le discret architecte français)
C’est un article du Folha de São Paulo qui nous a mis la puce à l’oreille. En effet, vous avez peut-être entendu parler de la découverte d’un corps à l’Arpoador, célèbre hôtel 5* de São Paulo. Rien d’étonnant pour la police de découvrir un meurtre dans cette ville de 12 millions d’habitants où les crimes sont quotidiens. Pour autant, nous avons découvert que l’Arpoador, qui n’a rouvert que depuis quelques mois, a été entièrement rénové par l’architecte de Florianopolis Gloria da Silva – que nous avons présentée à plusieurs reprises dans nos pages, le projet est visible sur son site – et nous avons confirmé qu’elle se trouvait à l’hôtel, accompagnée de cet architecte français aperçu à Florianopolis, le jour où le crime a été commis. Rien d’inhabituel à cela sans doute sinon que le corps nu de Léonie Meunier, cette Française de 45 ans qui voyageait seule dans la région, a été retrouvé apparemment rejeté par la mer à moins de 100 mètres de la maison de… Gloria da Silva, qui hébergeait déjà cet architecte français encore non identifié. Coïncidence ? Contactée, une porte-parole de l’agence, située R. Emílio Blum, 123 – loja 27 dans le centre-ville de Florianopolis, a fait savoir que Gloria da Silva, architecte principale d’une firme classée 44ème au Brésil, avait pris quelques congés avec un ami français et qu’il n’était pas étonnant qu’elle lui fasse visiter l’Arpoador, l’un « des plus beaux et plus récents projets » du cabinet. Nous avons essayé de joindre Gloria sans succès. Toujours est-il que le corps de Léonie Meunier a été rapatrié vers la France vendredi par des agents consulaires qui se sont refusés à tout commentaire, tout comme le Consulat français de São Paulo. Nous n’en saurons donc pas plus sur le mystère de Léonie Meunier. Pour autant, si vous avez plus d’informations, appelez au 48 4832-800. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
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Vendredi 9 février – Turin, Italie
Dans les pages locales de La Stampa, à la rubrique Faits divers, une correction signée Lorenzo Antonetti et titrée : L’architetto Dubois è l’ultimo a vedere Gina viva? (L’architecte Dubois le dernier à avoir vu Gina vivante ?)
Mea culpa ! Dans le cadre de notre enquête à propos de l’étrange disparition de Gina Rossi, nous avons dans notre article daté de samedi dernier commis une erreur. Pour mémoire, le corps, apparemment admirablement préservé de Gina Rossi, jolie femme blonde aux yeux bleus, née à Turin le 10 août 1991 et architecte de son état, a été retrouvé sur l’autel de l’église San Tommaso, Via Monte di Pietà, à Turin en août 2022. Elle a en réalité disparu à Paris en 2018. Comment est-elle revenue à Turin ? Et pourquoi son corps est-il si bien préservé ? Nous avons bien découvert à Paris sa dernière adresse connue mais nous avons indiqué par erreur dans notre article précédent que le dernier employeur de Gina, architecte de son état, était Madeleine Dupont, fondatrice de son agence d’architecture Dupont&Dupont. Ce n’est pas exactement le cas. En effet, nous avons appris depuis que Madeleine Dupont était alors associée à Dubois l’architecte au sein de l’agence Dupont&Dubois. Depuis les deux associés se sont séparés à l’issue d’un divorce orageux et l’architecte Dubois, dont la nouvelle agence Dubois&MOI est située rue du Liban à Paris dans le vingtième arrondissement, pourrait bien être le dernier à avoir vu Gina vivante. Nous avons contacté son agence où un certain M. Franck Trangin, qui travaille de longue date avec Dubois, a accepté de bonne grâce de répondre à nos questions. Oui, il se souvient bien de Gina Rossi, « une très bonne architecte, aimée de tous », dit-il. Oui, a-t-il confirmé, elle a quitté l’agence Dupont&Dubois en décembre 2018, pour, de mémoire dit-il, un voyage en Amérique du Sud. Non, à sa connaissance, elle n’a pas été licenciée. Il n’en sait pas plus sur les raisons du départ de Gina et fut surpris et attristé d’apprendre son décès. Quant à l’architecte Dubois lui-même, M. Trangin a expliqué qu’il est actuellement en voyage d’affaires au Brésil et injoignable pour le moment. Sans doute en saurons-nous plus dès son retour. D’ici-là, Si vous disposez d’informations au sujet de cette affaire mystérieuse, appelez le journal au 0116568304. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
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Samedi 10 février – Florianopolis, Brésil
Dans les pages locales du Diário Catarinense, un article signé Bianca Bertoldi et titré : Assassinatos misteriosos, arquiteto francês identificado ! (Meurtres mystérieux, l’architecte français identifié ! )
