
L’ambition d’Emmanuel Macron de repenser l’entrée du Louvre,* risque, au vu des derniers évènements politiques, de rejoindre la liste des utopies aussitôt oubliées.
L’histoire de l’architecture regorge de projets spectaculaires, parfois visionnaires, souvent démesurés, qui ont suscité un immense enthousiasme avant de disparaître dans les limbes des maquettes et des rendus. Voici une sélection (non exhaustive) de projets célèbres, issus de différentes époques et n’ayant, pour diverses raisons (économiques, politiques, techniques, symboliques), jamais vu le jour.
XIXᵉ – début XXᵉ siècle : les utopies monumentales

• Le Palais du Travail (Tony Garnier, 1901)
Projet de cité industrielle utopique à Lyon. Vision rationaliste et sociale de la ville moderne, jamais réalisée mais très influente sur l’urbanisme du XXᵉ siècle.
• Le Palais des Soviets (Boris Iofan, 1931–1937, Moscou)
Monumental gratte-ciel prévu sur l’emplacement de la cathédrale du Christ-Sauveur (détruite pour l’occasion). Il devait culminer à 415 m avec une statue géante de Lénine au sommet. Abandonné après la Seconde Guerre mondiale ; le site accueillera plus tard… une piscine publique.
• La Cité mondiale (Hendrik Christian Andersen et Ernest Hébrard, 1913)
Ville utopique pour la paix mondiale, imaginée à l’échelle planétaire. Restée à l’état de plan et de volumineuse maquette exposée à Paris.
Modernisme et mégastructures (1940–1970)

• Le Plan Voisin (Le Corbusier, 1925)
Démolition complète du centre de Paris remplacé par une grille de gratte-ciel cruciformes dans des parcs. Défendu avec sérieux mais rejeté (heureusement !) par les autorités.
• The Shimizu Mega-City Pyramid (Tokyo, années 1990)
Pyramide urbaine de 2 km de haut pouvant accueillir 750 000 habitants au-dessus de la baie de Tokyo. Technologiquement fascinante mais irréalisable à ce jour pour des raisons structurelles et sismiques.
• Habitat 67 version complète (Moshe Safdie)
Le projet initial de Safdie pour Montréal prévoyait 1 000 unités modulaires formant une ville entière. Seule une fraction fut construite (158 logements).
• The Continuous Monument (Superstudio, 1969)
Ruban architectural sans fin traversant la planète. Projet théorique, critique du fonctionnalisme, devenu un classique de l’architecture radicale.
Fin XXᵉ siècle – Début XXIᵉ : les mirages politiques et financiers

• La Tour Triumph Palace de Moscou (projet de 1989)
Version soviétique d’un gratte-ciel de 500 m inspiré de Manhattan, stoppée avec la chute de l’URSS.
• The Chicago Spire (Santiago Calatrava, 2005–2008)
Tour spirale de 610 m au bord du lac Michigan. Travaux entamés, fondations coulées, puis crise financière et chantier abandonné. L’un des échecs les plus emblématiques du début du XXIᵉ siècle.
• Le Nakheel Tower (Dubaï, projeté à 1 000 m)
Voulue plus haute que Burj Khalifa. Suspendue en 2009 à cause de la crise financière, jamais relancée.
• Le Guggenheim de Helsinki (Moreau Kusunoki Architectes –2016)
Projet phare d’un musée global, rejeté après un référendum populaire finlandais : coût jugé exorbitant et rejet du “franchising culturel”.**
Projets contemporains fantomatiques ou en suspens

• The Line (NEOM, Arabie saoudite, 2021–)
Ville linéaire de 170 km enfermée dans un miroir géant. Toujours annoncée, partiellement commencée, mais déjà réduite à une portion minuscule selon des sources récentes.
• Tour Signal (Jean Nouvel, La Défense, 2008)
Gratte-ciel de 300 m annoncé en fanfare, symbole du renouveau de La Défense. Projet annulé pour raisons financières et administratives.
• Musée Guggenheim de Vilnius (Zaha Hadid, 2008)
Lauréat d’un concours prestigieux, reporté dans la foulée de la crise financière de 2008 puis abandonné en raison d’allégations de corruption.
Syrus
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**Lire notre article De la compétence des élus finlandais
*Pour lire et signer la pétition POUR UNE ENTRÉE OUEST AU MUSÉE DU LOUVRE