À Palaiseau (Essonne), sur le plateau de Saclay, l’agence japonaise Sou Fujimoto Architects (mandataire), avec Nicolas Laisné architectes, OXO architectes – Manal Rachdi et DREAM – Dimitri Roussel, a livré en 2023 un Bâtiment d’Enseignement Mutualisé (BEM) au service de sept Grandes écoles maîtres d’ouvrage. Surface : 9 142 m² SDP. Budget : 23,57 M€ HT ou 32 M€ TTC (construction, frais, assurances et honoraires). Communiqué.
Le BEM, un écrin architectural pour un enseignement de haut niveau
Fruit d’un projet ambitieux et collectif, le Bâtiment d’Enseignement Mutualisé (BEM) permet d’accueillir les enseignements de sept Écoles d’ingénieurs : l’École polytechnique, AgroParisTech, l’Institut Mines-Télécom (IMT), ENSTA Paris, l’ENSAE Paris, et de l’Institut d’Optique Graduate School.
Projet audacieux conçu par Sou Fujimoto Architects (mandataire), OXO architectes – Manal Rachdi, Nicolas Laisné architectes et DREAM – Dimitri Roussel, le bâtiment a été cofinancé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), le ministère des Armées, le ministère de l’Économie et des Finances, l’Établissement Public d’Aménagement Paris-Saclay (EPA-PS), l’École polytechnique, AgroParisTech, le Genes, l’IMT, ENSTA Paris et l’IOGS.
Le Bâtiment d’Enseignement Mutualisé – BEM – est, par essence, un lieu de rassemblement et de partage. Il offre un écrin unique pour faire évoluer les futures manières d’étudier en favorisant interactivité et pédagogies innovantes. Le projet invite à la collaboration et aux échanges entre étudiants, chercheurs et invités.
Le bâtiment se lit comme un espace ouvert dévoilant les activités se déroulant en son Cœur. Son généreux atrium, baigné de lumière naturelle, abrite de jeunes arbres et un jeu de passerelles et d’escaliers qui sont autant de plateformes et « d’amphithéâtres spontanés » permettant aux enseignants, chercheurs et étudiants des sept Grandes Écoles d’ingénieurs réunies de se retrouver et de travailler.
Un projet singulier dès sa genèse
Tout comme le rapprochement des écoles partenaires, le concours organisé en 2015 pour la conception d’un bâtiment d’enseignement mutualisé dans le quartier de l’École polytechnique a vu le rapprochement de trois (puis quatre) agences d’architecture réunies désignées lauréates en 2015.
Au sein d’un bâtiment unique, l’ambition est de proposer les programmes pédagogiques mutualisés de sept Grandes École, lesquelles sont représentées par l’EPAURIF (MOD), institution publique spécialisée dans des projets universitaires en Île-de- France.
L’enjeu architectural est d’offrir un bâtiment catalyseur favorisant les échanges et les rapprochements entre ces établissements et leurs publics. La volonté commune des architectes est de projeter un espace généreux avec près de 10 000m² bâtis (programme concours). Leur réflexion s’exprime à travers deux idées majeures : s’appuyer sur la position stratégique du BEM dans le quartier de l’École polytechnique, et proposer un bâtiment aux ambitions généreuses, un symbole porteur de valeurs.
Emblème architectural et académique du campus urbain Paris-Saclay
Le BEM est avant tout un lieu de partage, nourri par sa fonction d’hôte de programmes d’enseignements multidisciplinaires des établissements. Il se caractérise par son ouverture sur le quartier urbain voisin, sa grande transparence et sa porosité floutant les frontières entre le dehors et le dedans avec sa toiture en débord et en forme d’origami, sa grande façade vitrée et sa végétation intérieure. Il est un point de convergence, pensé comme un prolongement du parc le bordant à l’ouest.
Le bâtiment a une capacité d’accueil de 1 470 étudiants et propose le grand amphithéâtre Claudine Hermann de 250 places et trois amphithéâtres de 80 places au RDC, dont l’un baptisé Claire Girard. À ces amphithéâtres s’ajoute une cinquantaine de salles de classe réparties sur les trois étages (17 par niveau) ; mais aussi des espaces pédagogiques innovants, des salles de télé-enseignement, de visioconférence, des espaces de travail collaboratifs et des salles projets pour une offre pédagogique centrée sur l’interactivité et les outils numériques. Fort de toutes ces synergies, le BEM offre les espaces et les moyens matériels pour que les Écoles puissent dispenser et partager leurs enseignements et nouvelles pratiques pédagogiques.
Le parti architectural se base sur une analyse de l’environnement particulier du plateau de Saclay. Au regard des conditions climatiques (température, irradiation, vent, hygrométrie), les ambiances extérieures se sont retranscrites en température sensorielle.
Ainsi, grâce à l’ouverture et à la fermeture automatiques d’ouvrants en façade (servant également pour le désenfumage naturel du hall), la ventilation est naturelle et permet d’aérer et de rafraîchir le large volume du hall. Venant jouer un rôle de tampon thermique pour les salles de classe, le hall favorise la gestion des températures globales.
En effet, la conception du bâtiment est pensée dans la volonté de n’avoir pas recours aux systèmes de climatisation, excepté pour les amphithéâtres au confort hygrothermique particulier. Les ventelles de façade s’ouvrent sur la base d’une sonde d’humidité et de température.
Le grand volume de l’atrium se développe derrière une façade vitrée côté ouest largement protégée par le débord de la toiture origami en brise-soleil. Le jeu d’entrecroisement des passerelles et escaliers constitue des masques solaires permettant de protéger le volume intérieur. La conception du bâtiment et la chape chauffante de l’atrium permettent de réduire le recours aux radiateurs prévus dans les salles de classe, nécessaires uniquement en appoint quelques lundis matin en hiver.