Mystique la photographe Estelle Lagarde ? Parfois, pas toujours. En tous cas elle est architecte. Au sens propre. Pudique Estelle Lagarde ? Elle donne pourtant à la douleur sourde de l’âme des pierres un côté charnel aux limites de la magie et de la malice. Rendre la mémoire aux défunts grâce aux bâtiments qu’ils imprègnent n’est pas œuvre d’architecte. Estelle Lagarde est photographe. Chronique-photos.
Pari passu, série De anima lapidum
(D’un pas identique, série l’âme des pierres)
Eglise de Tarnac, Corrèze. Il paraît important que l’animal soit présent.
Choix de cette petite église caverneuse, sombre et rustique, à la mousse envahissant les murs et dont on sent l’odeur de la terre et des forces telluriques.
Impression que tout a commencé ici. Avant l’Homme.
Lux in tenebris, série De anima lapidum
(La Lumière dans les ténèbres, série l’âme des pierres)
Crypte de l’église Notre-Dame de la Couture, le Mans.
Une pénombre quasi totale. La chambre argentique. Huit secondes de pose.
Pendant ces huit secondes une lumière apparaît, éclaire soudain.
Le mouvement dans l’image.
A silentio, série De anima lapidum
(Par le silence, série l’âme des pierres)
Cathédrale Notre-Dame, Rouen.
Etrange enfilade de personnages figés dans la pierre.
Redonner vie à l’un d’eux. Imaginer toutes les personnes qui se sont succédées dans cette cathédrale au fil des siècles. Qui sont nées, qui ont vécues, puis qui sont mortes. Juste de passage. Court passage au regard du temps des pierres. L’éphémère et l’éternel.
Cor unum, série De anima lapidum
(D’un seul coeur, série l’âme des pierres)
Crypte saint-Michel, le Mans.
Elle revient cette lumière. Elle enveloppe. Nous sort du fond du trou.
Foi, force intérieure, spiritualité, ange gardien, optimisme ?…
Ubi est, mors, victoria tua, série De anima lapidum
(Mort, où est ta victoire ?, série l’âme des pierres)
Eglise Saint-Gervais Saint-Protais, Gisors, Eure.
Rendre hommage à ces architectures. Confronter l’échelle humaine et l’échelle de ces lieux. Ce cheval et son cavalier paraissent étrangement petits.
Ou le bâtiment étrangement grand. Que l’on soit athée ou croyant, ou autre, peu importe, ces architectures ont quelque chose à nous dire.
Ad lucem, série De anima lapidum
(Pour la lumière, série l’âme des pierres)
Eglise Saint Vincent de Paul, Paris X
Titrer en latin pour le plaisir. Mystérieux le latin. Intemporel.
In vivo, série De anima lapidum
(Dans le vif, série l’âme des pierres)
Eglise Saint-Jacques, Dieppe.
Se laisser surprendre par la prise de vue, une lumière fait apparaître un homme devant une porte, à moins qu’elle ne l’engloutisse. Les murs, tout de pierres sculptées, sont éclairés de rouge semble-t-il par opposition. Mondes à part.
In petto, série De anima lapidum
(En secret, série l’âme des pierres)
Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse.
Trois femmes. L’une de pierre, l’une de chair, l’une d’esprit.
Les trois étapes de la naissance à l’éternité ? Ou trois femmes en conversation ? Secrètes.
Vade mecum, série De anima lapidum
(Viens avec moi, série l’âme des pierres)
Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse.
Rencontrer les adultes handicapés du foyer de Domagne, les faire poser le temps d’une mise en scène. Puis se laisser surprendre (encore) par la planche contact. La superposition photographique. Deux échelles différentes mêlées. Et des personnages de plus en plus petits semblant pénétrer dans la sépulture de Philibert Le Beau…
Estelle Lagarde
+ d’informations
Pour découvrir plus avant son travail :
Estelle Lagarde Photographe