A Villepreux (Yvelines), Serge Joly et Paul-Emmanuel Loiret ont achevé en 2021 le premier ouvrage francilien réalisé avec de la terre crue excavée des déblais des chantiers du Grand Paris (7,3 M€). Le groupe scolaire de 3 606 m² est aussi une expérimentation fonctionnelle entre classes de maternelle fondée sur les principes pédagogiques de Céline Alvarez. Communiqué.
Dans la perspective de l’avenue du Grand Canal, la façade principale du groupe scolaire décrit une courbe dégageant progressivement une surface libre sur l’angle nord-ouest de la parcelle. L’espace ainsi dégagé permet la création d’une place structurant l’implantation. En s’évasant de la venelle vers le nord et en s’ouvrant sur l’ouest, la place met à distance les immeubles de logements et bénéficie d’une orientation solaire favorable.
Elle permet d’autre part une liaison urbaine et visuelle généreuse, fluide et douce entre la promenade en crête du talus de la départementale, les stationnements, l’avenue, le groupe scolaire et le quartier résidentiel au sud. Espace piéton à la croisée des flux, le lieu devient idéal pour ouvrir les parvis des écoles et offrir aux habitants et aux écoliers un espace de jeux, de partage et de rencontre, un lieu actif, convivial et ludique avant et après l’école.
Le caractère public, accessible et ouvert du groupe scolaire est ainsi affirmé dans un quartier à dominante résidentielle et en déficit d’espaces collectifs.
Les volumes bas au sud favorisent les apports solaires dans les cours de récréation et un rapport d’échelle convenable avec les maisons mitoyennes. À l’est, l’implantation en retrait et aussi en rez-de-chaussée ménage une bande plantée au contact des jardins du petit collectif proposant de fait une relation de politesse avec le voisinage par une mise à distance des constructions et le dessin de volumes bas.
Donnant sur la place, les façades principales sont composées de deux strates superposées et contrastées. En partie basse, le socle minéral, protecteur et massif, est composé de briques pleines aux teintes naturelles rythmées par des ouvertures ponctuelles et verticales en menuiserie bois. Les halls très largement vitrés des différentes entités fonctionnelles y sont disposés face au parvis et sont reliés par un auvent continu qui épouse la géométrie du bâtiment et protège les parents de la pluie.
En partie haute, un couronnement horizontal largement vitré et marqué par de fins éléments verticaux compose une fenêtre panoramique continue sur le grand paysage et sur les quartiers pavillonnaires au sud et à l’est. Les montants verticaux en bois et les débords de toit de profondeurs variables selon les orientations protègent les façades du soleil et des intempéries. La toiture accueille une prairie fleurie plantée d’une végétation saisonnière.
Si le caractère public, accessible et ouvert des parvis est fondamental pour inscrire le groupe scolaire dans le quartier, l’école doit également être un lieu protégé et rassurant dans lequel les enfants vont s’épanouir et grandir. Dans cette perspective, les volumes bâtis sont en relation directe avec les espaces extérieurs et permettent une grande porosité entre le dedans et le dehors.
Au centre des cours, un espace de pleine terre accueille les jardins et les potagers qui forment le cœur végétal du projet. Il permet l’apprentissage, l’observation et la contemplation du végétal, des saisons, des cycles de la vie, et il offre aussi un terrain d’aventure à l’échelle de l’enfant. Autour des cours, les classes
Le parti constructif propose la mise en œuvre de parois maçonnées en monomur de terre cuite alvéolaire qui portent le plancher béton du R+1. L’ensemble est habillé par une isolation par l’extérieure et un bardage de briques de terre cuite pleines. La toiture-terrasse végétalisée est portée au R+1 par des poteaux métalliques intégrés aux épines la façade bois et en appui sur le plancher du R+1.
En cloisonnement de séparatifs de classes, une brique de terre crue extrudée (BTE) issue des terres de déblais du Grand Paris est mise en œuvre de façon expérimentale grâce à des financements de recherche issus de la Société du Grand Paris.
Expérimentation terres de paris « le Paris de la brique de terre »
En 2017, alors que le projet en est au stade des études d’APS, l’agence est lauréate d’un appel à projets de recherches lancé par la Société du Grand Paris (SGP). Ce financement a permis, pendant trois ans, de mettre au point la fabrication de plus de 30 000 Briques de terre crue extrudée. L’objectif a été de réaliser ces briques et de tester leur mise en œuvre sur ce projet en développement.
Au total, le projet comptabilise environ 500 m² de murs dans diverses techniques de terre crue issue des déblais réutilisés :
– les BTE sont utilisées en murs de 24 à 40 cm d’épaisseurs selon les configurations acoustiques et en doublages dans les halls d’entrées ;
– le torchis est réalisé sur des épaisseurs d’environ 22 cm ;
– les enduits sont réalisés en finition sur les murs en torchis et sur des parois béton et plaques de plâtres.