L’agence niçoise Heams & Michel architectes (Nicolas Heams & Benjamin Michel) a livré en septembre 2021 à Antibes (Alpes-Maritimes), pour le conseil départemental, le Centre d’exploitation et subdivision départementale d’aménagement littoral ouest (CE / SDA). L’ouvrage de 1 200 m² (plus 2 400 m² de parking), bâti avec un budget de 2,8 M€ HT, compte bureaux, vestiaires, remise de véhicules, locaux de stockage, ateliers… Communiqué.
Programme
Le département des Alpes-Maritimes est en charge de la gestion, l’entretien et l’exploitation des routes départementales. L’organisation de la partie routière du département des Alpes-Maritimes comprend des subdivisions départementales d’aménagement (SDA) auxquelles sont rattachés plusieurs centres d’exploitation (CE).
Les agents du CE d’Antibes assurant l’entretien des routes occupaient provisoirement depuis 2004 des bâtiments modulaires préfabriqués implantés sur un terrain de la commune d’Antibes. C’est ici que le conseil départemental a décidé de construire un bâtiment neuf mutualisant les véhicules servant à l’entretien des routes et les bureaux des agents publics.
La mesure du site
Ce site en cuvette présente une forte déclivité. Il est bordé de deux routes et d’un espace boisé classé composé d’une végétation sauvage ponctuée de quelques arbres remarquables. Une des deux routes longe le terrain selon la même pente que celui-ci. En prenant de la hauteur, on aperçoit au loin une plaine et l’horizon qui magnifie la vue.
Construire le site
Ce projet a été imaginé comme une infrastructure de soutènement dialoguant avec les talus importants qui dessinent le paysage, tentant d’établir un rapport intime entre topographie et construction. Il s’encastre dans le site pour en révéler les véritables potentialités. Il s’en dégage un échange entre l’espace bâti de la nouvelle construction et le paysage naturel.
« Nous avons opté pour un bâtiment de forme rectangulaire qui s’affirme dans son environnement. Des murs d’enceinte forment à la fois la clôture et les limites de la cour de service. Ils s’expriment par des lignes sobres qui posent le projet de manière sereine dans le paysage et la topographie du site », explique Heams & Michel.
La forme géométrique simple de l’ensemble et ses proportions donnent à la composition toute sa force et structurent la nature environnante.
Dispositif
Le bâtiment rectangulaire (58 x 9 m) sur deux niveaux est ancré dans la pente. Il s’implante en fond de la parcelle afin de libérer un maximum d’espace pour les aires de manœuvre et le stockage. Il absorbe une partie du dénivelé du terrain et participe au dessin du site. Pour instaurer un lien entre le haut et le bas, l’agence a travaillé en coupe. A la superposition physique des deux niveaux, correspond la superposition fonctionnelle.
Au rez-de-chaussée les garages, les vestiaires et la cour de manœuvre ; à l’étage le stationnement du personnel et les bureaux qui bénéficient de la vue dégagée à l’horizon.
« Nous avons profité de la route en pente longeant la parcelle pour gérer l’accessibilité de plain-pied sur ces deux niveaux. Ceux-ci sont également reliés par une circulation verticale à l’intérieur du bâtiment », poursuit Heams & Michel.
Matérialité / Minéralité
Le projet exprime son identité contemporaine à travers une réflexion affirmée sur ce qu’est aujourd’hui un bâtiment de type industriel, trop souvent synonyme de « banal hangar ».
L’écriture architecturale qui résulte de l’approche constructive du projet surprend par sa simplicité qui sied parfaitement à son usage.
Par sa minéralité, l’utilisation du béton brut de décoffrage comme matériau unique révèle la végétation voisine. Il inscrit le bâtiment dans son contexte. Clin d’œil à la fonction que le bâtiment abrite, allégorie de l’empreinte du pneu d’un engin routier, la résille en béton (BFUP) disposée en façade permet de filtrer la lumière naturelle dans les bureaux.
« En reprenant la typologie de l’enceinte, le nouveau CE SDA d’Antibes est conçu comme une infrastructure qui affronte le paysage. Par son dessin et sa matérialité, l’édifice tire parti des éléments du site et en révèle toutes les potentialités », conclut Heams & Michel.