
À Paris (XVIIe), pour 42 École des métiers numériques et NJJ immobilier maîtrise d’ouvrage, AR Studio d’Architectures (Adrien Raoul) a livré en mai 2025 l’extension/surélévation de l’école 42. Coût : n.c. Surface : 9 025 m² SDP. Communiqué.
Le campus 42 Paris est un projet emblématique, une vision audacieuse, où l’innovation pédagogique rencontre l’innovation architecturale. Un écosystème dédié à l’apprentissage libre, à la créativité et à la collaboration. L’équipe d’AR Studio d’Architectures, déjà à l’œuvre de l’école 42 en 2013, a été naturellement rappelée pour agrandir cet établissement à la pédagogie alternative sans professeurs ni cours, ouvert 24h/24 et 7j/7, et totalement gratuit.
42 Paris avait pour objectif principal de doubler la capacité d’accueil. Les architectes ont pris le parti de conserver l’existant plutôt que partir d’une feuille blanche et de redensifier la parcelle sur une surface d’emprise minimale. Le site de 3 600 m² se déploie désormais sur 9 025 m², par des extensions du socle et cinq étages supplémentaires pour accueillir les 1 400 postes de travail (contre 900 auparavant). Il abrite également un amphithéâtre, une salle de sport, une salle d’enregistrement vidéo et audio, un pôle restauration, des espaces de détente intérieurs et extérieurs…
La nouvelle superstructure du bâtiment, en métal, s’élève sur plus de 18 m de surélévation. L’ensemble du programme se pare d’une enveloppe en tôle blanche perforée qui s’anime au fil de la journée et de la nuit. Des toitures-terrasses accessibles, dont plusieurs végétalisées, offrent des moments de détente aux étudiants. Un jeu avec les volumes pour apporter de la délicatesse et insuffler de la légèreté à l’ensemble.


La dernière touche à un campus au cœur de Paris
Cette nouvelle école, fonctionne en symbiose et en interaction avec deux autres bâtiments, aménagés en dortoirs (projet lauréat Réinventer Paris : NOC42*). Situés de l’autre côté du boulevard Bessières, ils proposent 650 lits sur 5 125 m². Un véritable campus dans et en synergie avec la ville, qui a été pensé dès 2015 lors de l’appel d’offres « Réinventer Paris » et s’inscrit parfaitement dans le tissu actif du quartier.
Une conception frugale
42 Paris expérimente la frugalité en faisant « plus avec moins », par la conservation et la mise en valeur de l’existant, son extension, la modularité des usages et l’efficacité spatiale. Cette sobriété foncière exemplaire s’appuie aussi sur la chronotopie unique de l’école, ouverte en continu. L’architecture des espaces optimise l’utilisation de chaque m² du bâtiment et combat le sous-usage chronique des équipements éducatifs. Elle se fonde sur l’emploi de matériaux cohérents avec l’existant, la maîtrise des apports solaires et la végétalisation des espaces extérieurs. 42 Paris prouve qu’une frugalité architecturale attentive à l’existant, à la biodiversité et aux usages contemporains est porteuse d’innovation, d’inventivité et de sens.
Rester implanté dans son milieu
Le tissu urbain dans lequel s’insère le campus 42 Paris est marqué par une histoire riche. L’actuel propriétaire a acheté en 2012 le bâtiment d’origine qui était dédié à la formation des cadres de l’éducation nationale. Il avait été construit en 1962 sur un terrain en friche résultant de la démolition des fortifications de Paris en 1930. La première version de l’école 42, ouverte en 2013, s’élève à l’endroit même de l’ancien bastion numéro 42. Elle est également le lieu d’implantation de la seule école de plein air de Paris dans les années 1920, théâtre d’expérimentation d’une éducation hors des conventions. Comme si l’histoire de 42 Paris était déjà tout écrite…

