
Le Prix Versailles a dévoilé en juin 2025 le nom des seize réalisations constituant la Liste 2025 des Plus beaux hôtels du monde lesquels, qui nouvellement ouverts ou rouverts, se démarquent chacun par un alliage des plus réussis entre patrimoine et innovation. Deux lauréats français. Découverte (1ère partie).*
« Ces hôtels d’exception ont pour trait commun d’avoir sublimé les savoir-faire et le patrimoine local. Plus que cela, on relève chez tous une recherche en matière de design extrêmement poussée, reflet d’une émulation certaine et transversale entre d’une part les créateurs, et d’autre part les territoires. Rendre lisibles les influences multiples, apporter douceur, clarté et sens : lorsque la démarche artiste se met au service de l’hospitalité, elle forme à n’en pas douter les signatures des plus belles destinations au monde », souligne Jérôme Gouadain, secrétaire général du Prix Versailles.
Jumeirah Marsa Al Arab, Dubaï, Émirats arabes unis

En 2022, Killa Design avait déjà livré à Dubaï un impressionnant Musée du futur, lequel, construit sans aucune colonne et entièrement constitué de structures courbes, repoussait par l’intelligence artificielle les limites connues de l’architecture.
Avec le Jumeirah Marsa Al Arab, le studio a dévoilé un vaisseau immobile au design aérien, complétant la « trilogie » d’hôtels inspirés de l’océan. Car c’est bien aux côtés du Jumeirah Burj Al Arab, en forme de voile, et du Jumeirah Beach Hotel, en forme de vague, que l’édifice offre une nouvelle expression de l’héritage marin de Dubaï, sur une péninsule qui fait office de jetée.
À bord, des étages comme autant de ponts et toutes les aménités réservées aux navires transocéaniques de légende. De fait, une fois embarqué, il n’est plus besoin de voguer sur les mers : le bâtiment offre un condensé de l’expérience dubaïote, internationale, moderne et fascinante.

Mandarin Oriental Qianmen, Pékin, Chine

Inséré au coeur d’un quartier traditionnel de hutongs, le Mandarin Oriental Qianmen dévoile un morceau de ville qui en fait un établissement unique en son genre. Au travers de ses 42 maisons parfaitement restaurées, disposant chacune d’une cour intérieure qui fait office de salon en plein air, l’hôtel offre une immersion à la fois subtile et extraordinaire, emmenée par une architecture authentique usant de matériaux d’origine.
Chaque brique et tuile, les charpentes et poutres en bois, les sculptures, portails, piliers et autres colonnes : tout est préservé ou presque. Les intérieurs contemporains, signés Cheng Chung Design, allient nouvelles techniques et esthétique orientale.
Pour une expérience inédite, à quelques pas de la Cité interdite, de Qianmen et du Temple du Ciel, le site propose sans anachronisme le summum de l’hospitalité chinoise.

Rosewood Munich, Allemagne

Au coeur de la capitale de la Bavière, installé dans deux bâtiments historiques à l’architecture baroque et rococo magnifiquement rénovés, le Rosewood Munich pourrait être la résidence d’un riche ambassadeur distingué. L’hôtel occupe en effet l’ancien siège de la Banque d’État de Bavière et le palais Neuhaus-Preysing, une demeure aristocratique, d’où l’impression troublante, surtout dans l’écrin même de la vieille ville, de retrouver le calme et une atmosphère aussi discrète et feutrée.
Avec un design de Tara Bernerd & Partners, le Rosewood Munich propose au voyageur une collection d’espaces mémorables, dont un spa et une piscine intérieure où la seule magie de l’endroit offre déjà, dans l’esprit des thermes, un bien-être holistique.
L’âme munichoise, une fusion harmonieuse de tradition et de modernité ?

Al Moudira, Louxor, Egypte

Al Moudira est une oasis dessinée au début des années 2000 à Louxor, sur la rive ouest du Nil, face à la silhouette intemporelle de la vallée des Rois, dans ce qui n’était encore qu’un terrain de sable. De l’initiative de Zeina Aboukheir, l’hôtel est un fantasme, un mirage comme seul le désert peut en inspirer.
Construit autour de dix cours intérieures et entouré de dix hectares de palmeraies, le palais a pris forme en 2002 sous la direction de l’architecte Olivier Sednaoui. Fresques peintes à la main, moucharabiehs traditionnels et détails de décoration d’inspiration locale sont omniprésents. Pour autant, pas de pastiche pseudo-vernaculaire ici : Al Moudira exprime partout le passé prestigieux d’Alexandrie, du Caire, de Beyrouth et de Damas.
De multiples influences, y compris le vaste chantier de rénovation et d’extension livré en 2024 par le nouveau propriétaire, Florian Amereller, et son équipe, ont accumulé une histoire prosélyte où les références architecturales et artistiques viennent du fond des siècles.