Est-ce que les architectes portent la poisse ? La première victime s’appelait Léonie Meunier, une Française de 45 ans qui voyageait seule dans la région ; son corps nu a été rejeté par la mer il y a quelques semaines sur la plage de Barra da Lagoa, à Florianópolis. La seconde victime s’appelait Augustinha Dos Santos et son corps a été retrouvé il y a dix jours dans le sous-sol de l’Arpoador, célèbre hôtel 5* de São Paulo. A priori rien ne relie ces deux affaires sinon que les victimes sont toutes deux blondes aux yeux bleus et, surtout, que la première a été retrouvée à moins de 100 mètres de la maison de… Gloria da Silva, l’architecte de Florianopolis qui vient justement… de rénover l’hôtel Arpoador. Coïncidences ? C’est ce qu’affirme Gloria da Silva, que nos lecteurs connaissent déjà car nous avons à plusieurs reprises présenté le travail de son agence sise R. Emílio Blum, 123 – loja 27 dans le centre-ville de Florianopolis, et que nous avons enfin réussi à joindre. « Je ne lis pas la presse et c’est vous qui m’apprenez la découverte de cette femme sur la plage près de chez moi », dit-elle. « Quant à l’affaire de l’Arpoador, je suis évidemment au courant de cette histoire, ne serait-ce que parce que le directeur m’a prévenue. Mais j’avais quitté l’hôtel avant toute cette histoire », poursuit l’architecte qui s’est dite attristée par ces évènements indépendants de sa volonté. Interrogée sur son compagnon de voyage, elle a retrouvé sa bonne humeur et a expliqué spontanément offrir à son invité français, Dubois l’architecte, une visite architecturale du Brésil, pays qu’il ne connaît pas et dont il ne parle pas la langue. « Une façon de joindre l’utile à l’agréable », dit-elle, indiquant passer quelques jours à Paraty où elle a signé l’an passé la création d’un restaurant de cuisine gastronomique en plein cœur de la vieille ville. Bon appétit !
Si vous disposez d’informations supplémentaires, appelez au 48 4832-800. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
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Mardi 13 février – Turin, Italie
Dans les pages locales de La Stampa, à la rubrique Faits divers, un article signé Lorenzo Antonetti et titrée : Colpo di scena nella vicenda Gina Rossi, manca un altro architetto (Rebondissement dans l’affaire Gina Rossi, une autre architecte manque à l’appel).
C’est un rebondissement étonnant dans l’affaire Gina Rossi puisque nous avons identifié une autre architecte italienne disparue à Paris dans des circonstances similaires à celle de Gina. Pour rappel, le corps, apparemment admirablement préservé de Gina Rossi, jolie femme blonde aux yeux bleus, née à Turin le 10 août 1991 et architecte de son état, a été retrouvé sur l’autel de l’église San Tommaso, Via Monte di Pietà, à Turin en août 2022. Nous savons désormais qu’elle a en réalité disparu à Paris en 2018, son dernier emploi connu cheffe de projet au sein de l’agence Dupont&Dubois. Alors que nous recherchions des témoins qui auraient pu nous éclairer sur sa personnalité et les raisons de sa disparition, nous avons consulté la liste de tous les collaborateurs de l’agence Dupont&Dubois, encore visible aujourd’hui sur le site de l’agence Dupont&Dupont, et avons découvert le nom d’une autre architecte Italienne, Anna Rizzo, ayant travaillé à l’agence. Nous avons donc entrepris de la retrouver. Nous savons aujourd’hui qu’elle est née le 14 novembre 1979, à San Remo. Anna Rizzo était architecte dans une agence à Rome, mariée (sans enfant) avec l’un des associés (sans être elle-même associée, avons-nous appris). Apparemment déjà séparée de son mari depuis plusieurs mois, le divorce était prononcé fin juin 2020. Elle semble avoir brutalement claqué la porte de chez elle et de l’agence et prit le premier vol pour Paris. Son ex-mari, contacté, nous a affirmé n’avoir plus eu de ses nouvelles et ne pas en chercher. Sa famille avait bien fait un signalement à la police de San Remo mais c’est moi qui leur aie appris qu’elle était à Paris. Après vérification, nous savons qu’Anna Rizzo a bel et bien travaillé à l’agence Dupont&Dubois d’août à décembre 2020 avant de… disparaître sans laisser de trace ! Comme si elle s’était à son tour évaporée. Deux architectes italiennes, similaires physiquement puisqu’elles sont toutes deux blondes aux yeux bleus, qui à deux ans d’intervalle disparaissent à Paris après avoir travaillé dans la même agence ? Voilà qui n’est pas ordinaire. Pour autant, aucun dossier à leur nom ne semble ouvert ni à Turin ni à San Remo, ce qui ajoute sans doute à l’effroi de leur disparition. Quant à l’architecte Dubois lui-même, il est actuellement en voyage d’affaires au Brésil et injoignable pour le moment. Nous ne manquerons pas de le contacter dès son retour ! D’ici-là, si vous disposez d’informations au sujet de Gina Rossi et d’Anna Rizzo, appelez le journal au 0116568304. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
(À suivre)
Service presse de Chroniques
Retrouvez tous les épisodes :
– L’affaire Dubois l’architecte vue par la presse internationale : le déclic (1/4)
– L’affaire Dubois vue par la presse internationale : l’architecte identifié (2/4)