Atelier Régis Roudil Architectes a livré en juin 2023 l’extension du cimetière de Saint-Antonin-sur-Bayon (Bouches-du-Rhône) pour la commune maître d’ouvrage. Superficie : 85m² SDP + 80m². Coût des travaux : 256 300€ HT. Sainte Victoire ? Communiqué.
Le contexte
Situé sur le flanc Sud de la Sainte-Victoire, montagne caractéristique du paysage Aixois, le cimetière existant du village de Saint-Antonin-sur-Bayon est constitué de deux extensions d’un cimetière initial, créant trois enceintes aux portails hétéroclites, encerclées par des murs.
L’extension prend place au nord, telle une agrafe venant cercler le cimetière existant. Cette agrafe est réalisée en mur en pierre sèche de 80 cm d’épaisseur et s’élève sur 1.60 m. Les futurs caveaux viendront se loger les uns à côté des autres le long du mur en pierre.
L’emprise générale du projet forme un carré. Cette forme forte apporte de la rigueur dans ce grand paysage, réordonne les différentes extensions, pour retrouver l’unité dans l’accumulation. Le projet par sa volumétrie, son épaisseur, ses hauteurs offre également l’introversion nécessaire au recueil, dans ce site ouvert vers le grand paysage.
Le projet prend place sur la commune de Saint-Antonin-sur-Bayon située sur le versant sud de la Sainte-Victoire, à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence. Cette montagne, calcaire, caractéristique du paysage aixois, présente une pente raide sur son versant sud. La proximité de la barre du Cengle au sud et le plateau de Maurély à l’ouest, offre au site un cadre paysager unique.
Uniquement accessible par la RD17, le village est isolé mais confronté à un trafic important qui le traverse d’est en ouest. On accède au cimetière via un petit chemin en pente, raccordé à la route départementale principale. Le cimetière se dévoile petit à petit.
Fort d’un aspect pittoresque, le site renvoie à un territoire nourri d’imaginaire où résonne les émotions. Ainsi, toute intervention se doit de faire écho à cette sensibilité émanant de son paysage environnant.
C’est sur ce site idyllique que prend place un ancien cimetière constitué de nombreuses extensions qui ont eu lieu au cours des années. La dernière des extensions arrivant à saturation, une extension devient nécessaire.
Le projet
Le projet prend en compte le contexte de la montagne de la Sainte-Victoire avec pour but de s’ancrer durablement et humblement dans le territoire. Entièrement conçue avec une pierre issue d’une carrière située à quelque kilomètre seulement du projet, la pierre de Rians, l’extension s’inscrit dans l’histoire du site. Cette pierre, matériau local identitaire, présente des couleurs qui rappellent assurément celles des roches de la Sainte-Victoire.
Ce nouveau mur, d’une épaisseur de 80 cm s’élevant à une hauteur de 1.60m depuis le niveau de la nouvelle plateforme de l’extension, est bâti en pierre sèche. Le mur est ancré dans la pente, traite le rapport au sol. La topographie est alors adaptée. Par rapport au niveau du terrain naturel, le mur s’élève largement, créant tel un totem, appelant le randonneur depuis l’accès en contre bas au sud-est.
L’intégralité des portails a été homogénéisée, suivant un dessin simple à barreaudage verticaux de section carrée positionnées à 45°. Un cadre fin vient refermer le portail dessinant en partie supérieur un détail permettant d’y glisser un élément de fermeture. Les portails sont réalisés en acier et laissés brut. Ils évolueront naturellement dans le temps.
La végétation existante a été conservée au maximum et étoffée. Les quelques sujets non transplantables ont été broyés et utilisés en paillis répandu sur les zones végétalisées du projet, le jardin des souvenirs. Les nouveaux arbres plantés grandiront et apporteront de l’ombre à l’extension.
Les essences plantées, tant pour les arbres que pour la végétation tapissante sont issus des essences présentes sur site, thym, romarin, lavande, … Les sensations olfactives de la garrigue sont renforcées. Le caractère végétal du site est préservé.
Ainsi, par son implantation et sa matérialité, le cimetière retrouve une accroche tellurique à la montagne et trouve tout naturellement sa place dans le site.
Construction
Le tracé du nouveau mur d’enceinte et de la matérialité du sol autour de l’existant, redresse l’orthogonalité du plan du cimetière originel. Les sols en stabilisé renforcé participent à la minéralité naturelle du site tout en facilitant l’accessibilité.
Bien que l’existant soit conservé, le mur au nord a été arasé afin de dégager la vue sur le grand paysage au sud. Ce mur a été décroûté de son enduit initial en mauvais état, puis bouchardé afin de lui redonner une homogénéité à moindre coût. Il s’accorde alors avec l’irrégularité de la texture de la pierre.
Deux bancs tels des blocs massifs horizontaux ont été réalisés en béton bouchardés. Ils sont positionnés symétriquement aux deux extrémités de l’extension. Ils permettent à la fois de se recueillir ou de profiter du grand paysage.
Toujours dans cette volonté de conservation d’un site, d’une ressource, d’une matière ; l’escalier d’accès à l’extension situé à l’est ainsi que les marches au cœur du cimetière sont construits en pierre de récupération.
L’ensemble des serrureries ont été reprises de sorte à confirmer le caractère unitaire de l’ensemble de cimetières.