Hôtel du Couvent, Nice, France
Niché dans un écrin de verdure de 10 000 m² sur les hauteurs du Vieux-Nice, à quelques minutes à pied de la mer, l’Hôtel du Couvent est un lieu de recueillement. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un couvent du XVIIe siècle soigneusement restauré dans son essence originelle – à l’initiative de Valéry Grégo et avec le concours de Festen Architecture -, sans pastiche et avec des matériaux naturels.
Le lieu célèbre les rituels d’une vie monastique disparue, le restaurant occupant l’ancien réfectoire, la boulangerie et l’herboristerie retrouvant leurs emplacements initiaux. L’hôtel cultive ainsi, sans évocation religieuse explicite, une atmosphère rare, propice à la quiétude et au bien-être.
Il suffit, pour quiconque en recherche d’authenticité, de franchir la grille du parc pour se retrouver, jusqu’à la ligne de nage, dans un environnement discret, préservé et apparemment immuable.

Hôtel Hana, Paris, France

Hana signifie « fleur » en japonais. Tout aussi bien, il signifie « compliment » en arabe. Il signifie « félicité » désormais en français.
En effet, dans ce quartier que l’on nomme Little Tokyo, le dialogue syncrétique établi ici par l’architecte Laura Gonzalez, entre le maximalisme Belle Époque du début du XXe siècle et le minimalisme nippon, fait de cet hôtel un établissement parfaitement parisien. Et pourtant, l’atmosphère feutrée, entretenue par un design épuré et un mobilier d’inspiration traditionnelle spécialement conçu pour l’hôtel, jusque dans les chambres, enveloppe le visiteur et crée un sentiment de dépaysement immédiat propre à détendre les voyageurs pressés ou fatigués.
Passer la petite porte d’entrée revient à couper net le vrombissement de la vie moderne… Pour le percevoir autrement et à loisir depuis les magnifiques terrasses offrant une vue imprenable sur les toits.
Et se souvenir être à Paris.
Mandarin Oriental Mayfair, Londres, Royaume-Uni

Situé à Hanover Square, le Mandarin Oriental Mayfair, dont l’architecture a été confiée à RSHP, établit un lien inédit entre la mode, l’art et l’histoire. Des chambres somptueuses imaginées par Studio Indigo aux espaces publics hyper contemporains signés Curiosity, la personnalité de l’hôtel se révèle dans une composition extrêmement bien pensée.
Les racines asiatiques de la marque sont subtilement soulignées dans une palette de couleurs très douces et des textures variées, ainsi que dans un mobilier sur mesure contribuant au charme de l’établissement. Le vaste hall sculptural et la réception du spa sont ornés d’un marbre vert Ming remarquable, évoquant la végétation de Hanover Square, Berkeley Square et Green Park.
La « promenade au parc » et les éléments naturels que sont le vent, l’eau, la terre et le feu, inspirent enfin le décor spectaculaire du restaurant Akira Back et de l’escalier qui mène au Dosa by Akira Back, accueillant la table du chef coréen. Une réalisation so British, cosmopolite, à l’image de la ville de Londres.

Ran Baas The Palace, Patiala, Inde
Un évènement au Pendjab, car après 80 années d’abandon, le Ran Baas, situé au coeur du plus ancien fort sikh (le Qila Mubarak), a réouvert ses portes en novembre 2024. Premier palace de la région, il est le fruit d’une rénovation minutieuse. Portée par l’architecte Abha Narain Lambah, initialement sollicitée par le gouvernement, elle fait revivre l’artisanat traditionnel.
En quelques touches contemporaines qui subliment l’architecture moghole et sikhe – le spa a investi les cuisines royales, les restaurants sont dans l’ancienne salle du trône –, le duo formé avec Priya Paul, dirigeante de Park Hotels, a largement relevé le défi de conserver l’intégrité historique et les matériaux authentiques, et de restaurer la grandeur perdue en créant une palette visuelle évoquant la riche esthétique du Pendjab.
Des gardes sikhs en sherwani rose perle accueillent le visiteur qui, tel un maharadja, bénéficiera de l’une des 35 suites réparties dans des cours-jardins.

* Prix Versailles 2025 : les plus beaux hôtels du monde (2nde partie – à venir)
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