Petit à petit, la question de l’énergie émerge dans l’univers de l’autoconsommation. Compte tenu de son prix, des enjeux environnementaux, n’est-il pas sage de la maîtriser autant que possible ? Chronique de l’intensité.
Le circuit court a la cote. Nous avons toujours plaisir à savoir que ce que nous consommons est le fruit du travail d’une entreprise locale, voire de notre propre jardin ou de notre atelier. Les fluctuations des prix des biens de consommation renforcent cette préférence pour les produits locaux, sans parler du besoin de réduire le volume des transports, pour économiser l’énergie.
Ne nous emballons pas pour autant, la plupart des produits que nous utilisons ne peuvent venir d’une activité locale, et le bilan environnemental de produits fabriqués en masse sera souvent meilleur, transport compris, que ceux issus de petites séries, économies d’échelle obligent.
Il n’empêche que la production locale sera toujours appréciée, qu’elle rapproche le consommateur du producteur, qu’elle provoque et entretient un sentiment d’appartenance à une communauté, pour le meilleur ou pour le pire. Il n’est de plus pas interdit de penser que la production à petite échelle ne puisse progresser et devenir plus performante, notamment grâce aux retours des consommateurs. Pas ou peu de perte en ligne, sur les produits comme sur la circulation de l’information.
Le circuit le plus court, et le plus intense, est l’autoconsommation, ou l’autoproduction, comme vous voudrez. Bref, produire ce que vous consommez, ou consommer ce que vous produisez. Une autonomie toute relative, le plus souvent, car l’ajustement est difficile au niveau personnel. Cela fonctionne mieux à plusieurs, il est alors question d’autoconsommation collective. Le potager est en tête d’affiche. Il contribue au pouvoir d’achat, à la biodiversité, au plaisir du jardinage malgré les contraintes qu’il impose. Il provoque des échanges et stimule la vie sociale, en plus de ses bienfaits matériels.
Petit à petit, la question de l’énergie émerge dans l’univers de l’autoconsommation. Compte tenu de son prix, des enjeux environnementaux, n’est-il pas sage de la maîtriser autant que possible ? Le bois-énergie en est une illustration parfaite : une ressource locale, des emplois locaux de bûcheronnage et de ramonage, un bilan carbone en apparence neutre (en apparence seulement, du fait du décalage entre le moment de combustion du bois et celui où le carbone émis sera repris par la photosynthèse), l’autonomie est à portée de main. Il faut juste acheter dans le commerce des inserts ou des poêles performants, pour économiser la ressource.
La source d’énergie en vogue, c’est le soleil. L’autoconsommation y progresse vivement, près de 80 % de hausse en un an, la hausse du prix de l’électricité aidant. Seulement 1 630 kW installés, ce n’est pas bien gros mais la courbe monte vite. L’obligation faite aux grandes surfaces et à tous les propriétaires de grands toits, comme les entreprises de logistique, de s’équiper de panneaux solaires ne va pas manquer de booster ce secteur, au profit des entreprises plutôt que des particuliers.
L’architecture et l’aménagement des quartiers et des villages, seront aussi mobilisés pour favoriser le captage des apports solaires. Pour les maîtres d’ouvrage, y compris les collectivités publiques, qui ne veulent pas investir, il y a des opérateurs qui le font pour elles, les formules juridiques et financières sont au point ! En autoconsommation collective, citons le mouvement des centrales villageoises, huit expériences lancées en 2010, 56 collectivités aujourd’hui, 10 MW installés. Une forme de mutualisation des toits, plus la participation des citoyens, des collectivités et des entreprises locales, une affaire qui marche.
L’autoconsommation est plus compliquée pour l’éolien, du fait de contraintes cumulées. Pas d’éolienne à moins de 500 m des habitations, mais les consommateurs, membres de communautés d’énergie renouvelable, ne devaient pas être à plus de 2 km les uns des autres. Pas facile, dans ces conditions, d’équilibrer production et consommation. Cette distance vient d’être portée à 10 km, voire 20 si tous les participants se situent exclusivement dans une ou plusieurs communes rurales (arrêté du 19 septembre 2023, JO du 7 octobre).
Il est trop tôt pour en voir les effets, mais voilà un verrou qui saute. Sinon, il y a toujours la possibilité de prendre des participations dans un parc d’éoliennes citoyennes mais ce n’est plus de l’autoconsommation à proprement parler.
Il reste, pour les fanas de l’autoconsommation, l’éolienne perso, que vous pouvez monter chez vous sans rien demander à personne si elle ne dépasse pas 12 m de haut. Mode d’emploi dans « Construire une éolienne », de Tristan Urtizberea (Ulmer Editions).
Dominique Bidou
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