En octobre 2018, Voies Navigables de France (VNF) a inauguré le barrage de Vives Eaux totalement rénové sur la Seine en amont de Paris. Après plus de quatre ans de travaux spectaculaires, l’agence LWA /Luc Weizmann Architecte et Groupe Artelia ont livré un ouvrage d’art devenu lieu de promenade prisé. Le magnifique reportage-photo d’Hervé Abbadie ne gâte rien. Communiqué ravi du maître d’ouvrage.
Le barrage mobile de Vives Eaux régule depuis 1928 les niveaux amont et aval du fleuve pour assurer sa navigation. Il était le dernier à être encore manœuvré manuellement. Entièrement reconstruit et modernisé, ce projet d’infrastructure de 40 M€,* visait à améliorer la sécurité de la gestion hydraulique au service de la navigation fluviale et des autres usages de l’eau (eau potable, industries…), tout en améliorant les conditions de travail des agents d’exploitation. L’ouvrage est désormais entièrement automatisé, équipé d’une passe à poissons et d’une nouvelle passerelle publique reliant les deux rives de la Seine.
Chaque année, ce sont plus de 13 000 bateaux (commerce et plaisance) et 4,5 millions de tonnes de marchandises qui empruntent cet itinéraire structurant.
Un barrage modernisé et accessible au public
Après travaux, le barrage reconstruit dispose de trois passes équipées de clapet de 30,20 m de large et 4,60 m de haut, d’une passe à poissons de 12 bassins successifs, d’un local commande, d’une estacade et de batardeaux de maintenance, et d’une passerelle ouverte au public qui permet également la maintenance du barrage.
L’agence d’architecture LWA, qui a travaillé sur les superstructures et tous les ouvrages terrestres (local commande, atelier, rampe d’accès, aménagements paysagers) a conçu un ensemble s’inscrivant harmonieusement dans cette partie de la Haute Seine et la superbe passerelle, ouverte au public, permet désormais de contempler le fleuve», indique VNF.
Une prouesse technique
Les travaux dans le lit de la Seine ont été réalisés à sec en trois saisons estivales pendant lesquelles un tiers de la section hydraulique de la Seine a été batardée. Cette période, contrainte de mai à octobre par arrêté préfectoral pour éviter les inondations, impose une exécution maîtrisée des travaux.
La particularité du batardeau est de permettre de travailler à sec derrière une charge d’eau de huit mètres et d’être réalisé sur une fondation calcaire très dure excluant le battage de palplanches. Il doit également être effaçable au-delà de la crue de référence du chantier.
Plus de 8 500 m3 et 700 tonnes d’acier ont été utilisés pour les ouvrages béton. Les approvisionnements ont été réalisés principalement par voie fluviale. Les clapets ont été acheminés par segments de 19 tonnes pour un poids total de 63 tonnes. ils ont été mis en place à l’aide d’un portique et assemblés sur place. La passerelle a été acheminée par travée jusqu’à 33 m de long.
L’esthétique passerelle métallique mesure 184 m de long et se présente en poutre caisson fermée et mécano soudée. Avec le local commande et le barrage en lui-même, elle forme un ensemble impressionnant qui attire de nombreux visiteurs.
«Au-delà de sa finalité fonctionnelle et technique, la reconstruction du barrage a fourni l’occasion d’une requalification générale du site naturel sensible de la vallée de la Seine où il s’implante», souligne Luc Weizmann.
«De par son dessin-même, le nouvel équipement intègre une valeur symbolique et devient un ‘ouvrage d’art’ au sens noble du terme. La nouvelle circulation publique sur la passerelle, à l’aplomb de la chute d’eau, forme à ce titre un élément précieux de valorisation de l’environnement», poursuit l’architecte.
Le garde-corps «Vives-Eaux», en fonte moulée, créé spécialement, accompagne de sa courbe tendue la traversée du fleuve.
Un ouvrage spécifique pour les poissons
Pour contribuer au bon état écologique des cours d’eau et conformément à la réglementation, le barrage compte des passes à poissons pour permettre aux espèces, notamment migratrices, de circuler librement et de franchir les obstacles créés par les barrages de navigation.
Le principe : attirer les poissons et les inciter à passer par une voie d’eau artificielle, la passe à poissons, contournant le barrage. La passe est conçue pour diviser la hauteur de chute d’eau du barrage en petits créneaux et paliers, qui permettent aux poissons de remonter le courant et de franchir l’obstacle. Celle de Vives-Eaux est composée de douze bassins successifs.
*L’ouvrage est cofinancé par l’AFITF (agence de financement des infrastructures de transport de France) et les collectivités territoriales (Région Ile-de-France, Agence de l’eau Seine-Normandie, Département de Seine-et-Marne, Communauté d’agglomération Melun Val-de-Seine, communes de Boissettes, Boissise-la-Bertrand, Boissise-le-Roi et Dammarie-les-Lys).