La transparence n’a pas le même sens pour un(e) politique que pour un(e) photographe. Ce qui est vœu de clarté (chasteté ?) absolue pour le premier est au contraire pour le second la possibilité de flouter les limites. Ou, puisqu’il faut tout montrer, de l’indécence du premier jusqu’à l’abstraction du second. Chronique-Photos d’Erieta Attali.
Brouiller des frontières est un processus bidirectionnel qui peut avoir comme point de départ ou l’architecture ou le contexte naturel.
En photographiant la forêt de l’intérieur de la maison Glass Wood, je recherche les éléments qui permettront une invasion de la nature au premier plan et la dissolution de l’enveloppe solide qui sépare habituellement l’intérieur et l’extérieur.
La façade se transforme en membrane alors que la surface horizontale du verre transforme les lignes verticales de la structure en géométries abstraites dont la continuité est implicite au-delà de la zone photographiée.
Plus important encore, les concepts relatifs d’intérieur et d’extérieur sont déformés ; les lignes noires définissent clairement les niveaux mais il n’est pas clair si le feuillage est à l’intérieur et le spectateur à l’extérieur ou le contraire.
A travers la manipulation des géométries dures de l’architecture, nous sommes ainsi conduits à une abstraction extrême sans qu’il s’agisse de l’abstraction d’une texture agrandie ou d’un détail zoomé.
L’abstraction conduit ici à la production d’un espace ambigu, et c’est cet espace qui à son tour permet de comprendre l’unité de l’architecture et du paysage comme un continuum.
Erieta Attali
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Traduit de l’anglais par C.L.