TVK (mandataire) et Tolila+Gilliland ont livré fin 2018 l’îlot culturel des Batignolles (Paris XVIIe). Sur 28.500 m², le programme compte 342 Logements (social, intermédiaire et accession), un centre d’animation municipal, une salle de spectacle & danse, 7 salles de cinéma “Artplex”, des Commerces, un parking. Budget : 54,3 M€ HT. Voilà pour les chiffres. Communiqué.
Contexte
Le nouveau quartier Clichy-Batignolles occupe une place singulière dans le paysage urbain parisien ; il appartient au grand paysage ouvert de la ceinture verte et fait le lien avec l’échelle particulière des quartiers du XVIIe arrondissement. Dans ce dispositif, le lot 08 est emblématique, à la jonction des grandes lignes qui façonnent ce territoire : voie nord-sud, boulevard Berthier, voies ferroviaires, parc. Il bénéficie d’un potentiel extraordinaire de centralité, fédérateur d’usages et de lien social.
Trois édifices résidentiels offrant des vues exceptionnelles sur le grand paysage parisien s’installent aux trois angles d’un îlot mixte de type inédit qui comporte en son cœur le pôle culturel du nouveau quartier de la ZAC Clichy-Batignolles : un cinéma de sept salles et un centre d’animation de la ville de Paris.
L’ancrage au sol des deux équipements, partiellement enterrés, ouverts sur l’espace public et surmontés de jardins suspendus se distingue de l’émergence des trois bâtiments proues déployant les logements jusqu’au plafond des 50 mètres autorisés. Cette répartition des masses bâties résout avec une grande simplicité la problématique d’un programme mixte complexe dans une situation de forte densité.
L’épaisseur habitée des façades permet d’y installer de généreuses loggias en continuité des logements. L’utilisation du béton préfabriqué architectonique en structure de façade inscrit le projet en continuité avec le caractère minéral des façades des immeubles parisiens. Il confère à chacun des trois bâtiments une expressivité singulière de la hauteur portée par la géométrie des façades, dans une progression depuis le sol jusqu’au ciel : le twisté avec son effet de torsion (édifice sable), le ciselé avec balcons qui entourent l’édifice (édifice blanc), et le plissé avec sa pliure progressive (édifice blanc).
Un îlot culturel
L’îlot culturel des Batignolles occupe une position stratégique à l’extrémité du XVIIe arrondissement et du parc Martin Luther King, sur le boulevard Berthier, visible depuis la Porte de Clichy. Il vient ainsi en vis-à-vis des ateliers Berthier de l’opéra de Paris accueillant aujourd’hui le théâtre de l’Odéon. L’îlot vient compléter cette offre culturelle par «Les 7 Batignolles» un cinéma multiplexe de sept salles, et par un centre d’animation de la ville de Paris accueillant salle de concert et salle de danse. Ces deux équipements en font ainsi naturellement un lieu de destination pour les habitants de tout le quartier.
La vocation culturelle de l’îlot lui donne un statut particulier à l’angle des deux rues. Il fait à la fois office de signal depuis l’espace public mais se révèle aussi comme un lieu de destination. Afin d’ouvrir l’îlot à ce public, le centre d’animation et le cinéma déploient de larges façades vitrées en cœur d’îlot autour d’un passage en balcon sur le parc. Ce passage permet des rencontres du public et des habitants, au calme, selon les heures de la journée. Il permet aussi une entrée dans le cinéma vers un large espace culturel programmable entièrement vitré sur le parc.
Depuis cet espace, le public peut descendre pour accéder aux salles ou pour rejoindre le hall donnant sur l’allée le long du boulevard Berthier. Les deux entrées du cinéma se rejoignent ainsi pour en faire un lieu traversable facilement et ouvert sur le quartier.
Le centre d’animation vient compléter ce dispositif par une grande salle de spectacle en sous-sol et une salle de danse ouverte sur la rue. La toiture du centre d’animation est occupée par un jardin pédagogique pour ses activités, et celle du cinéma un jardin collectif pour les habitants des logements de l’îlot.
Habiter à l’extérieur
L’implantation des trois bâtiments d’habitation aux trois angles du terrain triangulaire a permis de dégager des vues et de la lumière pour tous les appartements du 1er au 15ème étage. Les bâtiments ont été taillés afin de privilégier des vues diagonales, des percées de lumière et une multiplication des logements d’angle.
Chaque logement a ensuite été agrandi par une loggia de 14 m² en moyenne (au lieu des 9 m² habituels) dans l’épaisseur des géométries particulières des façades, comme une véritable pièce en plus, ouverte sur le paysage tout en préservant un peu d’intimité. Chacun peut donc aussi habiter dehors (dans une profondeur d’au moins 1,60 m) et y installer une table et quatre chaises confortablement.
Ces prolongations extérieures des logements connaissent aussi quelques situations exceptionnelles, comme des loggias en double hauteur en R+14, des patios intérieurs en R+9 ou des terrasses privatives en R+10. Des terrasses collectives sont également accessibles aux habitants au niveau R+10 et au niveau R+1.
Ici, un grand jardin est suspendu sur le parc, parcouru de cheminements courbes entre les arbres, comme un prolongement en hauteur du parc dans l’îlot.
Géométrie et matière
Construire des immeubles de logement jusqu’à 50 mètres (15 étages) incite à avoir une réflexion particulière sur l’expression de cette hauteur afin d’éviter le caractère répétitif et statique induit par la superposition des niveaux. Les trois bâtiments partagent ainsi un principe commun consistant à utiliser les éléments architecturaux des façades pour introduire un mouvement d’ensemble, et donner une perception dynamique du bas vers le haut, du sol vers le ciel.
Le bâtiment sable ou «twisté» propose une progression ascensionnelle s’enroulant tout autour du bâtiment. Cet effet est produit par un décalage régulier de la trame de poteaux d’un étage sur l’autre. Le bâtiment semble ainsi s’enrouler sur lui-même, à la manière d’un mouvement atmosphérique.
Le bâtiment rose ou «plissé» se caractérise par le passage progressif d’une façade plane dans les étages bas à une façade plissée dans les étages hauts. Ce dispositif lui confère une silhouette singulière qui change selon l’endroit depuis lequel on le regarde.
Le bâtiment blanc ou «ciselé», est principalement vu en contreplongée. Il propose des sous-faces de balcons sculptées en pointes de diamants dont la géométrie évolue dans les étages.
Les trois bâtiments ont également un traitement particulier au dernier étage pour marquer leur couronnement. La recherche d’une certaine unité a conduit à utiliser un même matériau pour les façades des trois bâtiments construits en béton fabriqué. Ce matériau d’une grande qualité constructive et solide présentant une exceptionnelle pérennité, il autorise une grande variété de finitions et de teintes. Au-delà de l’approche technique qui a justifié ce choix, il permet d’inscrire le projet dans une continuité avec le caractère très minéral des façades des immeubles parisiens.
La préfabrication en atelier présente un faible impact sur l’environnement car elle génère peu de nuisance et de déchet. Elle permet aussi une homogénéité des teintes entre les différentes parties des bâtiments, aspect important pour des projets d’une telle ampleur qui présentent une durée de mise en œuvre importante avec de grands écarts de conditions climatiques sur le chantier. La teinte des bâtiments est produite par la matière, elle est profonde et stable dans le temps, particulièrement ici où les bétons sont teintés naturellement par les agrégats.