Ribe, sur la côte ouest du Jutland, est la plus vieille ville du Danemark et, en son sein, Kannikegården, juste en face de la cathédrale, est la cité médiévale la mieux conservée du pays. Le bâtiment conçu par l’agence danoise Lundgaard & Tranberg Architects, revêtu de briques simples, s’élève au-dessus du sol de la cité afin d’intégrer un rez-de-chaussée qui, à l’intérieur, ouvre sur les ruines millénaires. Les ruines ainsi que le bardage moderne racontent l’héritage culturel et historique du lieu. Communiqué du jury.
Le bâtiment a pour fonction d’accueillir le conseil de l’église paroissiale de la cité et son personnel. En même temps, il fait office de décor pour des événements publics, manifestations, concerts et projections de films.
Le projet devait faire face à une difficulté majeure puisque le chantier a donné lieu à des découvertes archéologiques essentielles à la compréhension de l’histoire danoise sur plus d’un millénaire. Ces excavations ont notamment permis de découvrir les restes du plus vieux cimetière chrétien du Danemark, daté de 800 après J-C. et symbolique de la période de transition des Vikings au Christianisme. Cependant, l’élément le plus visible est une ruine en briques du monastère de Saint-Augustin datant de 1 100 environ. Il fut donc décidé d’intégrer les ruines au bâtiment et d’en faire un espace d’exposition destiné à communiquer quant aux nombreuses couches historiques et culturelles du lieu.
Le bâtiment consiste en un volume oblong avec un toit en pente, soutenu par des piliers au-dessus des trouvailles archéologiques préservées. Sur sa longueur, le bâtiment est situé le long d’un parc selon une échelle et un gabarit correspondants aux bâtiments voisins du parc, s’adaptant ainsi à l’échelle de la ville environnante. La forme archétypale du volume est orientée vers le sud afin d’apporter plus de lumière tandis qu’une cour intime et arborée est établie le long des rues Sønderportsgade et Rykind.
Le projet tisse plusieurs fils pour que le passé rencontre le présent en ce lieu d’héritage historique et culturel. Il est symbolique de noter que la ruine, qui raconte l’usage de la maçonnerie à travers 1000 ans d’histoire, était à l’origine le réfectoire d’un ancien monastère. Elle se révèle ainsi être un ancêtre distant du nouveau bâtiment. L’agence culturelle danoise a déterminé que ces vestiges forment le fragment de bâtiment le mieux conservé parmi les bâtiments les plus anciens en brique. Ils sont désormais protégés comme le serait un monument.
Le volume principal consiste en un simple cadre en acier enveloppé par des éléments légers de façade préfabriqués. Il repose sur des colonnes coulées in situ qui s’élèvent d’une base en béton au rez-de-chaussée. Cette base permet de fusionner les divers niveaux autour du bâtiment avec des murs porteurs et encadre l’espace dédié aux vestiges, situé approximativement 2,5m sous le niveau du parc.
Le volume supérieur est couvert avec des tuiles pour façade spécialement développées dans des tons rougeâtres et marrons comparables aux caractéristiques des maisons en brique de la cille et de la région mais avec une interprétation plus contemporaine. Les tuiles du toit sont suspendues de façon à ce qu’elles se chevauchent, à l’image des écailles de poisson, et encadrent les fenêtres des espaces intérieurs.
La section inférieure apparaît avec des façades en verre et compose une section transversale ouverte à travers le bâtiment, exposant la ruine dans son contexte urbain. La façade transparente offre une vue de l’intérieur du bâtiment. Elle est rythmée par des planches de chêne pivotantes qui créent de l’ombre par temps ensoleillé.
Traduction : A.L.