Pour la Ville de Besançon (Doubs) maître d’ouvrage, l’agence Métra+Associés a livré la réalisation d’un pôle tertiaire pour les services de l’État et de la Région Bourgogne Franche-Comté avec 15 logements et des commerces sur le secteur Viotte. Surface SDP : 27 000 m² dont 25 000 m² de bureaux, 1 100 m² de logements, 900 m² de commerces. Coût de la construction : 42 M€ HT. Communiqué.
Requalification urbaine en centre-ville
La Ville de Besançon a lancé en 2016 un ambitieux projet de reconversion d’une friche industrielle ferroviaire – requalification urbaine et aménagement d’un éco-quartier – autour du pôle d’échanges de Viotte en coeur de ville.
Sur le site des anciennes Halles Sernam, le projet répond à une volonté politique forte de la Ville de regrouper à Besançon les principaux services de l’État de la Région Bourgogne Franche-Comté, et d’y adjoindre des services de la Région.
Le projet architectural se caractérise par son ampleur, la mixité et la superposition des fonctions qu’il abrite ainsi que par la configuration du terrain. Suivant l’implantation liée à ce terrain et aux intentions urbaines proposées par Arep Ville urbaniste, les 27 000 m² du programme déployés le long des voies ferrées sont répartis en six bâtiments destinés à des bureaux pour les services de l’État et de la Région Bourgogne Franche-Comté soit environ un millier d’agents publics, 15 logements et des commerces.
Surplombant le centre-ville et la “boucle”du Doubs, le site choisi pour la réalisation du pôle tertiaire est stratégique. Cet environnement a incité l’architecte à créer un dialogue avec l’identité spécifique de Besançon, notamment en réinterprétant les toitures de la Région et les pierres bleues de la ville, comme support d’intégration, à l’image de ses clochers en tuiles colorées et de ses façades.
Deux tours « signal »
Signal du renouvellement urbain de cette entrée de ville, les deux bâtiments en proue deviennent le symbole de la transformation du quartier et de la mutation de ses usages. De taille légèrement différente – R+6 et R+4 – mais d’une même « famille », ils dialoguent entre eux et avec la gare, la ville et son paysage. Ils deviennent un repère à l’image des éléments de son riche patrimoine en contrebas. Porte du nouveau quartier Viotte, ils invitent à y pénétrer ou à le traverser.
Unité et Fragmentation
Le projet intègre ce programme dense de manière à la fois unitaire et fragmentée pour éviter tout effet de masse lié à l’importance des surfaces.Des failles vitrées ouvrent des percées visuelles à travers les bâtiments dans le prolongement des rues perpendiculaires servant d’accès aux différents pôles.
Les halles bois
Mémoire du lieu
Le site conserve l’empreinte des anciennes Halles Sernam déployées sur les 200 m du terrain d’origine. Point d’ancrage familier des Bisontins près de la gare, les halles faisaient partie du patrimoine et de la mémoire collective des habitants. Les éléments de la charpente bois, après analyse, se sont révélés impropres au réemploi envisagé dans un premier temps. L’architecte a cependant souhaité faire le lien avec la mémoire du lieu et conçu, tels une évocation des anciennes halles, trois des bâtiments en construction bois/ hors site, aux charpentes apparentes. L’architecture signe une nouvelle page écrite dans la ville.
Sur le site des Halles Sernam
Les trois bâtiments en ossature bois le long des voies ferrées sont protégés par un débord de toiture, recouvert d’enduit blanc. Les trois halles bois sont organisées autour d’un vaste espace central planté, habité et apaisé. Lieu de rencontre et de convivialité au cœur des bureaux, il profite de la lumière naturelle qui pénètre par les verrières zénithales et les failles vitrées. Les failles vitrées fragmentent et animent les 200 m le long desquels se déploie le projet. Dans le prolongement des rues du quartier, ces respirations au cœur de la nouvelle cité administrative offrent des percées visuelles traversantes sur la ville et les voies ferrées.
Façades et toitures
Les brise-soleil aux couleurs gris-bleu / doré des façades, et les tuiles vernissées de différentes teintes de bleu des toitures – écho aux aux tonalités bleues de la pierre de Chailluz, emblématique de la ville – ont été créés spécifiquement pour ce projet.
Des enveloppes adaptées à la géographie du lieu
Les modénatures et vibrations des façades et des toitures sont le support d’une identité contemporaine évoquant le lieu et son histoire. Lien entre la mémoire et le devenir du site, elles rythment l’ensemble, étiré le long des voies ferrées tout en formant un tout cohérent. Plusieurs typologies d’enveloppes ont été définies en fonction de la situation des bâtiments dans le site et de l’orientation des façades.
