À Tours (Indre-et-Loire), pour la ville maître d’ouvrage, l’agence rennaise ALTA (Maxime Le Trionnaire et Gwenaël Le Chapelain) a livré en 2024 la démolition et reconstruction de l’école maternelle Jean de la Fontaine. Surface : 1 948 m². Budget : n.c. Communiqué.
Contexte
À Tours, l’école Jean de la Fontaine a fait peau neuve entre les mains de l’agence ALTA. Lancé à l’initiative de la commune à la fin de l’année 2020, l’appel d’offres visait la démolition et la reconstruction de cet établissement édifié dans les années 1960. Au nord-est de la ville, dans un quartier en pleine mutation, l’école en place s’inscrivait dans un tissu urbain complexe présentant notamment une grande hétérogénéité d’échelles et de typologies de bâti. En plus de rendre lisibles l’établissement et ses abords, le projet d’ALTA est un véritable hommage au patrimoine architectural et naturel des contrées ligériennes.
Le territoire de Tours, parcouru par la Loire et le Cher, est de fait marqué par une forte présence végétale : coteaux boisés, parcs et aménagements paysagers, jardins privés et familiaux… Cet héritage, ainsi que les tracés des trames vertes et bleues, forment l’un des fils rouges ayant guidé les architectes au fil de ce projet de requalification. Initié en décembre 2022, le chantier s’est achevé au mois d’avril 2024 avec la rénovation du gymnase existant. De concert avec les paysagistes de FAAR, de nouveaux espaces extérieurs ont pu être imaginés, conjuguant gestion écologique et valorisation de la biodiversité avec les usages extérieurs prévus pour les écoliers.
Une implantation sensible
Inspirés par la pluralité de constructions qui caractérisent la région, depuis les gabarres voguant sur la Loire jusqu’aux cabanons fleurissant au sein des jardins familiaux, les architectes d’ALTA conçoivent cette nouvelle école comme un refuge. L’imaginaire de la cabane s’impose tant pour sa puissance évocatrice que pour la proximité suggérée avec un environnement sauvage. Cette figure bâtie onirique se décline dans la volumétrie des trois corps de bâtiment accueillant respectivement l’espace de restauration, les salles de classe et le gymnase.
Leur horizontalité, leurs faîtages de faible hauteur et leurs dispositifs formels singuliers – tantôt chevauchements, tantôt débords de toitures – façonnent la silhouette de l’équipement en le signalant depuis la rue. Inscrite sur une étroite parcelle en longueur, l’école Jean de la Fontaine présente désormais une superficie de 1 948 m².
L’implantation du projet associe les exigences du programme à une véritable volonté d’approfondir les liens établis entre l’école et son contexte paysager. Cette intention conceptuelle se lit en triptyque au fil de la progression dans le bâtiment, dont le premier volet est incarné par le parvis. Aux portes de l’établissement, ce dernier tient le double rôle d’espace d’accueil à l’adresse des écoliers et d’espace public ouvert aux parents d’élèves et à l’ensemble des riverains. La rationalité de son dessin et ses dimensions généreuses facilitent une multiplicité d’usages et permettent un retrait rassurant vis-à-vis de la rue du Colombier.
Vient ensuite le bâtiment d’enseignement, dont le programme éducatif, lisible au travers du plan, s’adjoint d’une dimension d’éveil. Les jeux d’ouvertures et de surélévations libèrent de fait des vues sur l’environnement et le paysage alentour, qu’il soit proche ou lointain. L’école figure en outre un véritable trait d’union entre deux espaces extérieurs, permettant une gradation vers l’intime – depuis le parvis public vers l’écrin protecteur de la cour de récréation. Cette dernière, mise à distance de la rue et de ses nuisances, constitue le dernier panneau du triptyque. Conçue comme un espace de jeux et de détente, elle est également un terrain fertile, aussi stimulant qu’éducatif. Par effet de contraste avec le parvis, son aménagement associe des formes organiques à une forte présence végétale, qui mettent en valeur les arbres déjà présents.
L’architecture au service du confort d’usage
La composition de l’école en ligne brisée définit des usages distincts en leur associant des temporalités propres ; elle permet également aux espaces intérieurs de profiter d’expositions traversantes sud-est et nord-ouest. La figure de la cabane se retrouve à nouveau dans la valorisation de matériaux sobres – à l’instar de la paille et du bois. Au cœur des préoccupations constructives d’ALTA repose en effet une grande considération du confort et du bien-être des petits et grands usagers. Non polluants, biosourcés, sans composés organiques volatiles, issus de circuits courts, favorisant l’économie circulaire et la préfabrication… Depuis les matériaux constructifs aux éléments de finition en passant par les isolants, les produits mis en œuvre ont fait l’objet d’un sourcing rigoureux, en adéquation avec les exigences du développement durable et les grands principes de conception bioclimatique.
Ces volontés conjointes d’un chantier vertueux et d’une allusion au symbole de la cabane témoignent d’une approche architecturale à la fois technique et sensible. Ainsi, pour la première fois à Tours, le gros œuvre opéré en ossature bois est associé à une isolation en paille. Ce procédé d’isolation à la fois modeste et subversif positionne l’équipement à rebours d’un chantier standardisé en faisant valoir la singularité de sa démarche conceptuelle. Le pin du Nord sélectionné pour les éléments de bardage verticaux fait écho à certaines constructions de ce quartier composite. Thermo-chauffé et lasuré pour favoriser sa durabilité et anticiper son vieillissement, le bois présente une teinte sombre, choisie pour ses capacités convectives qui permettront de réchauffer les espaces intérieurs à la saison froide.
Les lignes élancées des débords de toitures surplombant le parvis comme la cour forment le premier abri contre les éléments naturels, qu’il s’agisse de la pluie ou des rayons du soleil. Quand vient l’été, les débords de toiture s’associent à la végétation pour protéger les façades et leurs généreuses baies d’une exposition prolongée au soleil. Le dimensionnement de ces dernières, permis notamment par leurs menuiseries en aluminium discrètes et performantes, bénéficie aux classes qui jouissent d’une grande qualité lumineuse et de vues exceptionnelles sur les aménagements naturels conçus par les paysagistes.
Sur le plan du génie climatique, les architectes et leur équipe font le choix de l’énergie biomasse en équipant l’école d’une chaufferie bois. Pour rafraîchir les salles de classe en cas de surchauffe, la simplicité l’emporte à nouveau sur la technique : la ventilation naturelle est privilégiée à l’étage supérieur du corps de bâtiment dédié à l’enseignement.
En alliant une juste implantation à une enveloppe bois et paille low-tech, en valorisant les énergies renouvelables et les matériaux biosourcés, l’école Jean de la Fontaine de Tours fait figure d’exemple et de pionnière en matière de sobriété et d’économie de construction.