«L’échelle domestique nous convient ; la petite échelle est un laboratoire et il est moins compliqué de faire un plateau de bureaux qu’une maison individuelle», expliquent Pier Paolo Bonandrini et Julien Allègre (A+B). En témoigne cette petite maison parfaitement intégrée à son environnement d’une simplicité formelle mais qui offre un grand éventail de possibilités d’utilisation de l’espace. Présentation.
Le maître d’ouvrage est un couple, et deux enfants, propriétaire d’un terrain à Montmorency (Val d’Oise). Il s’agissait de clients intéressants qui aiment l’architecture et avaient parfaitement identifié leurs attentes. Ils souhaitaient une maison de plain-pied pas trop grande, avec du bois et intégrée à son environnement. Ils avaient des désirs de qualité plus que de quantité, d’où une surface de 130 m² pour un programme consistant en une chambre parentale, deux chambres enfants, deux salles de bains, deux wc, une chambre d’amis, buanderie, salon, cuisine, salle à manger. Dans ce cadre-là, ils nous ont laissé les coudées franches.
Parmi les contraintes, la maison n’était accessible que par une sente à travers un bois classé, pas question donc d’y faire passer de gros engins. Il fallait par ailleurs préserver cet accès puisque ce sous-bois permet de rendre la maison invisible de la rue. Nous sommes donc partis sur une structure à panneaux de bois massif contrecollés.
Conçue aux limites, drastiques, de constructibilité de la parcelle, orientée nord-sud, la maison est un parallélépipède qui s’étend sur 25 mètres face aux bois et qui s’ouvre largement sur le paysage par un grand cadre en verre toute hauteur de 22 mètres de long. Un mur travers, qui à l’intérieur devient lui-même un meuble de la maison, souligne la structure du terrain et de l’ouvrage, créant un seuil entre l’espace public de la rue et l’espace privé et protégeant l’intimité de la terrasse et de la maison. Il dissimule par ailleurs la zone technique et a autorisé la conception d’un espace supplémentaire (une salle de sport et bureau) indépendant.
La cuisine, la salle à manger et le salon sont reliés par un couloir vitré ouvert sur la forêt qui devient à son tour un élément de mobilier, des cloisons coulissantes offrant une capacité d’isolation, par exemple pour réserver un espace aux enfants. Face à cette longue baie vitrée, la terrasse court tout du long de la maison, accessible de toute part. Le plafond, constitué de panneaux de bois massif contrecollé, tout en faisant ici office de pare-soleil, met en exergue le lien entre intérieur et extérieur et donne son unité à l’ensemble.
Les ouvertures dans le mur nord sont minimisées tant pour des raisons thermiques que pour créer une intériorité protectrice pour la famille. C’est une maison très simple dans son aspect, sans ornementation, le mur en granit relevant sa sobriété et sa contemporanéité tandis que le bois et le minéral donnent une teinte homogène à l’ouvrage.
Il n’est pas courant d’utiliser des panneaux de bois massif dans le logement individuel, le rapport qualité/prix n’étant pas très intéressant sur de petits volumes. Mais nous avions déjà travaillé avec cette entreprise et ce matériau pour construire du logement collectif. Nous avons passé beaucoup de temps en études mais ensuite le chantier, qui a respecté le terrain, est allé vite. En une semaine nous étions hors d’eau et hors d’air. Le chantier a duré cinq mois tout compris, le plus long étant dans ce cas le second œuvre.
Propos recueillis par Christophe Leray