Les deux bâtiments en hauteur se répondent par leurs façades animées par les brise-soleil mobiles et mouvants et les toitures en tuiles vernissées bleues.
Les façades exposées sud et ouest sont habillées des lames métalliques verticales, orientables et déplaçables des brise-soleil. En attique, les tuiles vernissées bleutées de la toiture se prolongent sur les façades, ainsi les logements et les bureaux dans les étages supérieurs sont-ils intégrés dans la toiture.
Les façades exposées au nord et à l’est, en bardage aluminium anodisé ton naturel sont ponctuées d’ouvertures verticales aléatoires, dans la continuité du mouvement créé par le jeu des brise-soleil sur les autres façades.
Des stores intérieurs assurent la protection solaire. Les rez-de-chaussée largement vitrés abritent les commerces et les espaces de réunions.
Les brise-soleil
Brigitte Métra a imaginé à l’occasion de ce projet – c’est une première – un dispositif inédit de brise-soleil orientables et déplaçables. Ce nouveau système permet à la fois d’orienter les volets en fonction des besoins de protection solaire et de les ouvrir entièrement pour bénéficier des vues sans entrave sur la ville, la Citadelle, et le paysage urbain. Les façades vivent au gré des ouvertures ou fermeture des modules de brise-soleil.
Secrets de fabrication
La collaboration, le dialogue et le partenariat entre l’architecte, le fabriquant Technal et l’entreprise Bluntzer, ont permis d’inventer ce nouveau système de brise-soleil orientable, déplaçable, rétractable. Technal a su apporter des solutions techniques pour passer du rêve à la réalité en fabriquant, à partir du principe proposé par l’architecte, un brise-soleil prototype innovant. Les ailettes, au profil dessiné par l’agence Métra + Associés, ont été extrudées dans une filière créée par Technal puis montées sur le système mis au point.
Les ailettes de brise-soleil sont orientables selon quatre positions : entièrement fermées, ouvertes à 30 °, 45° ou 90 ° (perpendiculaires à la façade). Elles sont également entièrement déplaçables manuellement, sur un rail, laissant pénétrer entièrement la lumière naturelle.
Elles sont recouvertes d’une peinture aux teintes doré/gris bleuté créées pour le projet en collaboration avec le fabricant Adapa.
Les toitures en tuile
L’architecte a choisi la tuile terre cuite colorée aux couleurs de la ville comme support d’inclusion et comme écho aux nombreux clochers de la cité.
Deux types de tuiles caractérisent le projet.
Les tuiles émaillées aux différentes tonalités de bleu recouvrent les bords arrondis des toitures et se retournent sur les façades en attique des deux bâtiments « signal ». Six mélanges de couleurs et effets de matières en dégradé ont été créés pour obtenir un panachage de tuiles unique. L’émail – oxyde naturel mélangé avec du verre – crée un effet miroir et donne la profondeur de la couleur.
Les tuiles « engobées », tuiles mécaniques plates, recouvrent les toitures à deux pans des quatre autres bâtiments, dont les trois bâtiments en ossature bois et R+2. Les quatre tonalités de bleus créées spécialement pour le projet sont entrecroisées d’un motif de tuiles bleu nuit aux bords arrondis.
Secrets de fabrication
En étroite collaboration, l’architecte et le groupe Wienerberger, ont uni leurs forces pour développer les concepts de l’architecte et ont expérimenté différents mélanges de poudre colorée et différentes teintes d’engobe.
Les tuiles émaillées ont été fabriquées dans la Région par Aléonard, labellisée entreprise du patrimoine vivant. Deux types de tuiles Aleonard recouvrent 1 000 m² de façade et de toiture : la tuile classique, située à certains endroits dont le rayon du cintre est de 1,90 m, légèrement galbée et qui épouse le rayon du cintre, et la tuile membrons, cintrée et réalisée sur mesure là où le rayon est de 0,50 m. La pose à joints croisés et la pose des angles arrondis maintiennent la continuité des lignes horizontales.
Les tuiles mécaniques engobées Vauban (gamme Koramictuile à pureau plat, pose traditionnelle, 22 tuiles/m²) recouvrent 5 000 m² de toiture. Elles ont été fabriquées à Lantenne-Vertière près de Besançon.
Quatre couleurs dans les tons bleus ont été sélectionnées parmi 109 couleurs testées en laboratoires. Brigitte Métra a panaché les couleurs et dessiné un motif de lignes croisées en tuiles écailles arrondies, comme un écho des clochers de la Région. La fructueuse collaboration architecte, fabriquant, maître émailleur avec l’entreprise Pateu-Robert spécialisée dans la restauration des monuments historiques a permis le passage du rêve à la réalité.