Takuji Shimmura est Japonais. S’il vit et travaille à Paris, comme beaucoup de polyglottes, il possède cette capacité à interpréter un langage à l’aune des échappées d’une autre langue. Photographe, pour son travail personnel, il s’exprime entre rêverie persistante et réalité fugitive pour créer une charge émotionnelle universelle. Chronique-Photos.
Les photos de la banlieue signées Takuji Shimmura expriment des endroits giratoires dont chacun chercherait en vain une quelconque destination. Une ville existe-elle encore quand on ne la nomme pas ? Seule la pierre meulière, de temps en temps, donne un indice géographique.
La présence humaine dans ces rues vides est indiquée par l’omniprésence de la voiture, outil indispensable de la banlieue et symbole de son asservissement. C’est la voiture qui donne l’échelle du lieu, pas l’homme.
Pourtant, et c’est le paradoxe, ces rues n’ont rien de désolées, mêmes les plus grises, car avec Takuji Shimmura, elles deviennent une invitation à la méditation et renvoient le spectateur à l’échelle de sa propre pratique de la ville et du monde.
Christophe Leray
Genius loci – Banlieue parisienne
Je suis un flâneur. Au cours de mes errances, dans les espaces périphériques de la capitale historique, l’appareil photographique perçoit par instants la partie invisible des endroits parcourus.
Je ressens l’aura existant hors du champ visuel et sensible, dans les strates du subconscient, cet «esprit du lieu», au moment où sa mémoire involontaire et la divinité du lieu résonnent. La photographie peut fixer machinalement cet instant sur sa surface.
Les lieux encerclant la capitale sont interchangeables et, lorsqu’on leur enlève leurs noms, sémantiquement plats et neutres.
Grâce à cette absence d’identité, les espaces indéfinis peuvent devenir paysage photographique. La banlieue qui parle à l’objectif est autre que celle qui parle à l’œil.
Photographe professionnel spécialisé dans l’architecture, je tâche de témoigner des signes particuliers et originaux des édifices conçus par les architectes. Je suis alors un complice de l’auteur, de son identité créative. L’architecture parle à l’objectif comme elle parle à mon œil.
Humble flâneur, depuis 2002, lors de mes vagabondages solitaires à travers ces zones périurbaines, je suis à la recherche du paysage invisible.
Takuji Shimmura – Novembre 2017
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