Pour la Société du Grand Paris maître d’ouvrage, l’agence bordas+peiro (Anna Maria Bordas et Miquel Peiro) est lauréate de deux gares du Grand Paris Express : la Gare Stade de France Saint-Denis (2016) et, dans un groupement avec EMBT, celle de Montfermeil (2014). Communiqué.
Gare Stade de France Saint-Denis
Surface : 22 808 m²
Faire face à une gare imposante
Longeant le mur sud de l’infrastructure du RER B, la future gare du Grand Paris Express (GPE) se situe sur le pôle intermodal La Plaine – Stade de France. Son implantation questionne la relation entre la nouvelle gare et la gare existante, cette dernière présentant une architecture très marquée par une lecture hyperstructuraliste de l’objet de transport.
Plutôt que de venir concurrencer cette écriture, le projet de la nouvelle gare Stade de France Saint-Denis cherche à constituer un volume extrudé de verre et béton, à la lecture la plus neutre possible. Ainsi, ce nouveau bâtiment est à la fois repérable et discret, puisant sa force dans une géométrie abstraite et une peau lisse.
Il ne s’agit pas d’une machine structurelle mais d’un objet au service de la ville, dans laquelle s’insèrent de nombreux usages, en rez-de-chaussée, en sous-sol et sur la toiture habitée.
Dialoguer avec le bâti existant
La dimension monumentale de cette infrastructure clé dans le fonctionnement de la pièce urbaine se heurte à un tissu de logements d’hauteur modérée. Ainsi, le projet conjugue échelle monumentale et domesticité dans le traitement de la façade et des espaces publics du parvis sud. L’implantation de la gare y définit deux espaces publics de morphologie différente : la place de la gare et le boulevard longeant l’avenue Henri Rol Tanguy.
La place est une agora de quartier qui s’oppose aux grands espaces de l’intermodalité situés au nord et permet d’abriter une terrasse et des tables au soleil. Elle est contenue par le bâti situé sur l’avenue du Stade de France, le pignon du mur d’infrastructure et la pointe de la nouvelle gare GPE, créant ainsi un espace positif pouvant devenir un lieu de vie.
Le boulevard suit la longueur de la gare et longe les logements existants. Pour casser l’effet de longueur et une certaine monotonie qui pourrait s’installer, la façade se plie, créant des dilatations et compressions qui produisent des espaces d’une échelle domestique.
Un volume central sculpté et baigné de lumière
Le principe fondateur dans l’organisation spatiale de la gare est une mise à égalité de tous les voyageurs dans une descente généreuse baignée de lumière. Peu importe l’entrée empruntée, tous les voyageurs se retrouveront dans cet espace de descente centrale, où la vision de chacun permet de mettre en scène le concept même de la mobilité. L’équipement de transport est donc un équipement fonctionnel et, aussi, le théâtre de l’effervescence lié à la condition urbaine.
Les matériaux mis en œuvre dans cet espace cherchent à disparaître sous le regard, créant une neutralité qui renforce le rôle central du mouvement opéré par ses personnages.
La légèreté et la transparence du verre contrastent avec la massivité et la brutalité du béton liées à l’imaginaire de l’infrastructure. Les tonalités claires et la lumière naturelle accompagnent le parcours du voyageur jusqu’à destination, à 20 mètres de profondeur.
Gare de Clichy-Montfermeil
Surface : 7 950 m²
Rassembler les habitants
La gare de Clichy-Montfermeil et son émergence se situent sur la Place Centrale du Plan de Renouvellement Urbain développé sur la communauté d’agglomération depuis 2004. Le parti pris a été de travailler sur une symbolique d’agora urbaine, lieu d’expression de la diversité culturelle et l’échange entre cultures. Le travail sur l’espace public et l’intérieur de la gare cherche à faire le lien entre la spécificité du quartier et l’imaginaire de la métropole du Grand Paris.
L’inspiration des pétales colorés aux géométries organiques s’ancre à la fois sur le Bois de Bondy et sur le marché qui a lieu sur la place deux fois par semaine et les tissus colorés qui y sont présents.
Ainsi, l’émergence de la gare est couverte par une toiture qui dépasse le simple statut de couverture pour devenir pergola urbaine. Elle constitue à la fois un repère urbain et le lien symbolique entre le marché et l’équipement.