Une superstructure pour augmenter le déjà là
En conception, AR Studio d’Architectures avait pour fil rouge de doubler les capacités d’accueil tout en minimisant l’empreinte du bâtiment. Le tout en réalisant des travaux en site occupé, dans une école ouverte 24h/24, 7 jours/7 !
Ultérieurement l’avancement du chantier de NOC42 et la réversibilité de la conception ont permis de déménager l’école dans les bâtiments de NOC42 (dortoirs) après avoir retiré les lits le temps des travaux épargnant aux étudiants une expérience dégradée pendant deux ans.
L’agence est partie de la base construite en supprimant seulement les éléments « non essentiels » au quotidien de l’école (salles de réunion, salles de déjeuner…). Elle a conservé le cœur de l’usage, les salles de travail disposées sur trois niveaux.
En cohérence avec l’existant et l’urbanisation de ce côté du boulevard, quatre volumes en socle ont été ajoutés autour du bâtiment principal ainsi que deux grandes circulations verticales comportant chacune deux escaliers en Chambord.
Pour l’élaboration de la superstructure, un bâtiment-pont en métal, de cinq niveaux, a ensuite été positionné au-dessus de la structure existante. Il repose sur les piles verticales (escaliers) et une poutre métallique de 42 m de longueur. Le 3ème étage, sous la poutre, est libéré de poteaux offrant un balcon sur la ville. Ce jeu de volumes permet de travailler la masse tout en délicatesse, en construisant un ensemble en miroir dans le respect architectural du voisinage.

Une dentelle blanche perforée en façade
L’enveloppe de l’école 42, avant son extension, s’habillait d’une peinture noire et d’une couche de textile micro-perforé. Pour les façades de 42 Paris, AR Studio d’Architectures a pris le parti de fusionner l’existant et l’extension dans un seul objet qui sublime le double mouvement du noir, déjà présent, et de la nouvelle tôle perforée blanche. Quelques touches de bois, au niveau du balcon et au dernier étage, rendent lisibles l’enchaînement des volumes.
Cette peau métallique dynamise les façades par ses jeux de relief, ses formes et ses micro-perforations. Une trame carrée d’1,17 x 1,17 m se déploie depuis le socle, en finesse, redécoupée en deux triangles sur le bâtiment-pont en superstructure. La trame des grandes baies vitrées sur châssis aluminium s’y inscrit avec des dimensions doublées (L. 2,34 x H. 2,34 m). Au fil des heures et selon la météo, la façade semble prendre vie à travers une variation de transparence. Cette fine dentelle blanche fait également écho à l’enveloppe du bâtiment « dortoirs » voisin pour une harmonie d’ensemble et une sobriété visuelle.
L’enveloppe perforée blanche protège les espaces des rayons du soleil et contribue ainsi au confort d’été. Un véritable avantage pour cette école qui héberge 1 400 ordinateurs produisant de la chaleur en continu. Depuis le dedans, cette peau blanche permet aux étudiants de profiter d’une lumière naturelle généreuse.

Verdir et pluraliser les usages
Conformément aux orientations du PLU de la ville de Paris, le projet 42 Paris est largement végétalisé. Les toitures deviennent des jardins surélevés, fruits d’un travail spécifique mené avec l’atelier MOABI, paysagiste. La majorité d’entre elles sont accessibles, certaines ont une vocation expérimentale comme sur le plot restauration. D’autres, à l’image du « bosquet méditatif », offrent des espaces isolés aux étudiants désireux de se couper du flux continu dans l’établissement.
« Avec ce projet nous souhaitions offrir une richesse de potentialité d’usage, pour qu’à n’importe quel moment les étudiants puissent trouver l’endroit adapté à leur activité ou leur besoin. Des lieux qui se découvrent et sont sans cesse réinventés par les étudiants au fil de leurs expériences du bâtiment. Côté jardins surélevés, le bâtiment-pont, de 18 m de hauteur, crée un cocon acoustique à l’abri des bruits quotidiens provenant du boulevard Bessières. En résumé, des espaces aux qualités uniques et plurielles ! », explique Adrien Raoul, fondateur de AR Studio d’Architectures.
* Lire également la présentation À Paris, NOC42, un « non campus » selon AR Studio (Adrien Raoul)

