L’agence californienne Terry & Terry Architecture (Alexander and Ivan Terry) combine constructions publiques et privées avec la recherche d’une théorie architecturale innovante. Dans une région sous la constante menace des éléments, voire de catastrophes de grandes ampleurs, les deux architectes tentent de proposer des bâtiments et structures propres à résister aux changements climatiques en cours. Cette Maison des marées en témoigne.
Invité de la Biennale à Venise dans le cadre l’exposition Time Space Existence au Palazzo Mora, ce projet explore une architecture qui accueille les changements environnementaux et propose une structure qui suit le flux des marées. Il entend répondre ainsi aux changements environnementaux prévus et créer une communauté apte à vivre en harmonie sur les côtes à perpétuité, avec l’océan et non contre lui.
Empruntant et réduisant l’échelle de la technologie mobile offshore des unités de forage et des plateformes d’exploration, les structures sont conçues pour pouvoir se relocaliser si nécessaire. Des montants sont déployés ou rétractés depuis le fond de la baie en utilisant un système de crémaillère. Chaque montant agit indépendamment des autres en tant que dispositif de mise à niveau et les occupants peuvent régler la structure aussi proche de la surface de l’eau qu’ils le veulent. Le toit sphérique et aérodynamique résiste aux vents violents et fournit une ample surface pour intégrer des panneaux solaires.
La Baie de San Francisco est géologiquement jeune. Il y a 20,000 ans, la baie n’existait pas. L’évènement qui réchauffa la glace et la fit fondre dura 10,000 ans. Les vallées furent remplies d’eau, les collines submergées et la terre fut perdue aux limites de la Baie. Aujourd’hui, un nouveau changement climatique accéléré crée différents désastres naturels à une plus grande fréquence, dans le monde entier. Les régions côtières comme la Baie sont très sensibles aux effets du changement climatique. Les marées montantes sont plus puissantes, les forces dynamiques de la nature entraînent l’érosion, les marées hautes montent de plusieurs centimètres par an, et la population côtière augmente.
La communauté, ou quartier en français, de la Maison des Marées est conçue autour d’un quai flottant qui tisse les structures ensemble et les connecte à la rive. Les logements sont reliés à la jetée par des passerelles ajustables. Chaque structure possède par ailleurs une plateforme ajustable qui permet aux gens d’atteindre l’eau et de fournir des amarrages aux bateaux. La profondeur de l’eau étant différente tout au long du quai, chaque maison doit donc répondre aux conditions uniques qui lui sont propres en fonction de sa position par rapport à la jetée. La densité de chaque communauté évoluera au fil du temps en fonction des conditions environnementales.
Cet objet d’étude propose une habitation simple au sein d’un petit quartier mais le concept du dessin peut s’adapter à différents niveaux de vie et différents programmes et peut évoluer pour accommoder une large variété de communautés.
«Le challenge pour l’architecture est d’être capable de s’adapter quand l’espace et le temps changent», concluent les architectes.
(Traduction. A.L.)