
À l’issue en octobre 2025 de l’exposition universelle d’Osaka (Japon), le pavillon du Luxembourg a été récompensé du « Sustainability Award ». Les agences STDM (Lux) et Mikan (Japon), avec une scénographie signée Jangled Nerves (Allemagne),* sont parvenues à rendre véritablement durable – au sens propre – un bâtiment par définition éphémère. Présentation.
Les pavillons des expositions universelles qui durent seulement six mois sont par essence éphémères. Le pavillon du Luxembourg est ainsi conçu dans une optique d’économie circulaire pour répondre à l’impermanence. La construction pour l’exposition n’est pas le but du pavillon mais seulement une étape. La majeure partie des composants doit être réutilisable ou recyclable une fois l’événement terminé. En ce sens ce pavillon est plus un processus qu’un projet.
L’ensemble est formé de treize boîtes de tailles variées qui répondent au programme fonctionnel. Les visiteurs sont invités à faire une promenade dans un petit village. Ils attendent d’abord dans un jardin sous les arbres qui les protègent de la chaleur. Puis ils cheminent entre les boîtes avant de rentrer dans l’une d’elles. Ils passent ensuite de boîtes en boîtes où la scénographie de présentation du pays est mise en place avec diverses saynètes. De petits jardins sont insérés entre elles. Les visiteurs terminent leur promenade sur une placette où ils peuvent se restaurer et jouer au bowling traditionnel du Luxembourg.


Les boîtes qui composent les bâtiments de ce village sont toutes réalisées en structure métallique légère non soudée pour pouvoir être réutilisées. La majeure partie du squelette des boîtes devrait servir à un équipement périscolaire pour une petite ville de la banlieue d’Osaka qui fera le sujet d’un nouveau projet basé sur cette réutilisation à d’autres fins. Le reste de la structure est revendu. Les façades sont elles-mêmes constituées par des panneaux de contreplaqué utilisés habituellement au Japon comme coffrage à béton. La dimension modulaire des boîtes résulte de multiples de ces panneaux aux dimensions standards (1,8 m x 0,9 m), sortes de ready-made qui retrouveront leur fonction première après l’exposition.


L’ensemble est recouvert par une large membrane composite de pvc/polyester qui fait office de cinquième façade, protège les passages et les cours de la pluie et surtout du soleil. Elle permet également de recueillir les eaux de pluie pour les jardins et les toilettes.
Afin d’économiser l’énergie nécessaire au refroidissement en cette période chaude et humide de l’année, de grandes parois composées de tube d’inox du commerce ont été installées derrière les rideaux noirs qui recouvrent l’ensemble des espaces intérieurs. L’eau froide fournie par le réseau de l’exposition passe dans ces tubes ce qui a pour effet de rafraîchir et d’assécher les différentes pièces grâce à la condensation qui se produit sur les tubes.




L’ensemble des boîtes légères et de la membrane a dû être amarré plutôt que supportés en prévision des typhons. Les fondations, qui maintiennent donc le tout au sol, sont composées de plusieurs centaines de lourds blocs de béton, chacun de plus de deux tonnes, qui servent habituellement de murs de soutènement. Ceux-ci ont déjà trouvé acheteur pour assurer cette fonction et la membrane est pré-vendue aux visiteurs sous forme de sacs. Les bureaux de l’équipe qui fait tourner le pavillon se composent d’unités préfabriquées de baraques de chantier, louées pour l’occasion.
Le pavillon a reçu à la fin de l’exposition le « Sustainability Award », prix du développement durable qui récompense cette vie prolongée.**
Mikan
* Avec également NEY+Partners (Lux et Japon) pour la structure et BETIC Engineering (Lux) et ZO Consulting Engineers (Japon) pour les fluides, « des ingénieurs qui ont fait un remarquable travail », souligne Mikan.
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